Marine Billiard (Saint Honoré Cleaning) : Il faut revaloriser nos métiers (France)
Alors que l’hôtellerie de luxe a été confrontée récemment à des conflits sociaux, Saint Honoré Cleaning casse les codes et propose une autre vision du Housekeeping dans l’hôtellerie. Rencontre avec Marine Billiard, fondatrice de la société. |
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Marine Billiard (Saint Honoré Cleaning) : Il faut revaloriser nos métiers (France)
Alors que l’hôtellerie de luxe a été confrontée récemment à des conflits sociaux, Saint Honoré Cleaning casse les codes et propose une autre vision du Housekeeping dans l’hôtellerie. Rencontre avec Marine Billiard, fondatrice de la société. |
Catégorie : Europe - France - Interviews et portraits
- Interviews
Interview de Frédéric Abadie le 18-11-2014
Vous ne venez pas de l’hôtellerie de luxe, comment y êtes vous arrivée ?
Mon père était blanchisseur. Il fournissait de beaux établissements parisiens, alors quand un de ses clients lui a proposé de reprendre le service Housekeeping, il m’a embarquée avec lui. Nous avons créé Saint Honoré Cleaning et avons repris un 85 chambres en un mois.
Où se trouve votre originalité ?
Nous ne sommes pas uniquement une société de sous-traitance. Nous sommes une société qui propose des solutions de cleaning sur-mesure pour les établissements de luxe. Nous avons deux activités clés : la mise à disposition de personnel sur des contrats annuels ou pour des sorties de chantier et le conseil pour les hôtels autour des problématiques du Housekeeping (recrutement, optimisation du département, choix des produits et des matériaux, homologation ….)
Notre originalité se trouve dans notre méthode et notre vision. Dans un secteur où les contrats de sous-traitance sont parfois tels que la dimension humaine ne peut être valorisée, la profession dans son ensemble doit être réinventée.
Avec Saint Honoré Cleaning, je prends le contre-courant de tout cela. Selon moi, un employé mettra toujours plus de cœur à l’ouvrage s’il a du respect et de l’estime pour son employeur et nos clients. Il faut changer le management des métiers « sous valorisés ». C’est un travail de longue haleine mais passionnant.
Comment cela se traduit-il pour vos salariés ?
La moitié de mes équipes est déjà inscrite à une formation en anglais, français, ou gestes et postures alors que Saint Honoré Cleaning a ouvert il y a un an et demi. L’une de mes gouvernantes générales a reçu le prix AFPA (école de formation pour gouvernantes) de la meilleure reconversion professionnelle réussie. Nous offrons du muguet au 1er mai, des cadeaux à Noël et des chocolats à Pâques, nous connaissons les dates des anniversaires de chacun dans l’équipe. Je pense que nous ne sommes pas uniques mais nous essayons d’être une belle société avec des valeurs fortes.
Pourquoi les jeunes rêvent-ils de travailler à Google, Apple ou AirB&B ? Parce que ces entreprises prônent le bien-être au travail. Préserver les hommes et les femmes, c’est préserver son entreprise. C’est donc à nous, en tant qu’entreprise de nettoyage, de porter ces valeurs et d’assurer une qualité de service pour nos clients. Le management est un des piliers de la réussite.
Je préfère donc travailler avec des hôteliers qui partagent ma vision. C’est d’ailleurs pour défendre mes convictions que je propose du conseil aux hôteliers. En les aidant à mieux gérer leurs équipes, ils gagneront en cohésion de groupe, en bien être au travail. Il y aura plus d’investissement de son personnel et donc plus de qualité. C’est la simple loi du cercle vertueux.
Quel bilan tirez vous de ces deux ans d'activité ?
D'un point de vue financier, le bilan qui a été établi après 18 mois d'activité est positif. C'est un point important car avec un aspect financier solide et maîtrisé, je peux pérenniser les emplois dans le temps.
D'un point de vue humain, c'est une aventure incroyable. J'apprends beaucoup sur moi, on s'adapte pour créer une vraie équipe. Il n'y a pas que dans des start up innovantes où il peut y avoir de vraies valeurs d'entreprise. Nous avons aussi le devoir de s'assurer que les gens que l'on recrute aient envie de venir et surtout, de rester ! Et cela passe par des choses toutes simples, comme mettre à disposition des fruits pour tous les employés.
Comment voyez vous votre développement dans les années à venir ?
Nous avons débuté avec un gros client qui a su nous faire confiance en 2013. Aujourd'hui nous avons sept clients, notamment sur la partie conseil. J'aimerais atteindre une croissance de un ou deux beaux clients par an sur la partie externalisation et cinq à six clients sur l'aspect conseil. Nous commençons d'ailleurs à nous développer hors de Paris avec des projets d'accompagnement à la Réunion et dans le sud de la France. En parallèle, une envie de fondation dans les pays émergents reste profondément ancrée. L'idée est de permettre à des jeunes dans des pays en voie de développement d'être formés, d'avoir un vrai travail et d’être acteurs de la croissance économique de leur pays, tout en important ce fameux savoir-faire à la Française dans l'hôtellerie.
Je ne vise pas une croissance exponentielle. Je veux que Saint Honoré Cleaning reste à taille humaine pour rester proche de ses clients et de ses employés. Si je commence à ne plus connaître le prénom de certains de mes salariés, je devrai me repositionner pour ne jamais oublier mes valeurs premières.
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