BASTIEN GONZALEZ : « LA PÉDICURE-MANUCURE RESTE UN SOIN DE BASE DANS LE MONDE DU SPA HÔTELIER DE LUXE, MAIS ELLE EST TRÈS SOUVENT NÉGLIGÉE »
Depuis 25 ans, le Corrézien exerce la podologie, qu’il élève au rang d’art, à travers le monde. Pour le Journal des Palaces, Bastien Gonzalez revient sur son parcours et expose ses projets. |
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BASTIEN GONZALEZ : « LA PÉDICURE-MANUCURE RESTE UN SOIN DE BASE DANS LE MONDE DU SPA HÔTELIER DE LUXE, MAIS ELLE EST TRÈS SOUVENT NÉGLIGÉE »
Depuis 25 ans, le Corrézien exerce la podologie, qu’il élève au rang d’art, à travers le monde. Pour le Journal des Palaces, Bastien Gonzalez revient sur son parcours et expose ses projets. |
Catégorie : Monde - Interviews et portraits
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Interview de Guillaume Chollier le 25-02-2022
Ses mains sont fermes, ses gestes précis, sa parole d’or. Bastien Gonzalez connaît son sujet sur le bout des doigts. Au cœur de Paris, il reçoit dans son cabinet discret situé dans l’élégante galerie Véro-Dodat, ornée de moulures au plafond et de sublimes dalles de marbre noir et blanc. La Révérence de Bastien, le nom de la marque qu’il a lancée, y côtoie galeries d’art, boutiques de meubles anciens, ainsi qu’un chausseur de luxe réputé, qui produit des chaussures d’exception à la célèbre semelle rouge.
Difficile d’imaginer la trajectoire prise par cet ancien moniteur de ski d’une station d’Auvergne, qu’une grave blessure a conduit à rencontrer, dans un centre de rééducation, un podologue qui a radicalement changé sa vie.
Après avoir obtenu son diplôme de podologie, il ouvre son premier cabinet à Paris, place des Vosges. Il le revend à peine un an plus tard pour intervenir dans les hôtels les plus exclusifs : le Costes, puis le Bristol, à Paris. Et bientôt Londres, puis New York où il séduit sa clientèle tant par la qualité de ses soins, que par son approche et son écoute.
Le milliardaire Sol Kerzner lui ouvre alors les portes de sa chaîne d’hôtels de luxe One&Only. Bastien Gonzalez fait alors le grand saut, crée sa société et lance sa propre marque de produits, La Révérence de Bastien. En moins de 15 ans, il ouvre une vingtaine de studios dans les plus beaux palaces de la planète.
De Londres à Singapour, d'Hong Kong aux Maldives, en passant par Maurice, Dubaï ou le Vietnam, ce « pédicure volant » saute alors d’un avion à l’autre pour rencontrer et former en personne ses équipes au sein de ses salons, mais également pour répondre aux sollicitations de sa clientèle privée, fidèle et fortunée. Têtes couronnées, stars du sport, du cinéma ou de la mode, grands patrons succombent aux soins du maître, dont la philosophie se résume à travers deux axes : l’éducation au soin du pied et la création d’une émotion au travers de ce soin.
Alors qu’il s’apprête à ouvrir son 22e salon à Mascate, dans le sultanat d’Oman, Bastien Gonzalez nous a reçus dans son salon parisien pour évoquer son parcours, le temps d’un soin de luxe au cours duquel le temps semble s’être arrêté.
On oserait presque écrire que passer entre les mains expertes de Bastien, c’est le pied !
Le Journal des Palaces : Depuis combien de temps proposez-vous des soins de pieds haut de gamme ?
Bastien Gonzalez : Depuis mes débuts, il y a 25 ans. Je recevais mes clients dans le salon que j’avais ouvert, place des Vosges, à Paris. Puis, rapidement, j’ai saisi des opportunités de m’installer dans les plus beaux hôtels du monde. Aujourd’hui, je suis rentré à Paris et je me suis installé au cœur de la ravissante galerie Véro-Dodat.
Comment vous est venue cette vocation ?
J’ai eu le déclic à la suite à un accident de ski et la rencontre d’un podologue, dans un centre de rééducation. Depuis mon plus jeune âge j’ai été attiré par le beau, avec la volonté de surprendre et de faire bien et toujours mieux. Ce qui me motive n’est pas seulement un métier, mais le désir de proposer le meilleur dans mon travail.
En quoi les soins de luxe que vous proposez se distinguent-ils des soins conventionnels ?
Ce sont des soins de luxe par leur qualité : un mouvement juste et précis et des produits haut de gamme patiemment élaborés. S’y ajoutent une approche du service et un souci du détail de tous les instants : température, musique, parfums… Le tout, dans des lieux chargés d’histoire.
Je suis sorti du système traditionnel très tôt, avant 25 ans, malgré une réussite très rapide et un carnet de rendez-vous rempli d’un mois sur l’autre. J’ai pris une direction totalement opposée pour investir le monde de la beauté et du bien-être en proposant un service de soin des pieds très holistique basé sur trois axes : la beauté naturelle de l'ongle, le soin de la peau et un massage très complet.
Pour quelle raison assurez-vous vous-même la formation de vos équipes ?
Pour assurer une parfaite transmission du service et de la qualité. Mais aussi parce que j’ai la passion de transmettre.
Au-delà de la formation, parce que les soins portent mon nom, j’ai souhaité mettre en place un suivi, contrôlé par des standards précis, afin de répondre à toutes les exigences des soins. Ce suivi s’applique même aux collaborateurs qui sont à mes côtés depuis 10 ans.
Quelle est la place d’un soin des pieds dans le bien-être général d’un individu ?
On ne réalise pas vraiment l’importance de nos pieds. Vos pieds vous supportent et vous propulsent, mais ils contribuent aussi à la circulation du retour sanguin. Si les fondations d’une maison ne sont pas bonnes, elle se fissure. C’est exactement la même chose pour les pieds. Alors, aimez vos pieds et ils vous le rendront au centuple !
Idéalement, quelle est la durée d’un tel soin ? En quoi consiste-t-il ?
Idéalement, un soin des pieds dure une heure et comporte 3 étapes :
- Le soin de l’ongle, inspiré du rituel de mon arrière-grand-mère, une femme très élégante qui utilisait un polissoir, un objet de beauté aujourd’hui disparu. Je l’ai remis au goût du jour et l’utilise avec une crème à base de poussière de nacre pour polir la surface de l’ongle et activer la micro-circulation.
- Le soin de la peau par abrasion avec l'application d'un masque à base d'urée, suivie par une micro-abrasion à 30.000 tours minutes, réalisée avec une fraise constituée d’un amalgame de céramique et de diamant pour contrôler l'échauffement.
- Le massage des pieds et des jambes en cinq étapes pour retrouver une mobilité du pied et une élasticité de la peau. Pour le client, cette étape constitue un moment de grande détente.
Pour quelles raisons un studio de pédicure-podologie a-t-il sa place au sein d’un palace ou hôtel de luxe ?
C’est très simple. Le soin et le bien-être sont des composantes à part entière du luxe. Et j'ajoute qu’il faut surprendre le client, toujours davantage.
Est-il un complément idéal d’un soin au spa ?
Aussi doué que soit un masseur dans un spa, il n’aura jamais l’expérience d’un thérapeute podologue que j’aurai formé. Sans cette formation indispensable, le masseur travaillera à l’instinct, sans connaissance scientifique. Les soins que j’ai instaurés apportent une technique et une expérience qui complètent le massage classique.
Avez-vous fait face au scepticisme de certains directeurs d'hôtels ?
Effectivement j’ai dû souvent les convaincre ! La pédicure-manucure reste un soin de base dans le monde du spa hôtelier de luxe, mais elle est très souvent négligée, car elle rapporte peu et ne satisfait pas toujours le client exigeant.
Où et quand avez-vous installé votre premier salon dans un hôtel de luxe ?
Mon premier salon installé dans un hôtel a vu le jour en 1998, à l’hôtel Costes. Puis au Saint Géran à l’île Maurice, grâce à deux hommes qui avaient une vision unique du luxe et auprès desquels j’ai beaucoup appris : Jean-Louis Costes et Sol Kerzner. Sol Kerzner m'a demandé de travailler avec son bras droit d’alors, Paul Jones, aujourd’hui chez Lux* pour être dans tous les hôtels One&Only, au côté desquels je poursuis toujours l’aventure aujourd’hui.
Vous collaborez avec de grandes chaînes touristiques de luxe. Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Professionnellement, cela m’a apporté l'exigence de la qualité et du service, le "sens of place", le partage, l’écoute, le respect. Personnellement, j’ai beaucoup appris sur le mélange des peuples, les styles et les goûts. Ces multiples expériences m’ont apporté, un regard sur la vie et sur moi-même plus juste et plus profond.
Vous possédez de nombreux salons à travers le monde. Que vous apporte cette présence mondiale ?
Grâce à tous ces salons, j’ai l'impression d’avoir eu plusieurs vies, en voyageant d’un pays à l’autre et en rencontrant des personnes du bout du monde qui, au fil du temps, sont devenus des amis.
Sur quels critères choisissez-vous l'établissement et le pays dans lequel vous vous implantez ?
Pour définir les pays dans lesquels nous ouvrons un salon, nous nous basons sur la base de 74 questions afin de remplir un R.O.I très complexe qui nous permet de savoir si l'opération sera un succès ou non.
Quels sont vos prochains projets ?
Je vais prochainement lancer, depuis la France, un nouveau titre professionnel mondial pour une nouvelle approche du soin du pieds : la « Pédicurologie ». Pédicurologue sera le titre qui permettra à des jeunes de voyager en exerçant leur métier.
Par ailleurs, dans mes projets, j’ai aussi la réalisation d’un rêve secret depuis des années : la création d'une « autoroute » à papillons dans mon village d'enfance, en Haute Corrèze, entre Affieux et Treignac.
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