Le Journal des Palaces

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INTERVIEW - CHRISTOPHE WIELGOSIK, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'HOSTELLERIE BRIQUETERIE & SPA : « DANS LE PERSONNEL, LA SEULE CHOSE QUE L'ON NE PEUT PAS CHANGER, C'EST LE COMPORTEMENT HUMAIN » (France)

Pilier central de la nouvelle Briqueterie, qui vient de rouvrir après deux mois de travaux, Christophe Wielgosik veut donner un second souffle à l’établissement, avec une vision claire de l’avenir.

INTERVIEW - CHRISTOPHE WIELGOSIK, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'HOSTELLERIE BRIQUETERIE & SPA : « DANS LE PERSONNEL, LA SEULE CHOSE QUE L'ON NE PEUT PAS CHANGER, C'EST LE COMPORTEMENT HUMAIN » (France)

Pilier central de la nouvelle Briqueterie, qui vient de rouvrir après deux mois de travaux, Christophe Wielgosik veut donner un second souffle à l’établissement, avec une vision claire de l’avenir.

Catégorie : Europe - France - Économie du secteur - Carrières - Interviews et portraits - Rénovation ou nouveauté dans un établissement Recrutement, emploi, formation - Interviews
Interview réalisé par Romane Le Royer le 28-05-2024


Christophe Wielgosik, directeur général de l'Hostellerie Briqueterie & Spa

Christophe Wielgosik, directeur général de l'Hostellerie Briqueterie & Spa
Crédit photo © Bruno Cohen / Hostellerie Briqueterie & Spa

« Fidélité ». C’est par ce mot que Christophe Wielgosik décrit sa longue carrière dans le milieu de l’hôtellerie-restauration. Avec le rachat de l’Hostellerie Briqueterie & Spa de Vinay par Beauvallon Collection en septembre 2023, celui qui était jusqu’alors directeur adjoint de l’établissement devient maitre de maison du Relais & Châteaux cinq étoiles. L’hôtel de 40 clés vient d’être rénové, et propose à ses clients un moment luxueux au calme de la campagne champenoise.

Christophe Wielgosik est pourtant un habitué des gros hôtels : après quelques années en Écosse, il entame sa carrière au sein du groupe Concorde, au Château Hôtel Mont Royal Chantilly, comme maitre d’hôtel, puis au Lutetia à Paris, en qualité de directeur du restaurant gastronomique. Il rejoint ensuite Starwood Hotels & Resorts au, Sheraton Roissy Charles de Gaulle, en tant que directeur de la restauration, pendant 18 ans. Après un passage au Miramar Crouesty (devenu Miramar La Cigale, NDLR), à Arzon, où il dirige l’hôtel au moment du rachat par l’Émir du Qatar, et pendant les travaux de rénovation, il effectue un bref retour à Chantilly, au Dolce. Il quitte finalement l’Oise pour la Marne, en 2022, il s’établit à l’Hostellerie La Briqueterie & Spa, en tant que directeur adjoint, au côté d’Alix Philipon, alors propriétaire.

Aujourd’hui entouré d’Amaury Rostagnat et de Lucie Brindjonc, partenaires à la tête de Beauvallon Collection, Christophe Wielgosik veut prendre son temps avec la Briqueterie, alors que l’hôtel a fait l’objet d’une fermeture durant deux mois pour grands travaux. Après une ouverture partielle fin mars, l’Hostellerie a inauguré, lundi 27 mai, un spa-hammam et une piscine intérieure flambant neufs, ainsi que la totalité de ses 40 chambres.

À l’occasion de cette réouverture Christophe Wielgosik a reçu le Journal des Palaces pour évoquer le renouveau de cet établissement champenois emblématique, mais également pour aborder les thématiques de recrutement et de management des équipes. Deux sujets qui ont fait l’objet de multiples évolutions dans le secteur.

Journal des Palaces : Qu’est-ce que vos longues années d’expérience dans la restauration vous apportent en tant que maitre de maison de l’Hostellerie ?

Christophe Wielgosik : En dehors de mon passage au Miramar, où j’ai dirigé l’hôtel pendant deux ans, j’ai fait quasiment fait toute ma carrière en tant que directeur de restauration dans de grosses structures, c’est en quelque sorte mon domaine d’expertise. Ici, pas de copié-collé. J’emmène mon expérience de groupe, des techniques, des philosophies de gestion et de management dans une entreprise comme La Briqueterie, qui ne compte que 40 chambres et 45 employés, afin de les développer. Si je prends l’exemple de la Briqueterie, ce sont des locaux qui n’ont pas forcément connu autre chose que la région et qui ne peuvent pas être adeptes de différentes philosophies de travail. Je travaille avec le comportement humain, et non dans la technique. Je recrute uniquement dans une optique comportementale, j’analyse le comportement des candidats et leur technicité vient en second lieu. Vous pouvez faire ce que vous voulez, investir beaucoup d’argent, si vous n’avez pas le personnel qui est en adéquation avec votre projet, vous ne ferez rien. Dans le personnel, la seule chose que l’on ne peut pas changer, c’est le comportement humain. Donc je travaille avec des « orientations mentales », qui placent mes équipes dans un ennéagramme (NDLR : un outil de classement des personnalités selon neuf types différents). Ce que l’on demande souvent à un responsable ou un chef de service, c’est de diriger les gens. Mais, pour diriger les gens, il faut se connaitre soi-même.

C’est-à-dire ?

Il faut commencer par la base : quel est votre style de management, comment vous vous placez vous-mêmes dans l’ennéagramme, quel est votre comportement… Avec cette base, vous pouvez diriger les gens et exprimer de l’empathie envers les employés, qui sont d’ailleurs pour moi des clients internes plus que des employés. C’est beaucoup plus simple de travailler dans cet ordre. Dans le monde du travail, aujourd’hui, si nous cherchions uniquement des personnes sortant d’école hôtelière, qui parlent trois langues et qui se prédestinent aux étoiles Michelin, nous n’aurions pas beaucoup de candidats. Je pars du principe que, moi, ce qui m’intéresse, c’est quelqu’un qui a un comportement positif et qui a envie de travailler. J’ai des gens très expérimentés qui vont leur transmettre leur savoir : mon chef hôtelier est une encyclopédie vinicole, il va mentorer un jeune qui a l’envie pour le former. De même, mon chef de salle a 35 ans de métier, il est là pour transmettre son savoir : comment prendre une commande, servir, etc. Si la personne que l’on embauche n’a pas une bonne attitude vis-à-vis de cela, cela ne sert à rien.

La Briqueterie a été rachetée par Beauvallon en septembre, quels changements ont été opérés ?

J’ai retrouvé avec Beauvallon, et en particulier avec Lucie Brindjonc, aujourd’hui directrice associée et maître de maison du deuxième hôtel du groupe, à Beaune, une structure et une philosophie communes, puisque nous sommes tous les deux issus du groupe Starwood Hotels & Resorts Worldwide : moi, au Sheraton Roissy Charles De Gaulle et elle, au Trianon Palace. Il y a maintenant une vraie stratégie, nous savons où nous allons. Il est important de pouvoir diriger et emmener ses équipes, qu’elles sachent où nous allons aller, comment et avec qui. Le projet a été exposé à tous, tout le monde est au courant de nos intentions, de ce que nous voulons faire et en combien de temps. Nous voulons monter marche après marche, et nous irons chercher ce que nous devons aller chercher, selon nos propres objectifs, clairs et fixés pour la fin de l’année.

Vous avez donc cette réelle volonté de prendre le temps qu’il faut avec La Briqueterie pour bien faire les choses ?

Complètement. Cela va avec toute la philosophie du groupe Beauvallon : l’engagement. Quand je recrute une personne, c’est pour qu’il s’engage vraiment, et non pas pour deux semaines ou un mois. C’est important : nous voulons pouvoir construire, mais nous ne pouvons pas construire en un mois. Il faut former les personnes, les « badigeonner » à notre sauce. Il nous faut leur inculquer la philosophie du groupe.

Quelle part vous et vos équipes avez-vous pris dans les rénovations ?

Amaury Rostagnat a toujours été clair à ce sujet : tous les plans qui ont été fait par l’architecte nous ont été transmis. Chaque employé a eu connaissance du plan et c’est nous qui devions le valider, avant même Monsieur Rostagnat. Si nous estimions que quelque chose n’allait pas, nous avions le droit de le dire et de faire changer les choses. Il y a une transparence totale entre les propriétaires, la direction et les employés. C’est la première fois que je vois cela : des propriétaires qui sont à l’écoute, parce qu’ils partent du principe que c’est nous qui allons travailler au milieu des aménagements. Si vous bâtissez quelque chose qui n’est pas fonctionnel, il y aura un souci au niveau du travail, et nos propriétaires l’ont bien compris.

Quel type de clientèle accueille La Briqueterie ?

Ce sont deux clientèles bien distinctes, et aucune ne doit être négligée, à mon sens. La clientèle du weekend, composée à 50 % de clients étrangers européens, notamment des Anglo-saxons et des belges, puisque nous sommes sur l’« autoroute des Anglais ». Mais également beaucoup de clients parisiens, car nous sommes à moins de deux heures de Paris.
Mais nous avons aussi besoin des locaux en semaine. Nous souhaitons que les maisons de champagne viennent faire leurs repas d’affaires avec leurs clients au restaurant de La Briqueterie. Pour redevenir une institution locale, il faut accepter le local, ce qui n’a pas forcément été fait depuis des années. C’est pourquoi, je suis allé pendant les mois de fermeture dans les maisons de champagne, pour représenter notre hôtel, parler des travaux effectués et de ce qui est mis en place : il faut que nous adaptions aussi notre offre à ce que les maisons de champagne attendent. Nous avons réintroduit un menu bistronomique à 49€, parce que c’est ce que nos clients recherchent, avant tout pour des questions de budget.

Quelles activités proposez-vous à votre clientèle, à l’hôtel et dans les environs champenois ?

La Briqueterie propose un spa et un hammam, une piscine intérieure et une salle fitness, qui ont été entièrement remis à neuf. Notre objectif pour 2025, pour l’instant seulement en discussion, est de construire une piscine extérieure, un court de tennis et de padel. Nous proposons également des excursions, puisque nous avons des partenariats avec les maisons de champagne. L’objectif le travail de la réception, ainsi que de mon directeur d’hébergement, Kingsley Apollon, est d’avoir une vraie interaction avec les clients pour savoir exactement ce qu’ils souhaitent faire durant leur séjour parmi nous : ont-ils des enfants, désirent-ils faire ou non des excursions… Soit le client s’occupe lui-même de ses réservations, soit nous programmons des tours en 4L dans les vignobles, incluant un repas. Nous organisons aussi des excursions à Reims. Toutefois, l’Hostellerie La Briqueterie demeure aujourd’hui avant tout une destination d’œnotourisme.

Comment les travaux de l’hôtel ont-ils permis la mise complète d’un dispositif RSE ?

La Briqueterie était jusque-là chauffée au fioul. Nous l’avons supprimé. Nous avons aussi opté pour une climatisation réversible dans toutes les chambres et des pompes à chaleur dans le reste de l’hôtel. Côté tri, tous nos déchets végétaux sont déposés à Rethel, près de Reims par la société Agricyclage qui les récupère pour en faire du gaz. Les déchets restants deviennent du compost, redistribué aux agriculteurs environnants. Nous évoluons en circuit fermé, l’objectif étant de passer Clé Verte. Nous sommes en train d’étudier les mesures à prendre pour évoluer en autarcie énergétique, pour tout garder en interne et en faire du compost pour le jardinier. Le papier est recyclé, toutes nos archives et nos cartons le sont également. Ainsi, nous n’avons presque plus d’ordures ménagères : tout est recyclé. Pour l’alimentaire, nos fournisseurs sont de plus en plus locaux, certains produits proviennent de notre propre potager, comme les herbes : menthe, citronnelle, verveine, etc. Nos futures cartes indiqueront même la provenance et le fournisseur exacts des produits de nos assiettes.

Quel est le conseil que vous donneriez à un jeune qui souhaite faire carrière dans le secteur de l’hôtellerie ou de la restauration de luxe ?

Le seul vrai conseil que je pourrais lui donner, c’est d’avoir une philosophie. L’hôtellerie-restauration est un monde relativement vaste, il y a de place pour tous : il y a ceux qui veulent faire de la brasserie, ceux qui souhaitent s’orienter vers la gastronomie, du quatre étoiles, du bistrot… Nous recherchons des gens qui ont l’envie, qui veulent travailler. Le manque d’expérience n’est pas important, ce n’est plus un critère. Le premier critère, c’est de savoir si le jeune en question veut travailler, s’il est motivé, s’il a envie d’apprendre. Moi, je ne prends pas en compte l’ancienneté. Cela ne m’intéresse pas. Être là depuis 10 ans ne veut pas dire que le poste vous revient de droit. C’est un super métier, avec des contraintes : nous travaillons le soir, nous travaillons pendant les coupures. Il faut aimer ce métier. Si vous ne l’aimez pas, quittez-le tout de suite.

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A propos de l'auteur

Jeune journaliste, Romane s'épanouit dans le secteur de l'hôtellerie de luxe et ultra-luxe et ses lieux exclusifs, mais aussi ses acteurs dont elle apprécie l'excellence, le sens du service et le sourire quotidien.

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