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TAKAMICHI OKUDA, PDG DE NAKAYO-SHI ET ARTISAN, OMISSEY : « SI LA VAISSELLE EN BAMBOU NE DEVIENT PAS LA NORME, IL SERA IMPOSSIBLE DE CHANGER L'ENVIRONNEMENT » (France)

Amoureux du Japon et de sa culture, Pascal Aubert et Omissey ont pour mission de promouvoir le savoir-faire des artisans nippons, comme Takamichi Okuda, et leur engagement profond en matière d’écoresponsabilité à destination des hôteliers.

TAKAMICHI OKUDA, PDG DE NAKAYO-SHI ET ARTISAN, OMISSEY : « SI LA VAISSELLE EN BAMBOU NE DEVIENT PAS LA NORME, IL SERA IMPOSSIBLE DE CHANGER L'ENVIRONNEMENT » (France)

Amoureux du Japon et de sa culture, Pascal Aubert et Omissey ont pour mission de promouvoir le savoir-faire des artisans nippons, comme Takamichi Okuda, et leur engagement profond en matière d’écoresponsabilité à destination des hôteliers.

Catégorie : Europe - France - Interviews et portraits - Produits et Fournisseurs - Fournisseurs - Interviews
Interview de Christopher Buet le 14-12-2023


Le Japon est une terre de paradoxe, un pays schizophrénique pris entre son appétit de modernité et son ancrage ancestral où se mêle philosophie et respect profond de la nature et des traditions. Une dualité parfaitement illustrée par sa capitale Tokyo, mégalopole tentaculaire, offrant un horizon de béton, de verre et de lumière à perte de vue, mais bordée par l’océan Pacifique et parsemée de jardins et de temples convoquant la riche histoire de l’empire. Cette histoire, le Japon l’a cultivée et chérie, entretenant la sagesse des générations passée et ses savoir-faire immémoriaux.

Travail du métal et du bois, coutellerie, soierie, origami, porcelaine, verrerie et on en passe, l’artisanat japonais foisonne et se distingue par sa qualité, sa sensibilité, sa finesse et sa précision. Un artisanat unique dont Pascal Aubert tombe amoureux au fil de ses voyages dans l’archipel. Plus que tout, ce sont l’engagement et la philosophie derrière qui le séduisent. Au Japon, l’art est affaire de convictions. S’appuyant sur sa fille qui vit à Tokyo, il part à la rencontre d’artisans disséminés à travers le Japon avec l’idée de faire connaître leur travail unique en distribuant leurs œuvres et fonde Omissey.

Il sélectionne alors quelques artisans dont les réalisations incarnent, à ses yeux, la culture, la tradition et les coutumes locales japonaises, tout en répondant à une démarche vertueuse. Omissey se veut un pont entre les cultures, mais aussi le promoteur d’une consommation durable et raisonnée, à l’image de sa collection de vaisselle en bambou, nommée Riveret. Avec ses lignes épurées lui conférant une esthétique remarquable, cette gamme réalisée entièrement à la main témoigne du soin des artisans promus par Omissey et répond aux exigences les plus élevées avec notamment l’application d’un revêtement spécial qui pénètre le bois et l’empêche ainsi de changer de couleur ou de se tâcher, permettant une utilisation similaire à des produits en verre ou céramique.

Beauté, durabilité, transmission, mais aussi ludisme à travers des produits destinés aux enfants aussi, autant d’engagements qui tiennent à cœur à Pascal Aubert qui a pris le temps de l’exposer au Journal des Palaces, invitant dans l’échange un de ses artisans,Takamichi Okuda, à la tête de sa propre entreprise Nakayo-shi. Une conversation sincère autour de l’art et la manière de faire ainsi que le rapport aux éléments et le respect de l’environnement.

Journal des Palaces : Pourriez-vous présentez en quelques mots Omissey et son histoire ?

Pascal Aubert : Omissey est née de notre rencontre avec le Japon, il y a un peu plus de 10 ans maintenant. Ma fille, vivant et travaillant à Tokyo, a rencontré à titre professionnel et personnel des artisans des différentes régions. Ces artisans, chacun expert dans son domaine depuis des générations, ont toujours eu envie de partager la culture japonaise au travers de leurs réalisations. Pour nombreux d'entre eux, la France transmet une image de raffinement susceptible d'apprécier ces produits de haute qualité. Omissey est ainsi le trait d'union entre ces artisans (qui ne vendent pas à l'étranger aujourd'hui pour certains) et la France où l'exception a encore sa place.

Mes différents voyages au Japon ont également fini de me convaincre de la richesse et de la qualité de l'artisanat japonais, ainsi que sa philosophie.

Omissey a créé une gamme de vaisselle entièrement faite en bambou. Pourquoi ce choix ? Quels sont les avantages d’une telle matière ?

Takamichi Okuda : À la recherche d'un matériau qui protège l'environnement naturel et qui peut être utilisé en permanence avec un approvisionnement stable, nous avons trouvé la réponse dans l'utilisation du "bambou". Le bambou pousse 10 à 20 fois plus vite que le bois d'œuvre ordinaire et ne nécessite pas l'utilisation de pesticides ou d'engrais chimiques pour accélérer sa croissance.

Le bambou pousse également par sa propre tige souterraine, de sorte qu'il n'est pas nécessaire de procéder à un reboisement ou à une déforestation excessive, qui peuvent avoir un impact négatif sur l'écosystème.
Il est une ressource naturelle qui peut être utilisée de manière efficace et répétée sur une surface minimale. Nous pensons que l'utilisation généralisée de la vaisselle en bambou, quel que soit le pays ou la culture, protégera l'environnement naturel et enrichira les modes de vie futurs.

Quels ont été les défis pour créer une collection tout en bambou ?

Takamichi Okuda : Le bambou, qui est plus de deux fois plus résistant que le bois ordinaire, est extrêmement difficile à scier et à raser. Nous avons commencé la recherche et le développement en 1988, et à examiner le bambou dès la phase de croissance.

Grâce à divers processus d'essais et d'erreurs, il est devenu possible de créer les belles lignes et les formes délicates que nous voyons aujourd'hui. C'est aussi grâce au savoir-faire déjà présent que le travail du bambou a été rendu possible.

Cette démarche végétale s’inscrit-elle dans un désir de diminuer votre impact environnemental et de proposer une vaisselle aussi luxueuse que vertueuse ?

Takamichi Okuda : Si elle ne se répand pas dans le monde entier, elle n'a pas de sens. Si la vaisselle en bambou ne devient pas la norme, il sera impossible de changer l'environnement. Notre mission est de développer une vaisselle qui soit non seulement respectueuse de l'environnement, mais aussi suffisamment pratique pour être utilisée en toute sécurité dans la vie de tous les jours et conçue de manière à ce que les gens la choisissent comme cadeau.

Le processus de fabrication de cette vaisselle est conforme aux aspects environnementaux des Objectifs de Développement Durable (12 : Consommation et production responsables, 13 : Action pour le climat, et 15 : Vie sur terre), et l'utilisation de cette vaisselle conduira à des "efforts pouvant être mis en œuvre dans la vie quotidienne" pour les utilisateurs et la société. Nous pensons que ces activités, qui mèneront le monde des "éco-produits" à l'avenir, méritent d'être reconnues.

Parmi vos meilleures ventes, on retrouve une assiette en bois pour enfant qui peut s’assembler et se désassembler façon puzzle. Pourquoi vous adresserdirectement aux enfants avec ce produit ?

Pascal Aubert : Nous nous sommes demandés si nous pouvions faire quelque chose en matière de vaisselle pour aider les enfants dans leurs premières années, lorsqu'ils ont du mal à se concentrer sur leurs repas, qu'ils manquent d'intérêt et qu'ils sont pointilleux sur ce qu'ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas.

Nous avons conçu une assiette en forme de puzzle qui peut être disposée de différentes manières pour permettre aux enfants de manger librement et avec plaisir. Les assiettes en forme de puzzle stimulent l'imagination et la créativité, et augmentent l'intérêt pour la nourriture. Les yeux des enfants apprennent des choses par de petits changements. La vaisselle qui combine à la fois l'éducation alimentaire et intellectuelle fait partie des souvenirs d'enfance.

Tous vos produits sont réalisés au Japon. Pourquoi tout produire là-bas et en quoi l’artisanat japonais est-il unique ?

Pascal Aubert : Notre objectif était de créer une vaisselle en matériaux naturels qui soit délicatement fine, résistante, lavable au lave-vaisselle, qui repousse l'huile et évite les taches de couleur. Ces caractéristiques sont difficiles à obtenir sans les compétences d'un maître artisan et nécessitent des techniques de traitement uniques nées d'idées nouvelles. Cela n'est possible qu'au Japon, un pays qui connaît depuis longtemps les produits du travail du bois.

C'est précisément grâce à l'esprit délicat et méticuleux du "monozukuri" japonais (fabrication) qu'un système de production de masse stable peut être mis en place tout en maintenant la qualité.

Notre force réside dans la gestion interne intégrée, depuis la conception et la culture des matériaux jusqu'à l'expédition au client, en passant par le sciage et la fabrication.

Comment avez-vous choisi les artisans avec qui vous collaborez ? Que vous apporte-t-il en termes de technicité et de philosophie de travail ?

Pascal Aubert : Dès le départ, notre volonté était de trouver des produits de grande qualité et qui raconte une histoire. C'est donc naturellement vers des artisans qui réalisent des produits spécifiques que nous nous sommes tournés. De plus, ces artisans sont les héritiers de savoir-faire très anciens, transmis de génération en génération ou de savoir-faire acquis avec le temps. Le temps au Japon est une notion indissociable de la haute qualité. Pour un Japonais, le délai pour obtenir un produit de qualité n'est pas négociable, il faut un certain temps...

Il faut savoir que certains de ces artisans ne vendaient pas en dehors du Japon et qu'il a fallu nous faire connaître et donner toutes les garanties que nous allions bien transmettre leurs valeurs avec tout le respect attendu. La confiance avec l'artisan japonais n'est pas induite, il faut la mériter et être patient.
Nous souhaitons surtout insister sur la qualité du matériau et du travail réalisé par rapport à des produits en gros volume et à faible coût. La rigueur et le travail méticuleux au Japon n'est plus à démontrer.

Quelle réflexion avez-vous concernant le choix des matières ?

Pascal Aubert : Le choix des matériaux varie considérablement en fonction de ce que l'on veut transmettre et de ce que l'on veut obtenir.
La sélection des matériaux est l'élément le plus important du "monozukuri" (fabrication de produits), et le concept commence là. Les produits nés d'un "monozukuri" tourné vers l'avenir sont ceux qui ont une véritable valeur.

Avec quels hôtels prestigieux travaillez-vous ?

Pascal Aubert : Nous avons des contacts avec le Nikki Beach Fairmont Monte Carlo, le Selman à Marrakech, et d'autres contacts sont en cours.

Comment a évolué l’intérêt des hôteliers pour vos produits ? Leurs attentes ont-elles également évolué ?

Pascal Aubert : Notre gamme en bambou représente une vraie alternative au verre (non autorisé au bord des piscines) et au plastique non écoresponsable. Nous proposons des produits de haute qualité, résistant au lave-vaisselle, au contact très agréable. La qualité du matériau et la réalisation des produits sont en parfaite cohérence avec le niveau des palaces.

Quels produits aimeriez-vous développer et proposer dans les années à venir ?

Pascal Aubert : Pour la partie vaisselle en bambou, nous aimerions développer la partie Cadeaux à proposer dans les boutiques des hôtels. Nous avons la possibilité de personnaliser les produits avec une gravure (nécessite une réalisation par l'artisan pour préserver la qualité du produit) avec le logo de l'établissement.
Nous venons de référencer un fabricant de couteaux, forgés en acier gingami. Ces couteaux authentiques correspondent également à une philosophie bien particulière dans l'art de préparer et découper un aliment.

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À propos de l'auteur

Journaliste aux multiples atouts et voyageur curieux, Christopher a une grande appétence pour les établissements au raffinement soigné, où s’accordent gastronomie de caractère, service impeccable et élégance sincère. Une plume discrète et gourmande au service d’une certaine idée du luxe.

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