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TRISTAN RODRIGUEZ, VICE-PRÉSIDENT, HORUS : « CHAQUE NOUVELLE COLLECTION EST UNE REMISE EN QUESTION »

Dans l'univers concurrentiel de la robinetterie, Horus, une marque du groupe Kramer, s'est forgé une place de choix dans la robinetterie de luxe.

TRISTAN RODRIGUEZ, VICE-PRÉSIDENT, HORUS : « CHAQUE NOUVELLE COLLECTION EST UNE REMISE EN QUESTION »

Dans l'univers concurrentiel de la robinetterie, Horus, une marque du groupe Kramer, s'est forgé une place de choix dans la robinetterie de luxe.

Catégorie : Monde - Interviews et portraits - Produits et Fournisseurs - Fournisseurs - Interviews
Interview de Sonia Taourghi le 29-02-2024


C'est une aventure qui commence comme une évidence pour Manuel Rodriguez. Dans les années 70, l'ingénieur informatique, familier des cabinets conseils luxembourgeois et des gros comptes, ressent un besoin d'aventure, d'entreprendre. De ces années à conseiller, il garde un lien, le Comptoir de la Robinetterie. Une entreprise, qu'il portera tout au long de la révolution des marques de distributions. Complexes, normées, peu rentables, les MDD ne sont un succès que dans l'esprit ambitieux du nouvel entrepreneur au nez creux. Sentant le besoin des distributeurs de monter en gamme pour se protéger des marchés concurrents, Manuel Rodriguez rachète alors l'entreprise allemande Kramer, et à partir des années 2000, se spécialise dans la fabrication de robinetterie MDD.

L'entreprise se diversifie pour devenir une holding avec sa division immobilière, restauration et industrielle, la plus connue. À sa tête, Manuel Rodriguez et son fils Tristan ; l'entreprise devient une affaire de famille. C'est encore une fois, par un chemin détourné, qu'un Rodriguez, trouvera les chemins de l'usine, troquant la toge pour le costume d'entrepreneur industriel. Malgré son leadership dans la fabrication, et son implication dans le succès de grandes marques, Kramer est acteur de l'ombre. On est encore loin de l'épopée Horus, créée par Gilles Nortier et gérée par François Retailleau, et qui fera sortir le groupe au grand jour. « C'est compliqué de toujours fabriquer pour les autres », explique Tristan Rodriguez. Le rachat de Horus permet au groupe de fabriquer pour lui, enfin.

Fleuron du « made in France » et défenseur des valeurs de l'industrie française, Horus s'est imposé pour les projets les plus exigeants. Véritable accessoire de la salle de bain, la robinetterie est devenue une pièce clé dans le style donné aux pièces d'eau, qu'il s'agisse de résidences privées ou d'hôtels. Negresco à Nice, Ashford Castle en Irlande, Plaza Athénée ou Saint James à Paris, Ritz Carlton à Vienne… Ce ne sont là que quelques établissements, avec lesquels Horus a eu l'honneur de collaborer.

Avec un objectif à moyen terme de 15 millions d'euros, Horus veut garder sa mission intacte et s'assurer de maintenir l'équilibre entre l'excellence, les demandes du marché, et les enjeux RSE dans la gestion de ses activités. Tristan Rodriguez, aujourd'hui Vice-Président de Horus, dévoile au Journal des Palaces, les ambitions de la marque sur fond de leadership assumé, diversification, collaborations artistiques, écoute attentive du marché, et avancées technologiques.

Journal des Palaces : Kramer est avant tout un succès industriel. Comment s'est fait le tournant vers la robinetterie de luxe ?

Tristan Rodriguez : Mon père et moi-même avons une vraie sensibilité pour la robinetterie, mais une discussion nous a amené à nous demander si on continue d'étendre le groupe, de faire de la croissance externe et d'y croire. Ou on revend. Nous avons choisi de parier sur le futur.

Nous étions connus comme un groupe industriel mais pas en tant que marque. En achetant Horus, spécialisée dans le luxe et le haut de gamme, ça a très vite très bien fonctionné car il y a de vraies connexions : c'est un croisement entre l'artisanat et la puissance de frappe d'une société industrielle. Ce respect de l'artisanat, est aussi ce qui nous a poussé à récemment racheté le site de production de Jacob Delafon. On retrouve dans l'histoire de cette marque, détenue par Kohler, les premières traces de fabrication de céramique en 1899. Ce rachat nous permet aujourd'hui de construire notre propre céramique et de faire de Kramer un spécialiste et fabricant de robinetterie et céramique sanitaire made in France. Nous voulons nous inscrire comme une entreprise qui a pour mission de valoriser, transmettre, et renforcer ses savoir-faire français.

On a une marque pour le volume, Kramer, et Horus est nnotre offre luxe qui permet de proposer l'excellence. Pour mener à bien ce projet, il faut du volume, et des appareils qui tournent.

Comment définissez-vous Horus en 3 mots ?

Horus, c'est l'élégance. Nous prônons le quiet luxury qui nous tient à cœur, dans l'esprit français et pas clinquant.
La marque est labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, dont Horus assure la présidence sur le Grand Est. Ce label permet de promouvoir la fabrication française de très haute qualité et la préservation des savoir-faire français.
Le luxe, c'est l'exclusivité. Ce n'est pas lié au prix, mais vraiment à l'émotion exclusive que Horus procure à ses clients avec la personnalisation des produits et le niveau de service.

Quelles sont les particularités qui distinguent Horus d'autres acteurs de la robinetterie haut de gamme ?

Ce qui fait la différence chez Horus c'est notre style, classique et atemporel. Ce sont des tendances qui reviennent qui se marient très bien avec du contemporain. Nous avons aussi des produits en inox et minimalistes, mais le classique reste notre force.
Nos clients viennent aussi chercher chez Horus un niveau d'excellence. Nous avons un niveau d'expertise à part. Notre objectif est de continuer sur les valeurs d'élégance et d'exclusivité. La rénovation de l'hôtel Marignan avec Pierre Yovanovitch sur les Champs Élysées, a nécessité un bec spécifique, et des robinets personnalisés, et cela fait partie de nos services habituels.
Nos services sont aussi ce qui nous distinguent. Nous avons des hôtels qui reviennent 20 ans plus tard et nous sommes capables d'offrir des remplacements de pièces ou un service de restauration des produits.

La force du groupe derrière Horus est un vrai plus. Nous bénéficions de tous les laboratoires, hydrauliques et acoustiques, et sur la durabilité des produits et des traitements de surface. La synergie entre les différentes marques et sites de production nous permet de fabriquer tout ce que l'on veut en parfaite autonomie, en préservant la qualité des produits. Quand on pense luxe, on pense à la France, donc le made in France, et nous souhaitons rester cohérents face aux enjeux écologiques de responsabilités sociétales des entreprises. Nous sommes précurseurs dans cette démarche.

À quelle type de clientèle s'adresse Horus ?

Gilles Nortier, le créateur d'Horus, était passionné de fauconnerie, ses amitiés s'étendaient à des personnalités et princes d'émirats. Cela a commencé avec une demande robinet en or et de là, le service sur-mesure est resté dans l'ADN de la marque. Nous attirons les amoureux de la déco, et collaborer avec des architectes d'intérieur et des prescripteurs est naturel. Ils nous font confiance pour les projets de leurs clients.

Je compare toujours le robinet aux accessoires de mode. Quand on compose une tenue, on porte une attention particulière aux chaussures, au sac… Et quand on regarde une salle de bain, c'est incroyable ce que le robinet va apporter à une salle de bain. C'est le point de détail qui va faire la différence.

La céramique va jouer le même rôle. Depuis que nous nous sommes lancés dans la céramique, nous nous apercevons qu'il a ce même pouvoir dans une salle de bain.

Par la force des choses, notre avenir est plus que jamais axé sur la décoration d'intérieur, les architectes, prescripteurs et le yachting, qui demande une technicité particulière. Aujourd'hui, les hôtels de luxe sont parmi nos plus gros clients, et leurs exigences sont les mêmes que pour la prescription. Ce qui va faire la différence, c'est la personnalisation. Sur les pastilles en céramiques, on nous demande régulièrement d'intégrer le logo de l'hôtel par exemple. Plus vous montez dans l'exigence hôtelière, plus on va être sur une demande exclusive.

Ce qui nous permet de répondre à cette quête d'excellence, c'est notre profondeur de gamme en fonction des besoins techniques, la personnalisation des produits et le suivi de projet. Le moindre détail est important donc nous sommes au contact de nos clients sur la durée, et offrons une écoute et une réponse à chaque besoin.

Quelle est l'étendue de votre déploiement international ? Quels sont les pays avec la meilleure pénétration ?

Aujourd'hui, 50 % du chiffre d'affaires est réalisé à l'international. Les Etats-Unis, notre première cible, sont devenus notre plus gros marché international, grâce à Waterworks, qui nous distribue sous son nom, et nous a permis de nous mettre le pied à l'étrier. Je pense que l'attrait vient de notre variété, notamment sur le classique. Ce succès nous permet de distribuer nos produits via un autre distributeur, mais sous notre marque Horus.
Le Japon est notre deuxième plus gros marché international. Au niveau du style, la tendance est mixte, avec le less is more. Il y a un design japonais, une façon de faire japonaise. Le bain est plus ritualisé.
Nous intervenons depuis peu sur les Émirats Arabes Unis. Nous sommes très sélectifs et collaborons sur des projets qui nous correspondent à notre ADN.
Au global, Horus est présent dans 40 pays sur les différents continents.

Quelles sont les étapes de la sortie d'une nouvelle collection ?

Quand on pense à une collection, c'est une vraie remise en question sur les collections précédentes. Nous nous demandons comment surprendre nos clients ou quels sont les besoins de nos clients. On se demande donc quel marché on va cibler. S'il y a un type de produit qu'il faut sortir pour répondre à un besoin, c'est notre département Concept qui le prend en charge et fait en sorte de s'adapter aux tendances du moment.

Par contre, vous ne trouverez nos collections contemporaines et classiques nulle part ailleurs, avec toujours cette question de le faire en interne, ou en collaboration externe. Une collaboration peut apporter du sens et un message, comme avec Marc Hertrich au Negresco.
On attend aussi d'Horus qu'il soit précurseur en proposition de produits. Nous avons sorti il y a peu la collection Zéphyr qui est une vraie prouesse technique. Sur le principe nous n'avons rien inventé, mais ce produit est une représentation du grand streamline, cette recherche d'aérodynamisme, car il a fallu faire des outillages spécifiques, notamment sur le traitement de surface. En ce moment, nous sommes en train de travailler sur de nouveaux produits en céramiques, éco responsables. Nous avons toujours à cœur de moins consommer dans la fabrication de nos produits et d'être transparent dans notre bilan carbone. Nous voulons vraiment valoriser l'économie circulaire, et c'est un vrai sujet pour nos clients également.

À propos de l'auteur

Amoureuse des rencontres humaines, Sonia a d’abord développé une carrière dans les médias, avant de s'installer à Londres et de se réorienter dans l’envers du décor digital. Comme une vocation, elle a repris sa plume pour partager la passion et les ambitions de l’hôtellerie de luxe.

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