INTERVIEW – NICOLAS CHATILLON, FONDATEUR ET CEO, GROUPE LES ÉTINCELLES : « NOUS AVONS UN PROJET D'INVESTISSEMENT DE 650 MILLIONS D'EUROS AU TOTAL ET NOUS AVONS INVESTI 380 MILLIONS À DATE » (France)
Nouveau venu sur le marché des séjours luxe et ultra-luxe à la montagne, Les Etincelles formulent la promesse d’un véritable feu d’artifice en matière d’expérience client |
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INTERVIEW – NICOLAS CHATILLON, FONDATEUR ET CEO, GROUPE LES ÉTINCELLES : « NOUS AVONS UN PROJET D'INVESTISSEMENT DE 650 MILLIONS D'EUROS AU TOTAL ET NOUS AVONS INVESTI 380 MILLIONS À DATE » (France)
Nouveau venu sur le marché des séjours luxe et ultra-luxe à la montagne, Les Etincelles formulent la promesse d’un véritable feu d’artifice en matière d’expérience client |
Catégorie : Europe - France - Interviews et portraits
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Interview de Guillaume Chollier le 30-09-2022
Fondé en septembre 2018, Les Étincelles est un acteur récent sur le marché des vacances en montagne. Pour autant, il ne manque pas d’ambition. Tout schuss, sous l’impulsion de son fondateur, Nicolas Chatillon, issu du milieu de la banque, de son associé, l’ancien champion du monde de ski freeride Guerlain Chicherit, et de deux autres partenaires, Arnaud Viotte et Thibault de Saint-Martin, qui ont intégré le projet par la suite, le groupe basé à Saint-Jean d’Albigny entend révolutionner les vacances d’hiver haut de gamme avec un concept fort : la garantie neige.
Dans cette optique, le groupe savoyard investit le cœur de stations de haute-altitude, au sein de résidences de standing, conjuguant lifestyle et montagne durable, à travers une collection de lieux uniques.
Fort de 16 hôtels, 21 chalets et 10 résidences, Les Étincelles désirent « faciliter » la montagne tout en répondant aux désirs de leur exigeante clientèle grâce à différentes typologies de lieux premium et luxe, tous situés au pied des pistes de stations de ski de haute-altitude. Hôtels 4 ou 5 étoiles, chalets d’exception à privatiser ou résidences haut de gamme, la palette d’offre proposée par Nicolas Chatillon et ses associés s’est encore enrichie avec l’acquisition d’une première série d’hôtels et de résidences Lodge & Spa Collection 4 et 5 étoiles qui ont propulsé le groupe au premier rang de l’hôtellerie de luxe en haute-montagne.
Les Étincelles ont également placé l’humain au cœur de leur projet avec un service à la carte par le biais notamment d’une conciergerie efficace proposant une avalanche d’activités, d’expériences personnalisées et des logements habités par une identité forte. Chaque adresse cultive sa différence au sein d’une même station, ce qui rend cette collection riche et variée et bouscule les codes de la montagne.
Alors que les premières chutes de neige ont blanchi les sommets alpins et que la saison de ski, sur le point d’ouvrir, s’annonce sous les meilleurs auspices, Nicolas Chatillon présente son groupe, ses valeurs et ses atouts au Journal des Palaces.
Comment est né le groupe Les Etincelles ? J'ai créé cette plateforme d'investissement spécialisée dans l’hôtellerie de montagne il y a quatre ans maintenant. Guerlain Chicherit était présent dès le départ, puis Thibault de Saint-Martin et Arnaud Viotte, qui viennent de chez Accor, nous ont rejoint en cours de route pour développer la partie métier hôtelier.
Quelle est la stratégie du groupe ? Nous avons des stratégies d'investissement basées sur trois axes. Le premier, on investit dans un nombre limité de stations de ski. Notre critère de choix est simple, c'est la résilience au changement climatique. Cette notion est primordiale pour nous car la promesse client que nous faisons, c’est l’assurance d’avoir de la neige, quelle que soit la semaine durant laquelle le client séjournera chez nous. Il y a 23 semaines d'exploitation d'hiver dans les stations de haute altitude. Nous assurons la neige à nos clients sur ces 23 semaines au sein de ces dernières. Lorsque nos clients investissent entre 10.000 et 20.000 euros par semaine pour des vacances luxe et premium, il est important qu’ils aient cette garantie.C'est un parti pris que l'on a eu très tôt. Le climat est le facteur d’investissement principal de notre plateforme.
Le deuxième axe est celui de l'expérience client que l’on veut révolutionner en simplifiant l’expérience du ski. On sait tous que l'expérience de ski, ça commence par un trajet long et ensuite un parcours du combattant pour mettre en place la semaine avec sa famille ou ses amis, marquée par un nombre d'étapes : l'équipement de ski, les forfaits, etc. Et puis, plus globalement, on s'est attaqué au changement de nature d'un actif. Autrement dit, comment on va redesigner et reconfigurer l'hôtel pour qu'il soit adapté finalement aux skieurs et pas l'inverse, c'est à dire transformer un hôtel normal en hôtel adapté au ski et la neige.
Enfin, nous cherchons à développer des marques et des concepts nouveaux afin d’incarner de nouvelles tendances, de répondre aux attentes de la clientèle et finalement, redéfinir un peu ce qu'est un séjour à la montagne. Il y a 20 ans, la semaine au ski débutait à 9h00 et finissait à 17h00 parce qu'il fallait amortir le forfait. Aujourd’hui, la façon de consommer n'est plus du tout la même. En tant qu’hôtelier, on doit aussi s'adapter. Aujourd’hui, la personnalisation compte beaucoup dans les attentes des clients, surtout dans le luxe et le haut de gamme.
Quel est le principal changement en la matière ? Le format de du produit a beaucoup évolué. Les petites surfaces d’antan ont laissé la place aux grandes surfaces qui sont très appréciées des familles. Et puis, nous avons constaté une montée en gamme dans nos stations de haute attitude. Désormais elles présentent de véritables atouts, l’hiver comme l’été vers lequel nous souhaitons les faire évoluer.
Comment est constitué votre portefeuille de résidences ? Nous avons aujourd'hui 16 hôtels en exploitation pour la prochaine saison, 21 chalets de luxe et 10 résidences, répartis sur huit stations : Tignes, La Plagne, Val d’Isère, Les Arcs, Val Thorens, La Rosière, l’Alpe d’Huez et les 2 Alpes. Nous ne nous interdisons pas d’aller à l’avenir sur Courchevel 1850 ou la Suisse, notamment le Valais. Parmi ces hôtels, nous avons six établissements cinq étoiles. Les autres sont des quatre étoiles et quatre étoiles luxe.
Nous détenons également des restaurants et des bars qui sont dans nos hôtels ou à côté, parfois des restaurants de piste au sein de stations d’altitude, qui sont en phase de montée en gamme.
Nous avons débuté notre activité à Tignes, puis Val d’Isère et La Plagne. Ces dernières années, nous avons suivi un mouvement de diversification avec Val Thorens, dans les 3 Vallées. Nous nous sommes également développés aussi sur des stations très prometteuses, avec de vraies perspectives de développement comme les 2 Alpes, une station extrêmement dynamique, qui change de nature et de dimension, et qui suit une logique de transformation incroyable. Idem concernant la Rosière. C’est vraiment une station qui monte très fortement avec des fondamentaux intéressants. Quant aux Arcs, ils constituent avec La Plagne le domaine Paradiski. C’est l'un des plus grands domaines skiables au monde. Nous croyons également beaucoup au développement de cette station.
Comment vos chalets de luxe se démarquent-ils ? Ce sont de grosses unités, qui proposent entre 400 et 1.300 m2. Ces chalets disposent d’un véritable écosystème, avec un service hôtelier, du personnel. En termes de prestations, nous sommes dans un niveau palace, au sein d’un hôtel particulier.
Ces hôtels chalets et résidences ont-ils été créés de toutes pièces ? Nous avons repris certains établissements et nous avons également réalisé des ouvertures. Par exemple, l'hôtel VoulezVous, que nous avons repris à un fonds d’investissement. Nous envisageons cette marque comme festive et décontractée, qui accueillera un concert chaque semaine. À l’inverse, le Tetras Lodge est un hôtel qui était fermé depuis longtemps, insalubre, que nous avons remis au goût du jour et que nous avons totalement recréé. C’est l’un des gros défis d'intérêt général en montagne. Aujourd'hui, les stations disposent d’un parc qui a vieilli. Reprendre ces bâtiments, les transformer et puis les remettre au goût du jour, notamment par rapport aux problématiques d'efficacité énergétique, est à la fois un sujet majeur et un défi.
Qu’est-ce que cela représente en termes d’investissement ? Aujourd'hui, nous avons un projet d'investissement de 650 millions d'euros au total et on a investi 380 millions à date.
Quel chiffre d’affaires avez-vous réalisé l’année dernière ? L'année dernière, nous avons réalisé un peu moins de 30 millions d’euros de chiffres d’affaires. Cette année, nous nous dirigeons vers un chiffre d’affaires qui est un petit peu en dessous de 60 millions d'euros. Ce résultat est lié à la croissance externe d’opérations que nous venons de réaliser mais également à la montée en puissance de nouveaux hôtels que nous avons lancés.
Quelle est votre politique RSE ? Un groupe en développement comme le nôtre a deux problématiques. Il y a les hôtels, les sites que l'on reprend qui ne sont pas forcément au goût du jour en termes de d'organisation des espaces et forcément du point de vue de développement durable et aussi de l'aspect énergétique de ces bâtiments.
On a des challenges de rénovation qui sont profonds et qui font qu'en réalité, sur la plupart des bâtiments que l’on reprend, nous sommes parfois conduits à changer profondément la nature de l'hôtel et à faire des rénovations lourdes tant à l'extérieur qu’à l'intérieur. Ainsi, aujourd'hui le triple vitrage se généralise à la montagne, puisque, ce sont les fenêtres qui engendrent le plus de déperdition. De même, nous construisons aujourd’hui des murs plus épais et nous sommes désormais presque systématiquement contraints de refaire les toits, avec un système de double toit, appelé « toit froid ». Il s’agit de deux toits superposés entre lesquels on laisse un espace de 20 centimètres. Cela permet de créer des couches thermiques entre les deux toitures. Nous avons une équipe de 10 personnes qui se consacrent aux projets et à la construction afin de favoriser l’intégration paysagère.
S'agissant de respect de l'environnement, nous travaillons également sur les questions liées à la mobilité de nos collaborateurs et de nos clients. Se déplacer en station est devenu problématique, c’est pourquoi, nous incitons nos clients à déposer leur voiture au parking à l’arrivée pour limiter l’empreinte carbone. Pour autant, il faut qu’ils puissent évoluer dans la station s’ils le désirent. Nous travaillons à ce sujet avec les élus et les mairies, à Tignes ou à La Plagne ou à l’Alpe d’Huez qui sont très engagées sur ces sujets.
Et au niveau du recyclage des matériaux ? Beaucoup de choses ont été mises en œuvre, de la construction en passant par l'exploitation des bâtiments. Typiquement, nous faisons en sorte que tous les matériaux pour le béton, pour construire les œuvres soit recyclé : la roche que nous pouvons casser, par exemple. Pour éviter des aller-retours dans la vallée, nous avons quasiment monté des usines à béton sur place afin de traiter les chantiers en local. Nous parlons ici de milliers de tonnes de matériaux recyclés.
Nous déployons également de multiples stratégies sur l'efficacité énergétique des bâtiments. C’est d’autant plus important à la montagne en raison des températures qui peuvent descendre en dessous de zéro et de la nécessité de chauffer qui en découle. Pour cela, nous appliquons des niveaux d’isolations extrêmement élevés, toujours dans une optique responsable.
Que mettez-vous en place pour votre personnel ? Les conditions de vie, les statuts de nos saisonniers et de nos collaborateurs qui, clairement aujourd'hui, sont notre plus grande richesse, sont un point clé pour nous. Dans l’univers de montagne, la question de logement est essentielle. Pour tout nouveau projet, nous prévoyons la construction de logement pour les saisonniers et les collaborateurs. Nous voulons ainsi les fidéliser et aussi leur offrir des conditions de vie décentes. Les obliger chaque jour à redescendre dans la vallée à la fin de leur journée de travail, puis de remonter le lendemain est usant et démotivant pour eux. Et le moindre imprévu sur la route de la station – accident, chute de neige, etc – entraîne des bouleversements dans l’organisation au sein de l’établissement dont peut pâtir le client. Il est donc beaucoup plus confortable pour tout le monde qu’ils puissent rester en station. Nous mettons également en place des formations pour les fidéliser d’une saison à l’autre.
Vous privilégiez les résidences à taille humaine ? Absolument, les bâtiments en hauteur, les grands ensembles sont des projets qui n’ont plus cours aujourd’hui. Dans le luxe et le premium, les clients souhaitent de l'exclusif, pas des parcs regroupant 500 personnes. C’est pourquoi, nous sommes sur un format de 40 à 80 clés, soit des hôtels de 150 à 200 personnes.
Vous avez placé le sur-mesure au cœur de l’expérience client ? Tout-à-fait. Beaucoup de sur-mesure et en même temps, nous créons des standards élevés pour que Les Étincelles soient un gage de qualité.
Cette simplicité, cette facilité, ce sur-mesure, cette personnalisation et ce niveau d'exigence sur le service, avec du vrai service, les gens en ont besoin. Ils ont besoin de contact, de discuter.
De la même façon, ils ne veulent plus, à leur arrivée le samedi faire la queue. Pour les supprimer, nous développons au maximum le digital, grâce auquel nous pouvons accueillir directement le client dans sa chambre pour effectuer les formalités d’entrée. De même, nous mettons en place des espaces stratégiques dans des zones bien définies de nos établissements à la fois pour des raisons de confort et afin d’optimiser le temps de nos clients. Car bien qu’ils soient en vacances, ils n’ont pas de temps à perdre, puisque leur séjour défile vite. Par exemple, nous avons placé le ski lounge au rez-de-chaussée, à la lumière naturelle, où se trouvent également un bar à cocktail et des canapés.
Envisagez-vous de développer ce concept auprès d’investisseurs extérieurs ? Oui, nous l’envisageons et nous avons déjà été sollicités par plusieurs groupes.
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