INTERVIEW - VICTOR ADALID, FONDATEUR D'ATELIER CHROMATIQUE : « UNE BELLE MISE EN LUMIÈRE PRODUIT DES ÉMOTIONS ! »
Agence indépendante, Atelier Chromatique s’évertue à concevoir des ambiances lumineuses sur-mesure, à la fois innovantes, raffinées et créatives, pour souligner au mieux une esthétique et un projet. |
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INTERVIEW - VICTOR ADALID, FONDATEUR D'ATELIER CHROMATIQUE : « UNE BELLE MISE EN LUMIÈRE PRODUIT DES ÉMOTIONS ! »
Agence indépendante, Atelier Chromatique s’évertue à concevoir des ambiances lumineuses sur-mesure, à la fois innovantes, raffinées et créatives, pour souligner au mieux une esthétique et un projet. |
Catégorie : Europe - Interviews et portraits
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Interview de Christopher Buet le 23-03-2023
Au commencement se trouve souvent un rêve. Celui de Victor Adalid a commencé au cœur de la nuit dans les rues de Lyon. Comme chaque année, la ville des Gones s’illumine à l’occasion de la célèbre Fête des lumières où des artistes s’emparent des façades lyonnaises, abandonnées à toute leur créativité et ambitions dans un jeu de sons et d’éclairages propres à souligner l’architecture ou à la détourner.
Émerveillé par le spectacle qui se déroule sous ses yeux, le jeune Rhodanien se promet d’un jour participer à l’évènement et de faire de la lumière, le fil conducteur de sa carrière. Chef de projet, concepteur lumière et prescripteur pour différents clients (architectes, promoteurs…), Victor Adalid gagne en expérience, multipliant les projets d’envergures tant dans l’hôtellerie que la haute joaillerie, les restaurants ou le retail de luxe.
Son identité artistique et professionnelle s’affirme et il entreprend de gagner son indépendance. C’est ainsi que naît Atelier Chromatique avec le désir de laisser libre cours à ses envies et développer son approche singulière et créative au service d’une utilisation pratique.
Pour le Journal des Palaces, le Lyonnais a pris le temps d’expliquer la genèse de son aventure lumineuse, comme il l’appelle, et sa philosophie de travail où l'échange et l'ingéniosité sont les clés de toute réussite.
Journal des Palaces : Quel est votre parcours ?
Victor Adalid : Originaire de Lyon, l’histoire commence lors de promenades pendant la Fête des lumières où le spectacle audiovisuel et l’émotion que dégagent les installations m’interpellent et m’émerveillent. J’ai naturellement choisi une formation initiale en électrotechnique puis en éclairage.
Mes débuts professionnels en plâtrerie-peinture puis en vente de matériels d’éclairage m’ont beaucoup apporté : suivi de chantier, soin du détail et des finitions, relationnel client et avec les installateurs… et ont surtout confirmé mon souhait de m’orienter vers la conception lumière et la gestion de projet.
J’ai ainsi rejoint une agence parisienne en 2015 et me suis forgé une solide expérience en tant que chef de projet, concepteur lumière et prescripteur, aux côtés de différents clients - architectes, architectes d’intérieur, promoteurs, clients privés. J’ai ainsi mené à bien une grande variété de projets - hôtellerie, haute joaillerie, retail de luxe, restaurants, tertiaire, jardins, façades, urbanisme et scénographie.
Quelle est votre vision du luxe ?
Le luxe est pour moi synonyme de confort : j’aime travailler la qualité de la lumière et la noblesse des matériaux. Ce que j’apprécie particulièrement dans la lumière, c’est qu’à travers elle, il est possible d’apporter à des projets modestes une ambiance élégante et raffinée. Une belle mise en lumière produit des émotions !
Quand et pourquoi avoir créé Atelier Chromatique ?
J’ai créé Atelier Chromatique en 2022, après deux expériences en agence qui m’ont permis d’expérimenter des directions artistiques et des méthodes différentes. J’ai ensuite eu l’envie de porter ma vision et mon approche de la conception lumière, à la fois d’un point de vue artistique, technique, entrepreneurial, mais aussi humain. Pouvoir « être moi-même » au quotidien dans mon travail !
J’ai choisi le nom Atelier Chromatique parce qu’un atelier, c'est un lieu physique où plusieurs personnes peuvent se rassembler pour œuvrer ensemble à un projet commun. Chromatique est aussi un clin d’œil à la couleur et à ses nombreuses nuances, que j’aime beaucoup travailler.
De quoi vous inspirez-vous pour créer ?
L’inspiration me vient de façon empirique : je pars toujours de l’univers des projets et ensuite, j'adore tester des idées et expérimenter. J’ai toujours ce besoin d’avoir des échantillons, des appareils, des filtres, des catalogues pour imaginer un concept et des solutions.
Quelles limites imposez-vous à votre inspiration ?
Je m’inscris toujours dans l’esprit et l’intention du projet : je propose des idées pour mettre en valeur le concept architectural, mais je ne m’interdis pas de sortir du cadre pour suggérer des idées plus audacieuses et des appareils au design pleinement affirmé.
Dans tous les cas, je défends une approche simple et claire : l’apport de l’éclairage doit être évident au sein du projet.
Quelles sont les exigences des hôtels de luxe avec lesquels vous collaborez en matière d’éclairage ?
D’abord, une exigence normative, évidemment. Ensuite, une exigence d’ambiance : chaleureuse et agréable ! Ce qui implique confort lumineux et esthétique des appareils ainsi que leur intégration. Enfin, une exigence d’ergonomie d’utilisation pour les usagers afin d’avoir une installation facilement pilotable.
Quelle est la création la plus incroyable que vous avez effectuée ?
La création dont je suis le plus fier est une suspension monumentale dans l’escalier de l’hôtel La Clef des Champs Elysées, réalisée avec l’agence Distylight en collaboration avec Astropol. Nous avons développé cette suspension de 17 mètres de haut en verre soufflé à la main, avec une optique spéciale qui déporte le faisceau depuis le cœur de l’escalier vers les marches. Un défi à la fois artistique et technique !
Quel regard portez-vous sur l’évolution des éclairages ces dernières années ?
Ces dernières années, l’éclairage a beaucoup évolué, notamment avec le développement de la LED : miniaturisation, qualité de la lumière IRC (indice de rendu des couleurs), souplesse du pilotage. La lumière va continuer à évoluer : il faut être constamment à l’affût des innovations, des nouveaux appareils. Cela rend mon métier très stimulant.
Avez-vous remarqué un point particulier, ou plusieurs, que les hôtels ont tendance à sous-estimer en matière d'éclairage et qui pourtant change la donne pour les clients ? Soit en termes de confort ou d'effet wow ?
Ce qui me surprend toujours, c’est que de nombreux clients ont tendance à sous-estimer le choix des températures de couleur ainsi que la gradation. Un seul appareil en blanc froid et une très jolie salle de restaurant peut se transformer en bloc opératoire…
Quelle est la signature d’Atelier Chromatique, cette chose qui fait qu’on vous identifie immédiatement ?
Je suis convaincu que la conception lumière doit être au service du projet et que chaque projet est différent. Cela se ressent, je pense, dans la façon dont je travaille : je prends toujours le temps de comprendre l’intention et j’attache beaucoup d’importance aux échanges tout au long de la mission. D’un naturel bavard, maintenir ce lien est un plaisir… et aussi le secret d’une coopération réussie.
Observez-vous des tendances quant aux types d’éclairages ou d’ambiances demandés ?
J’observe un vrai retour aux objets et aux signatures intemporels des grands noms du design contemporain. Ce sont peut-être des valeurs refuges, face aux modes architecturales qui se succèdent.
Par ailleurs, je note que les fournisseurs proposent de plus en plus de finitions au sein d’une même gamme. Les fabricants ont moins de stock et produisent désormais les appareils à réception de la commande.
Avec quels établissements prestigieux collaborez-vous ?
J’ai eu la chance de collaborer avec de grands noms du luxe : Chaumet, Le Bon Marché, le Sofitel de Rome, l’hôtel la Clef des Champs Elysées, les navires du Ponant, pour en citer quelques-uns.
Quelle est la politique RSE de l’entreprise ? Comment se traduit-elle dans vos créations notamment ?
En matière de RSE, je cherche surtout l’impact concret et astucieux. Par exemple, sur les projets de rénovation, le diagnostic des appareils existants peut permettre de ne changer que la source et non tout l’appareil. C’est l’occasion de « réinventer » un nouvel appareil à partir d’une installation existante : à la fois vertueux, et plus économique.
Travaillez-vous également à l’international ?
Pas en ce moment, mais il m’est arrivé de travailler sur des projets à l’étranger, en Europe, en Asie et au Moyen-Orient notamment.
Quels sont vos prochains projets de développement ?
Je souhaite poursuivre l’architecture intérieure et extérieure, mais aussi mener des projets évènementiels, éphémères, où les possibilités sont larges et l’importance de la lumière capitale.
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