INTERVIEW - YVES GIACOMETTI, VICE-PRÉSIDENT RÉGIONAL EN ÉGYPTE POUR FOUR SEASONS HOTELS & RESORTS : LE MIDDLEMAN AU SERVICE DES AUTRES
« J'ai appris, au fil de mes déplacements, à ne jamais comparer un endroit à l’autre, je préfère fermer un chapitre et en découvrir un autre, et vraiment m'impliquer et embrasser l'environnement dans lequel je vis » |
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INTERVIEW - YVES GIACOMETTI, VICE-PRÉSIDENT RÉGIONAL EN ÉGYPTE POUR FOUR SEASONS HOTELS & RESORTS : LE MIDDLEMAN AU SERVICE DES AUTRES
« J'ai appris, au fil de mes déplacements, à ne jamais comparer un endroit à l’autre, je préfère fermer un chapitre et en découvrir un autre, et vraiment m'impliquer et embrasser l'environnement dans lequel je vis » |
Catégorie : Afrique Océan Indien - Égypte - Interviews et portraits
- Interviews - Les Leaders du secteur
Interview de Vanessa Guerrier-Buisine le 21-04-2023
Imprégné des valeurs de Four Seasons Hotels & Resorts, Yves Giacometti aligne une carrière de 38 ans au sein du groupe. Ce Français déterminé a écumé plusieurs continents, savourant le plaisir toujours identique de découvrir de nouvelles contrées, de rencontrer de nouveaux peuples, d’épouser de nouvelles cultures.
Du Mexique à la France, de l’Argentine à la Hongrie, chaque pays lui a offert son lot de bonheur et de perspectives personnelles et professionnelles.
Après 13 ans à la tête du Four Seasons Gresham Palace Budapest, il a rejoint l’Égypte en novembre dernier pour épouser la mission de ses rêves, celle de vice-président régional Four Seasons Hotels and Resorts Egypt et de directeur général du Four Seasons Hotel Cairo at Nile Plaza. Une mission qu’il relève avec brio et surtout avec le bien-être des clients et des équipes en tête.
Attentif au moindre détail, Yves Giacometti est surtout de ceux qui choisissent l’exemplarité pour motiver leurs troupes. Il mise sur la confiance en ses collaborateurs et ses directeurs généraux pour mettre en musique la stratégie du groupe à l’échelle régionale.Journal des Palaces : Vous avez mené des études de droit, pourquoi vous être orienté vers l’hôtellerie de luxe ?Yves Giacometti : Les études de droit m’ont offert une belle éducation, une belle expérience, une belle formation. J’ai toujours été très intéressé par ce que représentait l'hôtellerie. C'est un univers très diversifié. On touche à des choses très tangibles, mais aussi très analytiques, comme le marketing, la finance, les ressources humaines. On doit aussi s'appliquer dans la décoration, dans la restauration, dans les contacts humains, les relations sociales. Enfin, c’est une palette extraordinairement diversifiée qui fait que vous ne vous ennuyez jamais.Vous avez un parcours de 38 ans chez Four Seasons Hotels & Resorts, quelles sont les raisons de votre attachement à cette marque ?Ce qui vraiment me retient à la marque, c'est l'aspect humain qui m'a été présenté dès que j'ai eu mon premier contact avec la compagnie il y a 38 ans. Je n’ai pas du tout eu de surprise dans mon parcours avec Four Seasons qui, du jour au lendemain, pour quelque raison que ce soit, change de vision, de culture, d’approche. La philosophie de Four Seasons porte sur le respect de l'autre, l'écoute, la communication.
Cette compagnie a la réputation d'être la meilleure hôtellerie de luxe au monde. Nous avons toujours été très constants et très ancrés à notre philosophie et notre mission, mais aussi dans la confiance que l'on donne aux personnes avec lesquelles nous travaillons. Je continue à recevoir cette confiance de mes supérieurs, ce qui fait qu’on se sent très bien dans cette compagnie.
Nous nous sentons protégés, mais nous avons beaucoup d'exigences. C’est une société qui est très attentive aux besoins des clients, mais aussi aux besoins des employés.
C'est une société qui a très bien évolué au fil des décennies, en sachant s'ajuster aux exigences des clients. Nous avons constamment su ajuster notre produit, en maintenant une attention au détail et à la qualité.Quelle est pour vous la meilleure définition du luxe et ensuite de l'hôtellerie de luxe ?Le véritable luxe est un sentiment d'appartenance significatif, il est profondément ancré dans notre règle d'or. C'est une attention particulière à la façon dont les personnes veulent être traitées, ancrée dans l'attention authentique que vous ressentez lors d'un séjour dans l'un de nos hôtels et définie par notre culture sincère avec l'abondance de soins, d'attention et de service personnalisés que nous apportons à nos clients et l'amour, et l'attention que nous portons à nos employés.
Le vrai luxe ne doit pas être impersonnel ou rigide, mais il s'agit plutôt de créer un sentiment d'appartenance notable à travers des actes d'attention non scénarisés et la simple élégance de l'empathie.Comment vous imprégnez-vous des cultures locales pour rendre l’expérience plus authentique et riche dans vos hôtels ?J'ai appris, au fil de mes déplacements, à ne jamais comparer un endroit à l’autre. Je préfère fermer un chapitre et en découvrir un autre, et vraiment m'impliquer et embrasser l'environnement dans lequel je vis, que ce soit au Mexique, en Argentine, au Venezuela, en Hongrie, en Égypte.
Chaque pays offre des choses à découvrir. L'aspect humain est toujours une belle expérience. Chaque pays porte des valeurs et une histoire. C’est ce que j'essaie de rechercher, lorsque j'arrive dans un nouveau pays. M’imprégner de cette culture locale et la transmettre aux clients.
Je ne compare pas, car j’évite la nostalgie. J'essaie d'avoir cette attitude positive, créative, avec beaucoup de ressources, beaucoup de curiosité. Un peu me comporter comme un touriste. C'est mon jeu de société, de découvrir le charme de chaque pays.On dit de vous que vous avez l'art de savoir motiver vos équipes, quel est votre secret ?C'est l'exemplarité. S'il y a un papier par terre, je ne vais pas demander à quelqu'un d'aller le ramasser, je vais le ramasser moi-même.
Nous sommes tous là pour un même objectif : créer un environnement de bien-être aux clients et aux employés. Nous sommes tous participants et je me considère comme étant un participant, justement, de cette attention. Je dois être à l'écoute et faire ce qui doit être fait.
Ce n’est pas un secret, rien de très magique. C'est un métier qui est très exigeant sur beaucoup d'aspects et si on n'a pas cette attitude, d'être un exemple, d'être impliqué, on ne peut pas être heureux.
Je dirais que 99 % de mes collègues à travers le monde ont cette même approche. Nous faisons partie d'une grande équipe dans nos hôtels, et nous travaillons tous ensemble pour le bien-être des autres.Quel directeur général êtes-vous avec vos collaborateurs ?Je fais confiance à mes équipes de direction. Je délègue. J'aime toucher à tout, mais je ne suis un spécialiste de rien et c'est là que je me repose sur mes équipes et je leur fais confiance. J’attends beaucoup de transparence.
Dans ma façon de communiquer, je suis très direct, très transparent. Et, j'attends en retour le même échange. L'hôtellerie, ce n’est pas un homme, ce sont des équipes. C'est un petit village, beaucoup de choses se passent, il faut être présent partout, et c'est là que la confiance avec les équipes est primordiale.Vous êtes issu du milieu de la restauration, milieu qui rencontre des difficultés de recrutement, comment imaginez-vous l’avenir de ces professions ?Le COVID a malheureusement été un tournant marquant pour notre industrie. De nombreuses personnes se sont détournées de l'industrie.
Oui, c'est vrai, nous avons des difficultés, dans beaucoup de pays, si ce n'est dans tous les pays. Le recrutement est difficile, les personnes se sont retournées vers des industries plus stables que l'industrie hôtelière.
L'hôtellerie est une industrie qui travaille 7 jours sur 7, 24 h sur 24, avec des horaires flexibles et des rémunérations variables.
C’est à nous de recréer un environnement attrayant à tous les niveaux, y compris dans les conditions de travail que l’on peut offrir, dans les opportunités de développement, la formation. Nous passons beaucoup de temps à établir des programmes de formation pour les employés, à décliner des plans de carrière, quel que soit le niveau.
Nous avons des communications régulières avec les employés, pour qu'ils sachent quels sont leurs points forts, et où ils se situent au niveau de leur développement, des opportunités de transfert, etc.
Il y a tout un travail de relations publiques, qui doit être fait, non seulement en interne, pour sécuriser les employés que l'on a, mais aussi pour transmettre le message « revenez vers nous », d'une façon subliminale, au monde extérieur.
Four Seasons porte une grande attention à ce sujet.Comment le fait d’être vice-président régional change votre quotidien ? Quelles sont les missions additionnelles à votre poste de GM ?Dans mon rôle de vice-président régional, ici en Égypte, je m'occupe de trois hôtels (Il est GM du Four Seasons Hotel Cairo at Nile Plaza, et supervise les Four Seasons Hotel Cairo at the First Residence, Four Seasons Resort Sharm El Sheikh et Four Seasons Hotel Alexandria at San Stefano, NDLR).
Dans chaque hôtel, le directeur général se reporte à moi. J'ai aussi un peu la même approche, à savoir que je leur fais confiance.
Je suis un peu le middleman. Je suis là comme une ressource, comme un guide, pour m'assurer aussi qu’ils maintiennent les niveaux de standard. C'est un travail d'équipe, collectif, pour s'assurer que nous joignons nos forces.
La différence est que je ne peux plus me dédier à 100 % à mon hôtel. Encore une fois, j'ai une équipe en qui j'ai une grande confiance pour s'occuper de l'hôtel, ici, au Caire.Quel est le moment le plus marquant de votre carrière ?Quand j'ai été promu au poste régional, il y a cinq ans. C'est quelque chose sur lequel j'avais beaucoup travaillé, pas toujours avec succès, pour être honnête. J’ai dû attendre plus de 30 ans pour arriver à ce poste, mais j'étais déterminé. Je connaissais mes faiblesses. Je savais pourquoi je n'avais pas été considéré auparavant, donc c'était très ouvert, très transparent. À force de persévérance et en ayant le bon guide, la bonne préparation, ça a porté ses fruits.Quelle est la rencontre qui a marqué votre carrière ?La première personne qui m'a présenté Four Seasons, il y a 39 ans, Wolf H. Hengst. Il n’est plus dans l’entreprise, mais nous sommes toujours en contact. Tout au long de ma carrière, il m’a toujours suivi.
Je citerai évidemment le fondateur de la compagnie, Isadore Sharp.
J'ai souvent fait des rencontres qui ont définitivement marqué mon chemin.Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui souhaite épouser les métiers de l'hôtellerie de luxe ?D'être passionné par ça. Il faut savoir faire fi de beaucoup de choses et être passionné. Il faut vraiment avoir le bien-être des autres comme mission, avoir l'attention aux détails, l'intérêt des matériaux que l'on peut utiliser, de travailler en équipe, d'être très à l'écoute, d'être très attentif.
Écouter est beaucoup plus important, pour moi, que de parler.
La passion et l'écoute sont les clés pour pouvoir faire ce métier avec joie et bonheur.
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