REPORTAGE DE COMPLÉMENT D'ENQUÊTE : DE LA NUANCE AVEC LE TÉMOIGNAGE DE NICOLAS MESLET POUR PARTAGER SON EXPÉRIENCE AUPRÈS DES JEUNES (France)
L’émission Complément d’Enquête a diffusé un reportage intitulé « Infiltrée dans un palace, enquête sur les petites mains du luxe », un documentaire où les sous-entendus étaient nombreux et dommageables pour le secteur, une présentation qui manquait de nuance. |
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REPORTAGE DE COMPLÉMENT D'ENQUÊTE : DE LA NUANCE AVEC LE TÉMOIGNAGE DE NICOLAS MESLET POUR PARTAGER SON EXPÉRIENCE AUPRÈS DES JEUNES (France)
L’émission Complément d’Enquête a diffusé un reportage intitulé « Infiltrée dans un palace, enquête sur les petites mains du luxe », un documentaire où les sous-entendus étaient nombreux et dommageables pour le secteur, une présentation qui manquait de nuance. |
Catégorie : Europe - France - Économie du secteur
- Tendances, avis d'expert
Article rédigé par Sylvie Leroy le 22-12-2020
Soucieux de donner une vision plus équilibrée de la réalité, Nicolas Meslet a publié sur LinkedIn un témoignage pour partager son expérience auprès de tous les jeunes étudiants, tous ceux qui démarrent dans ces belles professions ou qui envisagent de le faire. Au Journal des Palaces, nous partageons complétement cette vision de l’hôtellerie de luxe, un secteur à la fois exigeant et enrichissant. Nous lui avons donc proposé de publier son témoignage également ici pour qu’il puisse être lu par les futurs talents. Le voici en intégralitéTémoignage suite au reportage de Complément d’Enquête, sur France 2 ce jeudi 17 décembre 2020.
Il y est fait un mauvais procès d’intention envers le monde de l’hôtellerie-restauration de luxe et particulièrement le monde du « PALACE » qui est l’un des fleurons de la France à travers le monde.
Nous sommes le seul pays au monde à avoir à ce jour 31 Palaces et à recevoir plus de 89 millions de touristes en 2018 ! Nous sommes enviés de tous pour notre attrait touristique. Hier, nous recevions les Grands de ce monde dans nos Châteaux et nos Demeures, depuis le début des années 1900, nous les recevons dans nos Palaces.
Les Palaces sont l’âme de notre pays. Leurs murs transpirent de notre histoire. Les lois de la France sont souvent débattues dans ces lieux avant d’être débattues au Parlement. Des contrats et des partenariats historiques ont vu le jour dans ces lieux. Les Palaces font travailler des fournisseurs dans beaucoup de domaines, des Vignobles, des Artisans, des Agriculteurs, des Meilleurs Ouvriers de France, des Compagnons du Devoir, mais aussi dans la Mode et le Design, dans les bijoux, dans l’automobile, bref la liste est longue.
Oui, nous sommes en France où l’on n’est jamais satisfait de ce que l’on a.
Oui, c’est une profession difficile avec des profils de poste élaborés avec précision.
Oui, c’est un secteur d’exigences et de contraintes, comparable à l’armée, où dans certains établissements le Luxe est une question de moyens où l’on se soucie peu du bien-être des employés et où seule la rentabilité compte ; cependant dans le monde du Palace, c’est une question d’élégance et d’éducation dans un seul objectif, que les employés de ces établissements ont en commun, est celui d’offrir l’Excellence à ses hôtes.
Oui, j’ai vu mes collaborateurs et mes supérieurs hiérarchiques se démener pour rentrer dans une compétition saine entre Palaces, afin d’offrir les meilleurs prestations et services à ses clients.
Oui, on court, on vole même, quand nous avons des hôtes de marque qui arrivent ; qui ne le ferait pas s’ils venaient dîner chez eux ?
Au début des années 2000, il n’y avait d’ailleurs que 6 Palaces sur la place parisienne, LE PLAZA-ATHÉNÉE, LE MEURICE, LE BRISTOL, LE GEORGE V, LE RITZ et LE CRILLON. La mention « PALACE » a vu le jour au mois de juillet 2009 afin de les distinguer des autres hôtels 5 étoiles.
La première fois que je suis arrivé sur Paris en 2002, je suis rentré dans tous ces palaces. On a poussé pour moi les portes-tambours donnant sur des halls majestueux. J’ai eu des entretiens d’embauches dans tous les palaces cités ci-dessus car je m’étais promis que je travaillerais dans l’un d’eux. A l’époque, on se battait pour rentrer dans ces maisons et on se battait pour offrir l’Excellence auprès de grands chefs de cuisine, de grands chefs de service et de grands directeurs.
J’ai toujours senti une bienveillance, un esprit d’équipe et une sécurité qui y règnent. Tous les jours, nous étions comme des sportifs de haut niveau qui s’entraînent pour une compétition à venir. Les Palaces ont été les premiers à mettre en place les 35 heures, à mettre en place les services de Ressources Humaines, à créer des Comités d’Entreprises, à offrir des avantages sociaux en plus des salaires, des intéressements sur les bénéfices, à mettre en place des formations adaptées, des équipes pour la Qualité de Vie au Travail, etc.
Je peux comprendre certains employés en détresse, mais cela est valable dans tous les secteurs professionnels et si jamais il y a des situations délicates bloquées, c’est aux inspecteurs du travail, aux médecins du travail et aux syndicats des professions de jouer leur rôle d’accompagnement dans ces moments difficiles, en partenariat avec les services de Ressources Humaines des établissements.
J’ai vu des dirigeants d’entreprises également dans le doute, avec les traits tirés suite à des nuits blanches, inquiets pour les lendemains de leur établissement. Ils restent des êtres humains comme tout le monde qui peuvent faire des erreurs, mais qui à la fin de la journée, pensent en priorité au bien-être de l’entreprise, de ses clients, et de ses employés.
C’est pareil pour nos grands chefs de cuisine étoilées dans nos maisons. Ils nous font aujourd’hui rêver dans leur cuisine avec des nouvelles recettes. En France, on les met au même niveau que les célébrités ou pour certains au niveau de star. Ce sont souvent beaucoup de sacrifices pour eux, car ils passent des heures pour nous émerveiller et élaborer de nouvelles recettes. J’en ai connu de nombreux, respectueux avec leurs équipes, avec leurs producteurs en région, où seule la symphonie des casseroles et les « Oui Chef ! » fusent, où leur seule intention, est de sublimer les produits venus de toute la France, montrant ainsi à nos hôtes, et à leurs équipes, que l’Excellence donne du « Plaisir ».
Suite au reportage visionné, je ne souhaite pas que ce jeune derrière sa télévision, qui vient de sortir d’une école hôtelière ou qui y est actuellement, puisse se dire que ce qui a été montré, à un instant T et en mélangeant tous les établissements qui n’ont rien à voir entre eux, que cela est le monde des Palaces.
J’ai été cet employé passionné qui a monté les escaliers quatre à quatre afin de placer l’accueil du client qui arrivait à la réception, car le room service était débordé ;
J’ai été ce manager qui a mis un coup de pression à ses équipes, comme un entraineur qui pousse ses sportifs à accélérer pendant un match, car il y a toujours des imprévus qu’il faut rectifier.
J’ai été ce dirigeant qui a fait monter une dizaine de personnes pour aider une femme de chambre à nettoyer une suite qui a été en travaux et qui a pris du retard (comme tout travaux) ; où les clients arrivaient dans une heure, où j’ai moi-même fait le lit et monté le champagne !
Mais dans tous ces moments, qui doivent rester exceptionnels, c’est pendant ces moments précis où j’ai pris du plaisir à être avec tout le monde ; c’est là où les équipes se soudent, comme dans une compétition de Formule 1, où l’on fait chauffer le moteur, où l’on gonfle les pneus, où on lave la visière du pilote, et où on lance la course ensuite ; quand ce même dirigeant a été heureux d’ouvrir la porte de la suite aux clients émerveillés par la beauté du lieu et par toutes les petites attentions qui leurs ont été réservés. Ça c’est le monde du PALACE ! Cette pression est saine lorsque qu’elle est contrôlée et encadrée, le tout dans un respect mutuel. Il ne faut pas confondre un coup de pression avec du stress ou du harcèlement subit de façon répété.
Dans tous les milieux de haut niveau, il y a de la pression. Une couturière en pleine « Fashion-Week » subit de la pression d’un designer talentueux qui joue sa carrière ; un chef pâtissier à la pression lorsque qu’il passe une compétition pour gagner un titre pour lui en premier lieu, mais aussi pour ses équipes et son établissement qu’il l’a accompagné. Il y a beaucoup d’exemples, ces gens-là on les voit à la télévision, ils nous fascinent et nous font tous rêver ! Ils ont tous après l’effort, cette même sensation de plaisir et de satisfaction du travail bien fait.
Le monde des PALACES, c’est toute une économie derrière. Des chefs d’État ou des princes et des princesses qui se rencontrent ; des grands chefs d’entreprise qui imaginent l’avenir, des célébrités qui s’y reposent avant un concert d’exception ; des reportages mettant en avant ce fameux « Art de recevoir à la Française » ; des entrepreneurs, des écoles, des formateurs, des recruteurs y passent, bref, la liste est longue !
A tous ces jeunes, à tous ces employés de Palaces, à tous ces managers inquiets pour leur lendemain, je veux leur dire que les Palaces ont survécus à deux guerres mondiales, à d’autres pandémies, à des attentats ; Ce sont des lieux neutres de paix où on ne juge jamais ceux qui y descendent ; Ces Palaces sont la vitrine de la France et ils sont là pour vous faire rêver ! Alors, reposez-vous, prenez du temps pour vous avec vos proches, car nous serons tous heureux de rallumer les fourneaux et de courir à nouveau ensemble.
Amitiés à tous les Palaces d’ici et d’ailleurs. Nicolas MESLET.
------------------------ Fervent défenseur des valeurs de l’hôtellerie-restauration de luxe, de l’art de recevoir et tout simplement de la passion de faire plaisir, Nicolas Meslet a fondé NM Palace Expériences après une longue carrière dans de prestigieux palaces et hôtels de luxe à Paris, Monaco ou encore Londres. Nicolas répond ainsi à une attente de clients privilégiés en quête d’élégance et de bien-être, mais aussi à un besoin de flexibilité et d’agilité des hôteliers-restaurateurs de luxe. Pour lui, il est important de mettre en avant le savoir-faire de la profession, sans oublier derrière cette mise en scène, toute une filière économique de professionnels, qui n’ont que « l’Excellence » à offrir.
L'avis du Journal des Palaces : Bien entendu, loin de nous l’idée de mettre la poussière sous le tapis et d’éviter d’aborder les sujets importants des conditions de travail, de la pénibilité ou du harcèlement. Comme Nicolas le mentionne très bien, les structures existent pour se défendre et remonter les expériences négatives, il ne faut pas laisser des comportements ternir la réputation du secteur. S'il est important que les choses se sachent, il faut aussi apporter de la nuance. Grâce à nos Pages Carrière, le Journal des Palaces est en première ligne et recueille de nombreux témoignages de candidats et de salariés tout au long de l'année. C'est ce qui nous permet aussi de les conseiller en fonction de leur profil, de leurs aspirations. Nous avons également mis en place en début d’année les recommandations et les avis pour que candidats comme recruteurs puissent remonter les informations importantes sur leur expérience lors du recrutement car il est essentiel pour nous que l’hôtellerie de luxe soit un secteur professionnel attractif et respecté pour ses bonnes pratiques.
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