Isabelle Anselot bouscule les codes du traditionnel peignoir de chambre en réinventant le manteau d'intérieur
« La mode n’est pas qu’une question de frivolité. Elle se partage et sait cueillir au vol des minutes de plaisir. »
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Isabelle Anselot bouscule les codes du traditionnel peignoir de chambre en réinventant le manteau d'intérieur
« La mode n’est pas qu’une question de frivolité. Elle se partage et sait cueillir au vol des minutes de plaisir. »
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Catégorie : Monde - Interviews et portraits
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Interview de Sylvie Leroy le 09-07-2018
Isabelle Anselot est guidée depuis toujours par une passion pour les voyages, les rencontres et le style de vie.
Après une belle carrière dans la haute-couture, le théâtre et le cinéma, elle bouscule aujourd’hui les codes du traditionnel peignoir de chambre en réinventant le manteau d’intérieur. Sublimé, mis en scène, le vêtement devient révélateur d’émotions et de bien-être.
Se sentir à l’hôtel comme à la maison est son credo et cela tombe bien puisque les plus beaux hôtels privilégient désormais l’appellation de maison de luxe ou de résidence familiale.
Inspirée par le banyan persan, le kimono japonais et la robe de chambre à la française, Isabelle Anselot imagine un vestiaire intérieur à l’élégance intemporelle, qui permet de passer avec bonheur de la sphère privée à la sphère publique, tout en harmonie avec le style de l’hôtel.
Rencontre avec l’artiste Isabelle Anselot
Pour mieux vous connaître et comprendre l’origine de votre entreprise Anselot Art-Design, pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel ?
J’ai fait mes armes chez Dior haute couture avant de me tourner vers le théâtre et le cinéma en tant que costumière et décoratrice. Je suis diplômée de la Chambre syndicale de la Couture Parisienne et de l’Ecole des Arts et Techniques, section Scénographie et décor de cinéma. J’ai travaillé avec Peter Brook, Raoul Ruiz, Robert Hossein, Philippe Lagarce, la compagnie Preljocaj, André Téchiné, Roman Polanski, Daniel Mesguish… pour n’en citer que quelques uns.
Ce parcours vous a conduit un jour à vouloir développer votre ligne de vêtements d’intérieur. Le vestiaire intérieur n’est plus dans les penderies de tout le monde et vous souhaitez redonner le goût du beau et du confort lorsque l’on rentre chez soi ?
Enfant déjà, ma sœur et moi, sous l’œil vigilant de notre père, au croisement de la lumière et de la nuit, entre chien et loup, là où les couleurs et les détails disparaissent, nous nous glissions avec bonheur dans ce qui s’appelait la robe d’hôtesse ou robe d’intérieur.
Les voyages, les rencontres et l’amour de la mise en scène m’ont conduit à développer cette ligne, non pour la maison mais pour l’hôtellerie.
En effet, je suis partie du constat que l’hôtellerie est aujourd’hui considérée comme une seconde maison dans laquelle la clientèle aiment aussi bien se reposer que recevoir ses amis.
Face à cette nouvelle émergence, j’ai ressenti un malaise : la problématique d’une tenue intermédiaire plus en adéquation avec la signature stylistique de l’hôtel se posait. Face à ce nouveau besoin, face à cette nouvelle façon de vivre, j’ai répondu en bousculant les codes du traditionnel peignoir de chambre, en réinventant le manteau de maison.
La tendance en hôtellerie de luxe est en effet d’être une maison, une résidence de luxe plus qu’un hôtel. Votre concept est tout à fait dans cette idée d’être à la maison lorsque l’on séjourne dans un hôtel de luxe et vous pensez que l’hôtellerie de luxe se prête tout à fait à ce retour du vêtement d’intérieur. De quelle façon ?
Absolument. A une époque très portée sur l’apparence, j’ai souhaité recréer ce juste équilibre entre corps, émotion et sensation. Entre ce moi «extérieur» et ce moi «intime».
Aujourd’hui, la clientèle hôtelière aspire à ce souhait de résidence secondaire. Là où le temps sait prendre son temps.
De plus en plus de services, espaces de soins, de détente, de convivialité et de travail, sont proposés, nécessitant dans ces différents espaces, des déplacements, dans lesquels la tenue intermédiaire y trouve tout naturellement sa place, loin du traditionnel peignoir blanc dont sa fonction première est de couvrir le corps d’une éponge absorbante après la sortie du bain ou de la douche.
Dans ce concept résidence secondaire, les hôtels offrent une différenciation par leur thématisation. Or thématiser, c’est créer un univers le plus harmonieux possible en racontant une histoire à travers une décoration, de la vaisselle, de la musique, des orientations écologiques, des saveurs… Dans cette magnifique harmonisation des lieux, j’ai constaté que l’hôte lui-même avait été oublié.
C’est pourquoi dans cette mise en scène, portant le Manteau d’Intérieur il n’est plus le simple spectateur d’un joli décor, mais devient acteur principal, le temps d’un séjour.
Cette nouvelle expérience vestimentaire réalisée selon les codes et références, propre à chacun des lieux, vient compléter l’offre, tout en incarnant la notion de temps, de confort et de bien-être. Elle contribue ainsi à cette part de rêve dans lequel apparait aussi un côté ludique.
Le vestiaire d’Anselot Art Design propose un retour à cet âge de la couleur et de la coupe ou l’expression personnelle prime sur celle de la société.
Votre gamme de vêtements peut-elle également convenir aux spas de luxe ?
Dans les spas, la serviette et le peignoir en éponge retrouvent leur fonction première. De plus les produits utilisés, crème, huile additionnés aux douches et aux bains obligent à des lavages à haute température.
Ma gamme de vêtement est proposée en tant que pièce supplémentaire participant au nouveau concept. Elle est semblable à une accolade sur nos épaules, elle n’appartient pas du tout au passé, mais ouvre plutôt de nouveaux horizons.
Le voyage et l’Asie sont clairement une source d’inspiration pour vous. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Inspirée par le banyan, manteau de la fin du 17ème siècle, de la robe de chambre à la française et du kimono japonais, j’ai créé mon vestiaire d’intérieur. Cette inspiration serait incomplète si je n’introduisais pas à la fois l’histoire même du nom ANSELOT et les origines du manteau d’intérieur. Au XVIIème siècle, la Hollande commerce avec le Japon. Après chaque traité commercial, les Japonais offrent des kimonos. Parallèlement dans les navires de la Compagnie des Indes, des étoffes de coton teintes et peintes connaissent un immense succès mais heurtent les intérêts des fabricants. S’ensuit la « querelle des toiles peintes ». Pour en finir, le Roi Soleil instaure la prohibition.
Par goût du risque, comme dans un jeu, la cour met un point d’honneur à se procurer quand même ces tissus. Parallèlement l’engouement pour le manteau ou robe de maison, inspiré du kimono japonais et du manteau que les marchands indiens, dit les Banias, portaient lorsqu’ils conduisaient leurs affaires, à l’ombre des arbres voit le jour. Fabriqué en France il sera le témoin de l’attention et du luxe accordé aux toilettes au sien des demeures.
Durant cette même période, un homme, de Tolesna, entreprenant, comme il n’en existe que dans les légendes, un goût de liberté aux lèvres, quitte le port de Lorient pour tenter sa chance aux Indes. Mais un jour de mauvaise fortune l’oblige à changer de nom, et l’anagramme Anselot, voit le jour.
Comme vous pouvez le constater, les voyages, les aventures et les prises de risques font partie intégrante de mon ADN !
Vous avez été présente au Salon Maison et Objet en janvier. Quelles sont vos prochains événements ?
Après Maison & Objet Paris en janvier, j’ai présenté en mai mes derniers modèles au salon EuroSphere à Ho Chi Minh. La prochaine étape sera dans les pays du Golfe en octobre.
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