INTERVIEW : POURQUOI LA PÉRIODE QUE NOUS TRAVERSONS EST SANS DOUTE L'UNE DES MEILLEURES POUR RENTRER DANS LE SECTEUR DU TOURISME ?
Rencontre avec Éric Vogler, responsable du programme MSc in International Hospitality Management à l'EMLYON Business School pour parler des nouvelles opportunités de carrière pour les étudiants qui choisissent la filière tourisme et hôtellerie.
INTERVIEW : POURQUOI LA PÉRIODE QUE NOUS TRAVERSONS EST SANS DOUTE L'UNE DES MEILLEURES POUR RENTRER DANS LE SECTEUR DU TOURISME ?
Rencontre avec Éric Vogler, responsable du programme MSc in International Hospitality Management à l'EMLYON Business School pour parler des nouvelles opportunités de carrière pour les étudiants qui choisissent la filière tourisme et hôtellerie.
La jeune génération se pose bien naturellement des questions sur son avenir et réfléchit aux meilleures études à suivre dans le contexte actuel.
La mise à l’arrêt du tourisme et l’avenir incertain peuvent faire changer d’orientation un jeune étudiant qui, en premier choix, pensait s’orienter vers une carrière dans l’hôtellerie.
Éric Vogler, responsable du programme MSc in International Hospitality Management à l'EMLYON Business School, revient sur les enjeux pour le secteur du tourisme et de l'hôtellerie et
Quel est votre avis sur l’avenir du tourisme ? Pourquoi cela reste une belle opportunité que de se lancer maintenant dans une formation de ce secteur ?
Le Tourisme est un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire mondiale. Plusieurs questions se posent aujourd’hui, à l’heure de la réouverture des pays au tourisme, et de la levée progressive des contraintes sanitaires :
Quelle sera l’importance de la reprise des activités en hôtellerie, restauration, évènementiel, et toutes les autres activités du tourisme ?
Quels changements profonds des habitudes de consommation touristique sont à anticiper par les professionnels du tourisme ?
À la première question, notre réponse est encourageante. Partout dans le monde, les consommateurs reviennent en masse dans les restaurants dès que c’est possible. Les réservations en hôtellerie sont bien orientées pour l’été.
Tout est encore en suspens, avec l’incertitude toujours présente de l’évolution de la levée des contraintes sanitaires. Cette incertitude pèse encore lourdement sur les projections des consommateurs dans leurs vacances à l’étranger.
L’instauration d’un pass sanitaire simple est communiquée par les institutions européennes, mais ne sera lancé au mieux que mi-juin.
Les réservations sont faites maintenant… Par conséquent, un report massif des vacances dans le pays d’origine des consommateurs, plutôt qu’à l’étranger, est à prévoir.
Deuxième conséquence, on peut prévoir un afflux de réservations de dernière minute de touristes étrangers dès que le pass sanitaire sera vraiment installé, soit probablement fin juin.
Enfin, pour l’évènementiel, les foires et salons professionnels, les évènements d’entreprises, la reprise attendue sera beaucoup plus lente, probablement dans l’année 2022 pour les foires et salons, et sans doute plus lentement pour les évènements d’entreprises, car celles-ci continueront à privilégier les formules en ligne, moins couteuses.
Cette évolution dépendra grandement de la réaction des populations à la reprise normale des activités et à sa relation au risque de contamination.
À la seconde question, les réponses sont évidemment plus difficiles : que restera-t-il de cet énorme changement de nos vies, notamment dans nos pratiques de loisirs, mais aussi dans notre vie professionnelle ?
Pour les loisirs, il semble que la restauration devrait repartir très vite, dès la levée des contraintes sanitaires : peu de changements à prévoir dans cette activité donc.
Pour l’hôtellerie, l’apparition de labels pour garantir l’hygiène, et donc le renforcement du nettoyage, devrait suffire à retrouver de la sérénité pour les clients encore sensibilisés aux conséquences de cette crise. La vie en commun que requiert l’hôtellerie ne devrait pas être remise en cause.
Certains concepts de check in sans contact (via une digitalisation plus poussée) seront sans doute mis en avant par certaines enseignes, mais là-encore, la vie collective de la plupart des concepts hôteliers, et notamment des boutiques hôtels ou des concepts lifestyle très en vogue ne devraient pas être remis en cause.
La reprise des déplacements professionnels sera certainement plus longue et sera sans doute plus impactée par la crise traversée : moins de réunions avec déplacement, plus de « zoom meetings » !
Certains évènements corporate comme les séminaires d’entreprise, ou les formations en entreprise, vont être raccourcis et intégrer plus d’online.
La profession hôtelière devra prendre en compte ces évolutions dans son activité « Business ».
L’évènementiel sera, lui aussi, concerné par des évolutions de fond, avec des évènements sans doute plus courts et des compléments en ligne très développés (par exemple des mises en relations avant l’évènement entre participants, des webinaires avant l’évènement, des zoom meetings post-évènement, etc.).
Quels sont vos conseils pour cette jeune génération qui s’interroge sur ses choix de carrière ?
Étonnamment, cette période est sans doute l’une des meilleures pour rentrer dans le secteur du tourisme.
À court terme, les entreprises du secteur vont avoir besoin d’énormément de stagiaires pour faire face à la reprise d’activité. Un certain nombre de professionnels (notamment dans les saisonniers) se sont réorientés vers d’autres secteurs, créant un vide qu’il faut combler vite.
À moyen terme, certaines activités du tourisme vont devoir se réorienter. Il faudra développer sa capacité à réinventer des business models, à retrouver de l’attractivité sur de nouveaux concepts, à recréer de la différenciation.
Les étudiants qui intègrent aujourd’hui les formations en hospitality devraient privilégier les programmes intégrant la disruption, la digitalisation grandissante, l’hybridation de concepts, la gestion du changement.
Les formations « classiques » centrées sur l’acquisition de compétences opérationnelles seront moins prisées par les entreprises du secteur sur le long terme.
Cette jeune génération va bâtir le tourisme et l’hôtellerie de demain. Comment emlyon business school peut permettre à ses étudiants cette réinvention ?
Nous avons déjà intégré plusieurs séminaires sur l’hospitality de demain, comme le marketing digital (qui va bien au-delà des réseaux sociaux et de la gestion de booking ou de la Fourchette…) ou l’exploration des nouveaux concepts lifestyle dans un séminaire dédié.
Nous essayons de trouver un équilibre entre de nécessaires compétences professionnelles opérationnelles et l’acquisition de compétences nouvelles pour avoir une réelle valeur ajoutée dans sa carrière dans les entreprises de l’hospitality du futur.
Ces nouvelles compétences seront pour partie managériales (focus sur la gestion du changement, le management d’équipe hautement performante, le management de la diversité, la gestion d’équipes à distance, l’intégration de plusieurs concepts dans les business models, et donc de nouvelles compétences en finance, un marketing plus créatif, du design thinking, une réflexion stratégique renouvelée, plus dynamique et créative avec la « Méthode Océan Bleu » par exemple), et pour partie professionnelles (évolutions des plateformes de gestion hôtelière, nouveaux services digitaux, un revenue management intégrant l’hybridation des concepts, avec aujourd’hui bien sûr la restauration et les évènements festifs, mais demain peut-être aussi du retail…).
Nous sommes déjà sollicités par des professionnels de secteurs connexes, intéressés par ces nouvelles compétences, comme les start-ups en restauration (livraison, dark kitchen, festifs, …) ou dans le retail ou le luxe (qui lance depuis quelques années déjà des concepts en hôtellerie).
Bien sûr, des entreprises comme Citizen M en hôtellerie (un des exemples de stratégie disruptive développé dans « Océan Bleu ») ou des entreprises multinationales et multi-segments, comme Accor, s’intéressent à nos profils d’étudiants pour lancer leurs concepts de demain.
Nous développons aussi beaucoup la capacité entrepreneuriale de notre programme MSc in International Hospitality Management, qui est une des forces historiques d’emlyon, au travers de trois grands projets (un par trimestre) centrés sur la création d’un restaurant que les étudiants opèrent réellement pendant 3 jours, un concept d’hôtel disruptif présenté au siège d’Accor, et une mission de conseil avec une entreprise lors du trimestre à Shanghai ou à Las Vegas, avec une offre de cours spécialisée dans ce domaine.
Sylvie Leroy, éditeur enthousiaste depuis 1999 Sa passion pour l'hôtellerie de luxe, « une partition jouée à la perfection par un fantastique orchestre », conduit Sylvie Leroy à créer en 2004 le Journal des Palaces, quotidien en ligne dédié aux acteurs du secteur, avec des actualités, des offres d'emploi et des ressources utiles.