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INTERVIEW - DENIS COURTIADE : « IL EST NÉCESSAIRE D'ALLER À LA RENCONTRE DES AUTRES, PARTAGER ET TRANSMETTRE CE QUE NOUS SOMMES DEVENUS »

Denis Courtiade, président et fondateur de l’association Ô Service - des Talents de demain, livre, pour le Journal des Palace une analyse lucide de la situation du secteur de la restauration.

INTERVIEW - DENIS COURTIADE : « IL EST NÉCESSAIRE D'ALLER À LA RENCONTRE DES AUTRES, PARTAGER ET TRANSMETTRE CE QUE NOUS SOMMES DEVENUS »

Denis Courtiade, président et fondateur de l’association Ô Service - des Talents de demain, livre, pour le Journal des Palace une analyse lucide de la situation du secteur de la restauration.

Catégorie : Europe - Économie du secteur - Interviews et portraits - Associations et Syndicats - Interviews
Interview de Guillaume Chollier le 20-05-2022


Depuis 10 ans, Ô Service – des Talents de demain est la bonne fée du secteur de la restauration. Au quotidien, l’association valorise et promeut l’ensemble des métiers d’une profession parfois malmenée et aujourd’hui sinistrée.

Denis Courtiade, son président et fondateur a parfaitement conscience de la crise que traverse ce métier. Et s’il déplore profondément cette situation, ce titulaire d’un CAP, devenu directeur d’un restaurant trois étoiles au guide Michelin ne manque ni d’idées, ni de motivation pour rendre à cette noble profession de service ses lettres de noblesse.

Pour ce professionnel reconnu, qui affiche 40 ans d’expérience dans le secteur, en France comme à l’étranger, qui a collaboré durant 30 ans avec Alain Ducasse et qui œuvre depuis 22 ans au sein du Plaza Athénée, il est devenu nécessaire de mettre l’accent sur les notions de considération, bienveillance et reconnaissance auprès des jeunes générations. Il estime également indispensable de mettre en avant l’ « art de vivre à la française » que le monde nous envie.

Journal des Palaces : Votre association fête cette année ses 10 ans. Quel regard portez-vous sur ces 10 premières années ?
Denis Courtiade : Nous avons atteint l’un de nos objectifs, celui de fédérer la profession dans sa plus grande diversité. J’entends par là tous les acteurs du quotidien qui ont à cœur de valoriser les métiers de l’accueil et du service. Qu’ils (elles) soient professionnels, enseignants, formateurs ou partenaires, nous avons créé du lien ensemble, dans le seul et unique but d’accompagner le plus grand nombre de jeunes apprenants vers les métiers du service. Nous suscitons des vocations et des carrières longues. Nous sommes des promoteurs.

Qu’est-il ressorti de votre assemblée générale, qui s’est tenue le 11 avril ?
Cette année, notre assemblée générale faisait l’objet d’un projet d’école. Cette dernière a été entièrement organisée et gérée par une classe de BTS du CFA Médéric et supervisée par ses cadres enseignants : Claire Cercus, Julien Chaudun, Caroline Ravenet, Jean-François Tostivint. Je ne peux que les en remercier.

Ce sont donc au total 110 personnes qui ont répondu positivement à notre invitation. Parmi elles, nous avons accueilli des représentants du groupe Korian, les animateurs de Croq l’Espoir, les associations sœurs de Belgique, d’Espagne, de Suisse et bien d’autres institutions… Toutes et tous, dans leur quotidien, mènent des actions de bienfaisance envers des clients consommateurs, des personnes dépendantes en maison de retraite, des enfants malades à l’hôpital… Cela démontre de nouveau que l’acte d’aimer servir « l’autre » est universel.

La présence et les encouragements de Didier Chenet, président du GNI-Synhorcat, ont été salués. Le témoignage de Claude Bluzet, intendant à Matignon, sur la classe passerelle de Médéric était empli d’émotion. Par extension, nous avons aussi félicité les actions menées aux Apprentis d’Auteuil par Jean-Noël Falières ; sans oublier les indispensables Cafés Joyeux.

Lors de l’AG, nous avons aussi mis en place des sessions de coach dating qui ont remporté un franc succès. Par séquence de 15 minutes, des professionnels répondaient aux interrogations des jeunes apprentis…Le mentorat est aussi quelque chose d’essentiel dans notre philosophie.

Notre assemblée générale a donc été vectrice d’une grande dose d’humanité, en rappelant que servir crée du lien social.

Qu’est-ce qui vous a convaincu de créer Ô Service - des Talents de demain ?
C’était une nécessité, car ensemble, nous sommes plus forts. Suite aux « Assises des métiers » diligentées par le Ministère de l’Education Nationale en 2012, et fort des précieux conseils de Francis Luzin, les personnes présentes lors de ce rassemblement étaient les « bonnes » personnes. Nous avons donc décidé de nous retrouver un peu plus tard pour donner un sens commun à nos actions. Après différentes réunions, nous avons donc créé cette association « Ô Service - des Talents de demain ». Depuis, nous sommes devenus le pôle de référence pour les métiers du service et nous répondons à toutes les sollicitations qui nous sont adressées.

Combien de membres comptez-vous ?
Nous comptons 198 adhérents, 512 utilisateurs du site et 142 Ambassadeurs en France et à l’étranger. De plus, nous disposons d’une importante communauté sur Instagram :1.285 followers. Enfin, 579 personnes référencées, ont reçu une invitation pour participer à notre dernière AG.

Quels métiers de la restauration sont représentés dans votre association ?
Nous représentons tous les métiers de l’accueil et du service en restauration : hôtes, sommeliers, maitres d’hôtel, barmen, service en chambre, barista, apprentis etc…

À qui vous adressez-vous ?
Nous nous adressons à l’ensemble de notre industrie. Nos actions et nos travaux sont uniquement dirigés dans l’intérêt des jeunes apprenants, mais aussi à l’attention de leurs parents qui ont parfois un peu de difficulté à comprendre la valeur du mot « serveur », ainsi que la grande richesse de la diversité de nos métiers de service.

Quelle est la mission première de votre association ?
Valoriser et promouvoir une profession parfois malmenée. Les métiers du service ont besoin d’être médiatisés afin de retrouver leurs lettres de noblesse et attirer de nouveaux profils. Soyons fiers du « service à la française » que le monde entier nous envie.

Quelles sont concrètement les actions que vous menez ?
Nos actions sont très diversifiées : interventions et colloques dans les écoles hôtelières, organisation de visites dans nos établissements, démonstrations lors de salon et concours (Sirha, EquipHotel, Maison & Objet, Fête de la Gastronomie, LHR…), échanges libres lors des Salons de l’Etudiant, participation aux assises du tourisme durable de la ville de Paris… Nous menons de très nombreuses actions pour rendre notre profession visible et dynamique. Ainsi, les Jeux olympiques de 2024 sont un formidable objectif pour nous ! Et en complément, nous faisons de la mise en relation, du coaching, du mentorat, nous aidons à l’emploi…

Quels sont chaque année les moments forts de la vie de l’association ?
Ils sont nombreux car ils sont le fruit de nos rencontres. En point d’orgue, nous avons notre assemblée générale annuelle qui se tient entre avril et juin. Nous intervenons au Sirha de Lyon avec le concours « Trophée du Maître d’Hôtel », mais également au sein d’EquipHotel à Paris en qualité « d’experts ». Nous travaillons aussi sur un projet d’envergure avec Madame la Sénatrice Catherine Dumas. Sans en dévoiler trop les contours, notre étude pourrait s’intituler : « Le Festival national du Service ». Nous continuons aussi à offrir notre temps de présence aux écoles hôtelières qui mènent des actions de valorisations auprès de leurs jeunes.

Comment a évolué la restauration gastronomique depuis la création de l’association ?
La restauration dans son ensemble n’a jamais été aussi dynamique. Concurrence renouvelée, gilets jaunes, crise covid, flambée des prix des matières premières, difficultés de recrutement… En réaction à tous ces facteurs et bien d’autres, notre industrie a su évoluer dans son positionnement et dans ses offres : dark kitchen, livraison à domicile, vente à emporter, enseignes hybrides (restaurant-boutique, food truck…).

Comment expliquez-vous que le secteur ait du mal à susciter des vocations aujourd’hui ?
Je pense que cela n’est pas lié uniquement à notre industrie, il suffit de constater les statistiques tous métiers confondus en France, comme dans certains pays à l’étranger (Angleterre, Canada, USA…).

Mais il est vrai que notre profession souffre et peine à susciter des vocations. Cela remonte à fort longtemps, malgré les conditions de travail qui évoluent dans le bon sens. De très nombreuses entreprises cherchent à innover pour attirer des collaborateurs. Notre jeunesse a un rapport au travail bien différent du nôtre. Qui a raison ? Qui a tort ? Ce que je sais, c’est que nous avons tous besoin d’un mentor pour nous guider et nous faire grandir professionnellement. Alors, je m’efforce à mon tour d’être un mentor inspirant. D’ailleurs, mon second ouvrage, qui est en fin d’écriture, s’appellera « l’Hospitalité et le Mentorat » aux éditions BPI. Je profite de votre interview pour, à nouveau, lancer un appel à tous les professionnels de la restauration en leurs rappelant que transmettre est un devoir !

Quel est selon vous le remède à ce phénomène ?
Il est nécessaire d’aller à la rencontre des autres, partager et transmettre ce que nous sommes devenus. Être positif et parler en bien de ce que l’on fait. Rappeler que notre profession est aussi un formidable ascenseur social.
Au quotidien dans nos entreprises, il nous faut faire acte de considération, de bienveillance et de reconnaissance. Il nous faut aussi tendre vers un management à l’anglo-saxonne. L’autorité hiérarchique démotivante doit s’effacer au profit d’un esprit d’équipe fort. Travailler ensemble pour atteindre un résultat commun est devenu indispensable ! Rendons le « métier » plus sexy, plus attrayant, plus épanouissant.

Comment œuvrez-vous pour promouvoir les métiers de salle ?
Je crois fortement à l’exemplarité. Je le dis souvent : un bon exemple est un exemple à suivre. Je pars aussi du principe que toute action et initiative de promotion est une bonne chose. C’est à nous, les professionnels, de saisir chacune des opportunités qui se présente pour valoriser notre profession. J’ajouterai aussi que les travaux d’écriture sont d’une grande aide, ils constituent de formidables boites à outils qui permettent d’expliquer concrètement ce qu’est le métier in situ.

En dépit de la situation actuelle, restez-vous optimiste quant à l’avenir du secteur ?
Je suis un éternel optimiste. Les métiers de l’alimentaire, et en particulier la restauration, sont et seront toujours plébiscités. Je n’ai aucun doute là-dessus ! La nourriture et le partage sont deux curseurs indispensables à la nature humaine. Si vous ajoutez : plaisir et art de la table, vous n’êtes pas loin de décrire ce qu’est l’art de vivre à la française que le monde nous envie ! Notre jeunesse, bien qu’elle soit différente de ce que nous avons pu être nous-mêmes par le passé, reste un vivier de forces vives et engagées. Alors soyons des mentors inspirants. Écoutons ces nouvelles générations pour mieux les accompagner ! C’est l’engagement d’ « Ô Service - des talents de demain », qui est, je vous le rappelle, une association de bienveillance.

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À propos de l'auteur

Journaliste depuis 20 ans, Guillaume est un inconditionnel des lieux exclusifs où se mêlent confort, qualité de service et gastronomie. Le tout, teinté d’une simplicité et de sourire qui sont l’apanage du luxe ultime.

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