INTERVIEW – VÉRONIQUE BARIBAUD, PRÉSIDENTE AICR FRANCE : « EN VALORISANT NOS MEMBRES, NOUS VALORISONS LE MÉTIER »
« Le réceptionniste, pour moi, ne peut pas se cantonner à faire une arrivée et un départ, il y a bien d’autres choses à faire dans ce métier, comme la relation avec le client, la volonté de faire évoluer un chiffre d’affaires, la vente, et l’envie de faire plaisir » |
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INTERVIEW – VÉRONIQUE BARIBAUD, PRÉSIDENTE AICR FRANCE : « EN VALORISANT NOS MEMBRES, NOUS VALORISONS LE MÉTIER »
« Le réceptionniste, pour moi, ne peut pas se cantonner à faire une arrivée et un départ, il y a bien d’autres choses à faire dans ce métier, comme la relation avec le client, la volonté de faire évoluer un chiffre d’affaires, la vente, et l’envie de faire plaisir » |
Catégorie : Europe - France - Économie du secteur
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Interview de Vanessa Guerrier-Buisine le 14-06-2023
La fusion des deux sections historiques de l’Amicale Internationale des sous-directeurs et Chefs de Réception des grands hôtels, a attiré l’attention de la profession en mai dernier. La création d’une section France a pour ambition d’ouvrir l’amicale aux sous-directeurs et chefs de réception d'autres régions françaises. Une amicale qui repose sur l’entraide et sur la valorisation de la profession dans son ensemble.
À l’heure du choix d’un nouveau président pour la flambant-neuve AICR France, le vice-président Côte d'Azur et les membres de Paris ont souhaité à l’unanimité honorer le travail de Véronique Baribaud, directrice d’hébergement au Château de la Bégude à Opio. Déjà présidente de l’AICR Côte d'Azur depuis 2015, elle assiste depuis à tous les congrès internationaux et s’investit tant dans l’amicale que cette nouvelle mission lui revenait.
Le Journal des Palaces s’est rendu à la rencontre de celle qui porte désormais les couleurs de l’AICR France.Journal des Palaces : L’AICR Paris et Côte d’Azur viennent de fusionner. Pourriez-vous nous en dire plus sur cette fusion ?Véronique Baribaud : L’AICR a été créée en 1964 sur la Côte d'Azur, avant la section parisienne. Nous étions le seul pays à avoir deux sections régionales, puisque dans les 16 autres pays membres de l’AICR, il n'y a qu'une antenne nationale.
Depuis quatre à cinq ans, les liens se sont resserrés avec les présidents parisiens, Maud Pfluger, alors puis Arnaud Vermerie. En 2020, nous nous sommes retrouvés au congrès international de l’AICR en Pologne, et les sections internationales nous ont incité à créer la section France. L’idée a muri, et nous avons réalisé que les hôteliers qui ne sont pas à Paris ou sur la Côte d’Azur avaient probablement envie d’entrer dans cette amicale. D’autant que nos associations partenaires, les Clefs d’Or, l’AGGH ou le CDRE, sont, elles, nationales.
Lors du congrès de Baden-Baden en 2022, puis au Qatar en février 2023, le trésorier, le secrétaire général de Paris et moi-même, nous sommes posés et avons choisi de se lancer pour fusionner les sections Paris et Côte d’Azur et créer cette section AICR France.
Notre objectif est d'ouvrir des sous-sections dans d'autres régions de France.
Je suis entourée de David Echelard, vice-président, de Bruno Lanvin, secrétaire général national et Delphine Descamps, trésorière nationale, que je connais depuis plus de 20 ans, qui prendra également la casquette de trésorière adjointe pour le Congrès International en 2024.Quels objectifs vous fixez-vous dans votre fonction de présidente ?La tâche est importante. Il y a le congrès international en 2024, le concours du meilleur réceptionniste en novembre, des rapports à rendre à l'international, des réunions, l’organisation des soirées, de rencontres avec les partenaires.
Je suis partie pour un mandat de deux ans, durant lesquels je vais former, informer et donner l'envie à une autre personne d’accepter cette succession, sachant que je resterai toujours aux côtés des membres pour les aider.
Mon grand souhait, ce serait d’organiser une énorme soirée avec tous les membres, de Nice à Lille. Et l'autre objectif que l’on a aussi, avec les autres présidents d’associations que sont le CDRE, l’AGGH, les Clefs d’Or et l’AICR, est d’organiser une soirée exceptionnelle. L’objectif est de montrer à tous ces jeunes que ce métier est un très beau métier.
J’ai la chance d’être dans un hôtel dans lequel le directeur (Roger Godin NDLR) soutient l’AICR et me permet d’y consacrer du temps. Cet engagement me permet de montrer l’exemple.Combien de membres comptez-vous et quelles sont vos ambitions de croissance ?Nous sommes 85 à ce jour, mais des demandes d’autres régions commencent à arriver. Idéalement, nous aimerions capter une vingtaine de membres à Toulouse, une quinzaine à Bordeaux, etc., pour atteindre 150 membres d'ici à l'année prochaine.Qu’apporte concrètement l’AICR à ses membres ?L'amicale porte bien son nom, car j’y ai gagné beaucoup d'amis. Au-delà de l’aventure humaine, l’AICR est un réseau utile à ses membres.
Lorsque nous sommes à la recherche de collaborateurs, nous pouvons nous entraider. Lorsque nous recherchons des produits spécifiques, nous nous tournons les uns vers les autres pour gagner du temps. J’envoie un message sur notre groupe et, dans la demi-heure, j’obtiens des réponses.
Nous avons tous nos problématiques, mais, avec l’AICR, nous avons la chance de pouvoir partager. Un collègue qui souhaite changer de PMS (property management system NDLR) va m’appeler pour être sûr que les options qu'on lui propose sont les bonnes. Lorsqu’un membre souhaite passer au room directory digital, nous échangeons pour connaître les usages des uns et des autres.
C’est aussi l’entraide pour nos clients. Si un client désire aller à Paris, j’appelle et vice-versa.L’organisation du congrès international est un grand défi, comment avance ce projet ?Il est important pour nous de pouvoir nous développer à l'international, d’ailleurs la Chine nous rejoindra prochainement, pour porter à 17 le nombre de sections internationales.
Le congrès est un énorme dossier. Nous avons pratiquement finalisé le programme. Reste à trouver les partenaires nous accompagneront dans cette belle aventure. Recevoir 16 à 17 pays sur Nice est un gros challenge. Nous sommes revenus de tous ces congrès internationaux avec des étoiles plein les yeux.
Nous avons choisi un hôtel de Nice, accessible en tramway depuis l’aéroport de Nice, très bien situé et qui bénéficie de salles de conférences suffisamment importantes. La soirée de gala aura lieu dans un autre hôtel prestigieux de Nice.
Le concours international du meilleur réceptionniste aura également lieu, comme lors de chaque congrès international. Les gagnants nationaux s’affronteront lors d’une journée de compétition. J'ai moi-même été jury à Doha, c'était intense pour les 17 candidats.
Par ailleurs, nous allons également célébrer les 60 ans de l’AICR lors d’une soirée « années 60 », avec tenue d’époque.Quel regard posez-vous aujourd’hui sur le métier de réceptionniste ?J’associe toujours mon métier avec le « faire plaisir ». Dans l’hôtellerie, faire plaisir, faire évoluer les hôtels où l’on travaille est essentiel.
Ce qui a évolué, peut-être, pour les réceptionnistes actuels, c’est que ces métiers deviennent de plus en plus polyvalents. Le réceptionniste ne peut pas se cantonner à faire une arrivée et un départ. Il y a bien d’autres choses à faire dans ce métier, comme la relation avec le client, la volonté de faire évoluer un chiffre d’affaires, la vente, et l’envie de faire plaisir.Quels sont les parcours possibles pour devenir réceptionniste, puis chef de réception et sous-directeur ?Les écoles hôtelières sont un premier cap important. La technique est importante lorsque l’on débute dans ce métier. La pratique clôture ce cursus, c'est pour cette raison que les stages sont importants.
Les nouvelles générations veulent vite évoluer, sans toujours connaître le métier de base. J'ai commencé en stage, j'ai passé le balai et je passais commande des stylos et du papier. J'ai commencé dans ce métier sans études hôtelières, mais avec un diplôme de langues étrangères littéraires. J'ai évolué, je suis restée, j’écoutais pour apprendre.
Il faut faire ses armes, car lorsque l’on veut évoluer, il faut connaître tous les rouages du métier. Comment être un vrai manager si l'on ignore ce que son équipe fait ? Être manager ne s'apprend pas à l’école. C’est un métier que l'on apprend avec le temps. Cela implique de l'empathie, de l'écoute, de la patience, une envie de faire évoluer les personnes.L’AICR s’implique-t-elle auprès des écoles ? Comment ?Je suis personnellement en relation avec beaucoup d'écoles, comme le lycée hôtelier de Monaco, le lycée hôtelier Jeanne et Paul Augier à Nice, ou encore l’école Ferrières.
De plus en plus d’écoles hôtelières font appel à d'anciens professionnels pour enseigner le métier, ce qui est très positif pour le métier et pour l’apprentissage du métier.
Par ailleurs, nous allons impliquer les écoles pour avoir quelques jeunes sur l'accueil du congrès international. Enfin, certains de nos membres jouent le rôle de jury dans les écoles pour les BTS et autres.Quelles actions pourraient être mises en œuvre selon vous pour revaloriser le métier de réceptionniste ? Comment travaillez-vous cette attractivité du métier au sein de l’AICR ?Le concours est une action importante. En novembre, nous renouvelons le concours des professionnels et le concours des écoles, à l'intérieur des lycées hôteliers. Futurs réceptionnistes et chefs de réception participent alors à la même compétition que les professionnels. Nos candidats ont de 22 à 35 ans.
Nous organisons dans un premier temps le concours national, puis nous préparons notre candidat national pour passer le concours international. Nous faisons ainsi intervenir des écoles, des professeurs, des partenaires, qui vont les accompagner sur de la formation et de l'accompagnement, sur de la prise de parole en public. En effet, les candidats seront probablement amenés à parler devant 150 personnes, en anglais.
En parallèle de toute cette organisation, nous sommes actifs sur les réseaux sociaux. Actuellement, nous diffusons des portraits de nos membres, qui illustrent ce qu'ils font, pourquoi ils font ce métier. En valorisant nos membres, nous valorisons le métier. En voyant certains professionnels qui sont depuis 15 ans dans la même société, d'autres qui viennent de débuter, ou qui arrivent d’autres secteurs, et qui ont réussi, voir que d'anciens candidats du concours sont aujourd’hui chefs de réception.La gestion des plannings en horaires décalés est-il le défi principal en matière de recrutement et de fidélisation des réceptionnistes ? Quelles solutions existent pour faire évoluer cette question ?Je pense qu’il faut arrêter les plannings à la semaine pour les équipes. Il faut privilégier les plannings au mois, et pouvoir adopter des jours de repos fixes, en se réservant une flexibilité selon les besoins.
Il faut un équilibre entre travail et vie privée et ne pas connaître ses horaires pour la semaine suivante est délicat.Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui souhaite évoluer dans le secteur de l’hôtellerie de luxe ?Ne lâchez rien. Il y aura des obstacles, vous risquez de tomber, mais vous vous relèverez.
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