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BILAN DE L'ACTIVITÉ HÔTELIÈRE EN 2020 : APRÈS LE CHOC, UNE CONVALESCENCE QUI DURE

L’année 2020 a été exceptionnelle a bien des égards pour l’hôtellerie française, frappée de plein fouet par l’épidémie de COVID-19. Si les dynamiques ont beaucoup évolué selon les mois, les gammes et les territoires, quel bilan peut-on en tirer ?

BILAN DE L'ACTIVITÉ HÔTELIÈRE EN 2020 : APRÈS LE CHOC, UNE CONVALESCENCE QUI DURE

L’année 2020 a été exceptionnelle a bien des égards pour l’hôtellerie française, frappée de plein fouet par l’épidémie de COVID-19. Si les dynamiques ont beaucoup évolué selon les mois, les gammes et les territoires, quel bilan peut-on en tirer ?

Catégorie : Monde - Économie du secteur - Tendances, avis d'expert
Ceci est un communiqué de presse sélectionné par notre comité éditorial et mis en ligne gratuitement le 19-01-2021


Tout au long de l’année 2020, l’hôtellerie française a enregistré des niveaux d’activité très variables, avec des fluctuations qui ont logiquement suivi l’évolution de l’épidémie de la COVID-19 et de l’entrée en vigueur des mesures sanitaires prises par le gouvernement.

Si les dynamiques ont parfois brutalement changé d’un jour à l’autre, sur l’année complète différentes phases majeures se détachent :

- Le secteur avait démarré l’exercice 2020 sur une bonne dynamique, avec un Revenu par chambre disponible toujours en croissance (+3,5% en janvier et +0,7% en février, par rapport aux mêmes mois pour 2019), et un taux d’ouverture ainsi qu’un prix moyen stables. L’activité profitait encore des retombées d’une année 2019 faste pour l’hôtellerie en termes d’activité, de résultats fi nanciers et d’investissements.
- Puis a débuté une phase d’arrêt brutal de l’industrie, survenue à la suite de l’annonce du premier confinement à l’échelle nationale le 16 Mars. L’effet est immédiat puisque le taux d’ouverture des hôtels chute à 23% en Avril, entraînant avec lui le RevPAR qui atteint un plus bas historique (-96,5%). Cet état de léthargie s’est prolongé jusqu’au mois de Mai et la réouverture progressive du territoire.
- Grâce à la reprise des déplacements au début de l’été, l’activité a enclenché une reprise. L’ouverture des régions au tourisme domestique a permis de redonner de l’air aux hôtels, notamment à ceux des littoraux pour lesquels la saison estivale est vitale. Grâce à cette dynamique de rebond qui a accéléré au cours de l’été, le RevPAR est revenu à une perte de « seulement » 35,3% dès le mois d’Août, et bien moins encore dans les 85% d’hôtels qui avaient alors rouvert.
- Cependant, dès la rentrée, en raison de la situation économique, du recours massif au télétravail et des limitations de déplacement pour des évènements ou rendez-vous d’affaires, l’activité hôtelière a rechuté (-59,4% en septembre, -62,7% en octobre), sous l’effet du manque de clientèle business
- Enfin, l’annonce du second confinement le 28 Octobre a mis fin aux espoirs de reprise en 2020. En l’absence de clients, les hôtels ont subi une 2e vague de mise à l’arrêt : même si les hôtels ont généralement choisi de rester ouverts (1/4 refermant de manière permanente), le revenu par chambre a de nouveau plongé de 82% en novembre puis de -73,4% en décembre. Le secteur a donc fi ni l’année dans un contexte toujours fortement marqué par la crise sanitaire.

Mais tous les hôtels ne sont pas logés à la même enseigne : en fonction de leur gamme, ils ont été plus ou moins affectés par la crise sanitaire et économique de 2020. Celle-ci a une nouvelle fois montré la résilience plus forte des segments économiques relativement aux gammes supérieures.

En effet, l’activité de ces dernières repose bien plus sur la clientèle internationale (notamment long-courrier), sur les salons & congrès… En l’absence de ces habituels moteurs de demande, la majorité des établissements haut de gamme & luxe se sont donc retrouvés contraints de fermer : seulement 8% d’entre eux étaient ouverts en avril, 39% en novembre, et près d’1/5e du parc n’a même jamais rouvert dans l’année, faute d’activité.

A l’inverse, les segments super-économiques et économiques sont traditionnellement les plus résilients en temps de crise, et celle de la COVID-19 ne fait pas exception (même si l’ampleur des baisses d’activité y reste considérable) :

D’une part, les hôtels budget et économiques ont été plus nombreux à être restés ouverts tout au long de l’année, y compris parfois au cœur des périodes de confinement, pour loger des travailleurs en « première ligne » de la lutte contre l’épidémie (personnels de santé, clientèles du transport / de la logistique…) et/ou des publics spécifiques (familles de malades, patients en quatorzaine, mal-logés…).

D’autre part, leur activité a rebondi plus rapidement, de concert avec le retour de la demande d’affaires de secteurs-clés, comme par exemple le BTP dès que les chantiers ont pu reprendre, et avec le retour des déplacements loisirs des français pour les week-ends et vacances passés dans l’Hexagone.

Cela a donc permis aux hôtels d’entrée de gamme d’amortir en partie la chute considérable du chiffre d’affaires sur l’année. Celle-ci s’élève tout de même à -43,5% en hôtellerie budget et à -54,2% en hôtellerie économique. L’hôtellerie moyen de gamme (-62,2%) est proche de la moyenne, tandis que les hôtels haut de gamme & luxe ont eux plongé, perdant les ¾ (-73,7%) de leur chiffre d’affaires.

De la même manière, tous les territoires n’ont pas subi la pandémie de façon équivalente.

L’Ile de France, poids lourd à l’échelle nationale puisqu’elle représente en temps normal pas moins de 38% du chiffre d’affaires de l’hôtellerie française, enregistre la plus lourde perte (-72,8%) en 2020. Paris et l’Ile de France, dont la clientèle est très tournée vers le tourisme d’affaires et la clientèle internationale, ont vu leur RevPAR chuter plus fortement (-77,8% à Paris et -64,7% en Ile de France hors Paris) du fait du ralentissement de l’économie et de l’absence de mobilité.

A l’inverse, la Province s’est montrée beaucoup plus résiliente que l’Ile-de-France et la capitale. En effet, les régions ont pu profiter de la taille significative du marché domestique français pour maintenir un certain seuil d’activité, notamment au cours de l’été et dans une moindre mesure à la rentrée.

Pour autant, les différences sont aussi significatives entre régions. Le fait que la région PACA n’a pas pu compter sur sa clientèle étrangère habituellement très importante en fait la 2e région la plus affectée en termes de recul de chiffre d’affaires annuel (-59,6%). Elle est suivie par le Grand-Est (-56,2%) qui a pâti de l’arrivée plus précoce et intense de l’épidémie de COVID-19, des annulations de congrès et/ou déplacements (notamment ceux usuellement liés à l’activité du Parlement européen de Strasbourg), ou encore des marchés de Noël en fin d’année. Auvergne-Rhône-Alpes, également un marché-clé pour l’hôtellerie française (12% du CA annuel, comme PACA) clôt le podium avec un recul de -51,1%, et a déjà engagé 2021 sur des bases difficiles entre annulation des évènements d’affaires dans ses grandes villes et fermeture des remontées mécaniques dans les Alpes.

A l’inverse, certaines régions dont l’exposition à la demande internationale est habituellement plus limitée ont mieux résisté à la chute générale, à l’image de la région Centre-Val de Loire (-44,1%). Mais ce sont les régions Pays de la Loire (-43%) et Bretagne (-41,7%) qui signent la « meilleure » performance de l’année, soutenue notamment par l’activité des hôtels de leurs littoraux.

Car la saison d’été, marquée par de nombreuses réouvertures d’hôtels et une demande domestique importante, s’est montrée salvatrice pour les stations littorales. C’est aussi valable sur la côte méditerranéenne, où le regain de fréquentation a légèrement atténué l’impact du manque de clientèle étrangère. Mais c’est surtout le littoral Ouest, de la façade Atlantique à la Bretagne, qui ressort clairement comme l’ancre d’une hôtellerie française qui a traversé la tempête en 2020, avec des taux d’occupation revenus au-dessus des 80% dès le mois d’août et qui étaient encore supérieurs à 50% au mois d’octobre :

De manière générale, en raison de la nature de leur clientèle, de l’impact du recul du trafic aérien et de l’annulation d’évènements (congrès, salons…), les grandes métropoles ont vu leur RevPAR fortement chuter en 2020, à l’image de Paris (-73,1%), Nice/Cannes (-68,4%), Strasbourg (-69,4%), Lyon (-59,3%) ou encore Bordeaux (-58,6%).

A l’inverse, les agglomérations secondaires, moins exposées à la demande internationale et/ou au marché haut de gamme & luxe, ont mieux résisté. La palme revient tout particulièrement aux villes hébergeant des ports et/ou chantiers navals, comme La Rochelle par exemple (-32,1%), où le revenu par chambre disponible a même pu augmenter à certains périodes avec le retour au port de nombreux paquebots mis en réparation pendant cette période d’inactivité et/ou avec la mise en quarantaine à terre d’équipages.

Portée par l’importance de son marché intérieur (clientèle domestique), par ses littoraux et son tissu de villes moyennes où l’activité hôtelière a mieux résisté, la France se positionne comme le pays le plus résilient du continent européen. On pourrait là aussi parler de tandem franco-allemand, puisque les deux pays signent les baisses les plus modérées : -61,3% en France, -63,8% en Allemagne.

A l’inverse, les pays européens les plus dépendants de la clientèle internationale ont été particulièrement touchées par la crise avec un RevPAR qui chute de 75,2% pour l’Espagne, 77,4%% pour la Grèce, et jusqu’à 80,4% en Hongrie et 83,3% en Tchéquie, les plus fortes baisses du continent.

Ainsi, la perte d’activité hôtelière en 2020 n’apparaît pas directement corrélée à la gravité de la situation sanitaire nationale ou locale, mais bien à l’exposition des marchés hôteliers à la demande internationale. Les pays disposant d’un marché domestique important comme la France (où 64,8% de nuitées sont générées par les touristes nationaux) ou l’Allemagne (76,3% de touristes nationaux) ont ainsi souffert d’un recul d’activité relativement moins important que des pays comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal.

Mais d’autres facteurs sont également déterminants à l’échelle locale ou nationale. En effet, l’hôtellerie s’inscrit dans un écosystème élargi d’interdépendance avec d’autres secteurs, comme celui des transports (aérien, rail, réseaux urbains…), de la culture, de l’évènementiel (d’affaires comme de loisirs) ou bien sûr de la restauration.

Par exemple, les 20 premières villes européennes au classement ICCA des principales destinations de congrès en 2019 ont vu leur chiffre d’affaires chuter de 79,4% en moyenne sur l’année 2020, traduisant l’impact majeur de l’absence d’évènementiel sur l’hôtellerie.

La situation exceptionnelle vécue par Marseille, première ville à l’avoir « expérimenté » dès le mois de septembre, permet aussi de cerner l’impact d’un couvre-feu qui s’était durci jusqu’à aboutir à une fermeture des restaurants :
Alors que partout ailleurs la France circulait encore normalement, le couvre-feu puis la fermeture des restaurants avaient à eux seuls effacé près d’1/5e des revenus par chambre, comme l’illustre l’écart qui était alors apparu entre Marseille et la moyenne de Province. Ce constat retarde d’ailleurs encore les perspectives de reprise attendues par les professionnels hôteliers en 2021, compte tenu de l’application fin janvier à l’échelle nationale d’un couvre-feu à partir de 18h.

Cependant, à l’exception notable des stations de montagne où le 1er trimestre est clef pour l’activité annuelle, ailleurs et à l’échelle nationale les premiers mois de l’année ne sont pas les plus déterminants dans l’activité touristique et hôtelière :

Ainsi, à l’échelle nationale c’est plutôt la période de mars à octobre qui est importante pour les professionnels hôteliers. D’ici là, début 2021 il leur faudra prendre patience et s’appuyer sur les dispositifs maintenant établis (chômage partiel, PGE) ou récemment annoncés par le gouvernement, à l’image de la prise en charge à 70% des frais fixes.

Vanguélis Panayotis, CEO de MKG Consulting, commente : « Tous les professionnels de l’hospitality ont été soulagés de tourner la page de 2020, une année qui restera gravée dans nos mémoires collectives. Devoir fermer les portes de nos hôtels, enregistrer une baisse d’activité d’une telle ampleur, ce sont des évènements sans précédent ! Mais s’il nous faut aujourd’hui faire face collectivement pour surmonter dans les prochaines semaines cette crise existentielle, il ne faut pas perdre de vue que les fondamentaux de moyen et long terme restent solidement ancrés, et offrent au secteur des espoirs de reprise. D’ailleurs, l’activité hôtelière a toujours montré sa capacité à rebondir rapidement après des interruptions brutales de son activité, comme tout près de nous après le choc des attentats terroristes à Paris en 2015. »

Au demeurant, la crise de la COVID-19, à rebours d’une crise économique et fi nancière comme celle de 2008, a en réalité généré un excédent d’épargne auprès des ménages. Cette ressource supplémentaire disponible, associée à l’irrépressible envie de voyager après de longues périodes de restriction des déplacements, donne donc à espérer aux professionnels du secteur.

Mais à l’heure où une course mondiale est engagée entre campagnes de vaccination et propagation de nouveaux variants, tout l’enjeu de 2021 sera de déterminer quand cette reprise pourra s’engager.



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