CARRIÈRE – BENJAMIN ABITTAN, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CHÂTEAUFORM' : « LA NOTION DE VENTE N'EXISTE PAS AU SEIN DE NOS CHÂTEAUX »
Le dirigeant évoque les codes différenciants déployés par l'entreprise à mission, spécialiste de la création et de la gestion d'expériences collaborateurs.
CARRIÈRE – BENJAMIN ABITTAN, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CHÂTEAUFORM' : « LA NOTION DE VENTE N'EXISTE PAS AU SEIN DE NOS CHÂTEAUX »
Le dirigeant évoque les codes différenciants déployés par l'entreprise à mission, spécialiste de la création et de la gestion d'expériences collaborateurs.
Fondée en 1996 par Daniel Abittan, Châteauform repose sur une vision qui place l’humain au centre de chaque décision et de chaque action. Chez Châteauform, la transaction commerciale se meut en « chaleur ajoutée », et la pyramide se veut inversée. Un modèle qui fonctionne aussi bien dans ses maisons traditionnelles que via l'offre innovante "Inside", qui transforme les bureaux des clients en Châteauform’.
En harmonie avec la vision de son père, Benjamin Abittan, directeur généraldélégué de Châteauform, a repris les rênes de l’entreprise et s’est nourri de ses valeurs pour la transformer en entreprise à mission, dont la raison d’être est « d’insuffler de la « chaleur ajoutée » à chaque rencontre pour inspirer nos clients autant qu’ils nous inspirent et créer des rencontres respectueuses des hommes, des territoires et du vivant ».
La recette de Châteauform’ ? Proposer des espaces dédiés aux séminaires d’entreprises, avec une formule tout incluse. Reconnue pour ses établissements historiques en campagne, la société s’adapte pour proposer des expériences collaborateurs exceptionnelles.
Dans une interview accordée au Journal des Palaces, Benjamin Abittan évoque non seulement les piliers de cette entreprise à mission, mais il évoque également la façon dont Châteauform’ répond aux nouveaux besoins des entreprises.
Journal des Palaces : Quel est l’ADN de Châteauform ?
Benjamin Abittan : Châteauform’ s’est inspirée de l’histoire personnelle de mon père, Daniel Abittan, qui a fait 1000 métiers avec une seule conviction : l’entreprise doit servir les humains plutôt que de se servir d’eux.
Châteauform’ croît en la fertilité de la rencontre en entreprise et propose donc des lieux et des conditions très agréables pour se rassembler et ainsi permettre de laisser éclore le potentiel de chacun afin d’en faire bénéficier l’entièreté de l’entreprise.
Comment choisissez-vous vos équipes ? Quelles qualités sont les plus attendues dans le cadre de vos recrutements ?
Nous recrutons localement et sommes souvent l’employeur le plus important du village dans lequel nous sommes implantés. Ce recrutement est basé sur nos six valeurs : amour du client, loyauté et honnêteté, esprit de famille, audace et initiative, grandir et faire grandir, et performance.
Nous sélectionnons peu de personnes sur leur compétence particulière technique. En cuisine, la technique est forcément nécessaire, mais par exemple, pour le métier que nous appelons « hôte de table », qui correspond à un rôle de serveur, nous ne cherchons pas des maîtres d’hôtel.
Vous recrutez donc souvent des profils sans compétences techniques. Comment les accompagnez-vous pour devenir professionnels ?
Nous avons une université d'entreprise pour inculquer certaines compétences, mais nous croyons beaucoup à l'apprentissage sur le terrain. Nous avons des maisons-écoles, comme le Château de Faverges-de-la-Tour, où nos cuisiniers viennent se former auprès de la cheffe Mélanie Coca, qui leur partage notamment sa stratégie de gestion des menus, pour s’adapter à toutes les contraintes alimentaires... Nous offrons ensuite du temps à nos talents pour digérer et formaliser ce qu’ils ont appris dans nos maisons-écoles.
Par ailleurs, nous avons noué des partenariats avec des écoles de cuisine et des métiers de l'hôtellerie, comme Ferrandi. Nous sommes en discussion avec La Source Foodschool, qui forme une nouvelle génération d'excellence, qui propose un nouveau mode d'apprentissage.
Pourquoi les candidats postulent chez Châteauform plutôt que dans une hôtellerie traditionnelle ?
Nous avons adopté un système de management sous forme de pyramide inversée, qui encourage la confiance et responsabilise et valorise l’autonomie des talents. En pratique, les talents Châteauform’ ont tous les droits pour satisfaire le client, quel qu’en soit le coût et sans en demander la permission à quiconque. Un des avantages est que la notion de vente n’existe pas au sein de nos châteaux. Quand les participants arrivent, tout est déjà payé. Si un CEO est amateur de bon vin, nos talents peuvent lui offrir une bonne bouteille de notre cave. Nous cultivons donc le plaisir de recevoir, et comme il n’y a pas de transaction, c’est plus facile.
Par ailleurs, nos châteaux ont moins d'activité le week-end et durant les vacances. Les professionnels qui aiment leur métier, mais qui le trouvent fatiguant sur le plan familial et apprécient de profiter de trois semaines en août, potentiellement deux semaines à Noël… peuvent envisager une reconversion chez Châteauform’. Nos couples d’hôtes sont souvent issus du monde de l’hôtellerie-restauration et sont en quête d’une nouvelle expérience. Ils ont parfois déjà tenté l’aventure entrepreneuriale... Ils nous rejoignent, car ils apprécient l’aspect informel de notre culture, marié à notre recherche perpétuelle d'excellence.
Enfin, de nombreux talents reviennent après avoir quitté Châteauform’ pour tenter une nouvelle aventure. Nous avons d’ailleurs créé un club des alumni, que nous réunissons chaque année lors d’une grande fête.
Pourquoi vos clients choisissent un séjour chez Châteauform plutôt que la privatisation d’un hôtel ou d’un resort ?
Avec 70 maisons, en France et en Europe, en ville, au vert, avec ou sans hébergement, notre offre est large et correspond à de nombreux besoins. Par ailleurs, nos offres sont « tout compris » et le montant du devis est le même que celui de la facture.
Là où Châteauform’ se démarque le plus, c’est dans la création de « safe-spaces » psychologiques en cassant les codes. Dans nos maisons, nous tutoyons tout le monde et nous déconstruisons un peu la hiérarchie de l'entreprise. J’ai souvent des retours de participants du type : « C’était génial ! Mon patron faisait des mojitos à une heure du matin ».
Il s’agit de créer une alchimie entre les groupes. Pour cela, nous encourageons les organisateurs à prévoir du temps libre, car le nombre d'activités possibles dans les châteaux fait que l'ennui va provoquer la rencontre. Par exemple, un collaborateur du service IT va aller faire du vélo avec le patron de la finance. Les organisateurs ont tendance à surcharger les programmes quand ils prévoient des week-ends de team building, car ils ont peur de l'ennui.
Quels sont vos critères de choix pour implanter la marque Châteauform’ dans une propriété ?
La beauté des lieux n'est pas l'unique critère. La facilité d’accès au Châteauform’ depuis les gares, aéroports et centres d’affaires est primordiale, car les MICE organisent leurs déplacements différemment des pratiques du tourisme de loisirs. Aujourd’hui, toutes nos maisons sont accessibles en train, en France et dans les six pays limitrophes. Il est primordial d’offrir une proposition qui permette de se déplacer en réduisant le bilan carbone. Nous avons d’ailleurs été labellisés « Lead Venues » au Metropolitan en 2023, le premier label au monde pour les événements à ambition durable.
Enfin, nous réalisons des travaux dans chacune des propriétés que nous ouvrons, pour un investissement moyen de 20 à 25 millions d’euros. Nous recherchons donc des propriétaires capables de financer ces travaux, que nous remboursons ensuite sous forme de loyer.
Pourriez-vous évoquer les dernières actualités de Châteauform’ ?
Nous gérons de plus en plus les lieux de formation de nos clients, avec Châteauform’ Inside. Comme l’université d'entreprise Deloitte à Marne-la-Vallée, où 130 talents Châteauform’ œuvrent pour orchestrer et gérer à la fois le facility management pour le bâtiment, le F&B, le management et l'animation hors cours. C'est un Châteauform’ déplacé, où nous proposons une expérience collaborateur. Deloitte a investi 200 millions d'euros pour construire un campus de 25 000 m², avec 300 chambres et n’a plus qu’à s'occuper du contenu des formations.
Nous savons aussi proposer un modèle dans des budgets plus contraints, comme au sein du centre de formation de la SNCF à Saint-Priest, où le taux d'absentéisme aux formations a drastiquement chuté.
Quels sont vos projets en cours ?
Nous allons ouvrir trois nouveaux châteaux en Allemagne : à Berlin en février 2025, Francfort en septembre 2025 puis à Munich en janvier 2026. Nous avons choisi de densifier notre présence dans les pays dans lesquels nous sommes déjà implantés et s’ouvrir uniquement à ceux dans lesquels nous avons des équipes commerciales. C’est le cas en Angleterre, où notre équipe commerciale est présente depuis dix ans et où nous avons déjà des clients.
Enfin, nous poursuivons le développement de Châteauform’ Inside. Nous avons signé dix lieux dans les douze derniers mois.
Journaliste experte de l’hôtellerie de luxe et inspirée par les femmes et les hommes qui l'incarnent, Vanessa aspire à valoriser et sublimer la beauté et l’élégance des palaces à travers ses écrits. “Dans un palace, la simplicité sert la quête de l’excellence” admire-t-elle.