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ALICE ET JERÔME TOURBIER, PROPRIÉTAIRES ET FONDATEURS DU GROUPE LES SOURCES : « EN FRANCE, IL Y A UN MANQUE D'OFFRE MÊLANT TOURISME ET ŒNOLOGIE »

Le couple travaille depuis plus de 20 ans à la mise en valeur des territoires viticoles, à travers leurs établissements ultra luxe. Le Journal des Palaces est parti à leur rencontre, sur la route des Sources de Cheverny.

ALICE ET JERÔME TOURBIER, PROPRIÉTAIRES ET FONDATEURS DU GROUPE LES SOURCES : « EN FRANCE, IL Y A UN MANQUE D'OFFRE MÊLANT TOURISME ET ŒNOLOGIE »

Le couple travaille depuis plus de 20 ans à la mise en valeur des territoires viticoles, à travers leurs établissements ultra luxe. Le Journal des Palaces est parti à leur rencontre, sur la route des Sources de Cheverny.

Category: Europe - France - Industry economy - Interviews and portraits - Tourism - Interviews - Industry leaders
Interview made by Romane Le Royer on 2025-01-31


Alice et Jérôme Tourbier, fondateurs et propriétaires de la collection des Sources, dans leur cadre bucolique de Cheverny

Alice et Jérôme Tourbier, fondateurs et propriétaires de la collection des Sources, dans leur cadre bucolique de Cheverny
Photo credit © Pierre Julien Morel / MP Studios


Pour Alice et Jerôme Tourbier, tout commence sur les bancs de l’école supérieure de commerce de Bordeaux, à la fin des années 1990. Jeunes diplômés de la désormais KEDGE Business School, et détenteurs d’un diplôme universitaire d’aptitude à la dégustation (DUAD) en œnologie, le tandem s’est lancé un pari osé : réunir leur passion dans une initiative commune.

Issue d’une famille d’entrepreneurs - sa sœur Mathilde Thomas et de son mari Bertrand sont eux-mêmes créateurs de la marque de produits cosmétiques de vinothérapie Caudalie - Alice Tourbier a surtout grandi entourée de passionnés d’œnologie. Ses parents, Daniel et Florence, ont fait l’acquisition du domaine et des vignes de Château Smith Haut Lafitte en 1990, à Martillac, terre de grand cru classé de Graves. Et c’est en face de ce domaine que le premier établissement estampillé « Sources » voit le jour, avec les Sources de Caudalie, en 1999.

« Caudalie », ce nom qui lie les deux sœurs, s’inspire du monde de l’œnologie et exprime la durée d’expression en bouche des arômes du vin. C’est directement imprégné de cet univers des vignes que le couple formé par Alice et Jérôme Tourbier se lance dans une aventure hôtelière, dans un lieu qu’il connaît. L’établissement devient rapidement un incontournable de la région et obtient la distinction Palace en 2016.

Fort de ce succès bordelais, Alice et Jérôme Tourbier ne tardent pas à imaginer une extension de leur concept. Mais loin de succomber à une expansion effrénée, ils privilégient un développement réfléchi, fidèle à leurs valeurs d’authenticité et de préservation du patrimoine.

En 2020, ils ouvrent Les Sources de Cheverny, en Val de Loire. Ce second établissement, situé au cœur d’un domaine viticole chargé d’histoire, reprend les codes qui ont fait le succès des Sources de Caudalie : une hôtellerie de caractère, où le luxe se conjugue avec simplicité et nature. Le projet s’inscrit dans une volonté de valoriser les savoir-faire locaux, en mettant à l’honneur les produits du terroir et en collaborant avec des artisans et producteurs de la région ligérienne. Le Favori, le restaurant étoilé de l’hôtel, propose une cuisine authentique et locavore, tandis que le spa des Sources, by Caudalie, invite à une parenthèse de bien-être inspirée des rituels vinicoles, comme à Martillac.

Alice et Jérôme Tourbier incarnent une vision singulière et audacieuse de l’hôtellerie de luxe, ancrée dans l’authenticité, l’élégance et l’art de vivre à la française. Depuis plus de vingt ans, le couple de passionnés s’attache à créer des lieux d’exception où le bien-être, la gastronomie et le patrimoine viticole s’unissent dans une harmonie parfaite. Entrepreneurs visionnaires, ils ont su imposer leur signature dans l’univers de l’hôtellerie haut de gamme, en façonnant des établissements qui allient raffinement et simplicité, luxe et nature, hospitalité et terroir.

Au-delà de leur quête d’excellence, ils se positionnent comme des précurseurs d’une hôtellerie plus respectueuse de l’environnement. Dès la création des Sources de Caudalie, premier palace écolabellisé, ils mettent en place une approche écoresponsable : énergie verte, circuits courts, réduction des déchets, permaculture… À Martillac, comme à Cheverny, chaque établissement de la collection adopte des pratiques durables, visant à minimiser son empreinte écologique tout en valorisant les ressources locales.

Alice et Jérôme Tourbier ont accordé un entretien au Journal des Palaces dans lequel ils évoquent notamment les défis rencontrés dans cette aventure hôtelière, mais aussi les perspectives d’avenir de leur collection.

Journal des Palaces : Quelle est la genèse du groupe des Sources ?

Alice Tourbier : Nous nous sommes lancés dans cette aventure avec du bon sens, avec l’envie de faire plaisir. Nous étions jeunes, et un peu ouverts à tout, mais nous voulions travailler côte à côte avec nos équipes, pour les autres. L’hôtellerie était une bonne manière de réunir ces ambitions.

L’objectif, dès le départ, n’était pas de se contenter d’un seul hôtel. Notre connaissance et notre amour pour le vin nous ont donné envie de garder ce lien dans notre vie, puis dans nos hôtels. Si nous avons passé un DUAD, c’était pour donner de la profondeur à notre dégustation, et pour mieux comprendre le travail réalisé par notre chef sommelier. Nous gardons cette mainmise sur la restauration, et sur le vin, ce qui nous a permis de regrouper une grande variété de métiers passionnants et que nous sommes en mesure de comprendre. Nous avons commencé par la région bordelaise, que nous connaissons bien, avec Caudalie à Martillac, puis la région Val de Loire, avec Cheverny. Deux très grandes régions de la route des vins.

En pratique, nous nous sommes naturellement réparti les rôles : Jerôme est en charge de la partie ressources humaines, de la gestion des équipes et de la restauration. De mon côté, j’ai pris en main la partie communication, la décoration et la gestion du service clients.

Comment votre enfance et vos études à la faculté d’œnologie de Bordeaux ont-ils influencé vos choix dans l’hôtellerie ?

Alice Tourbier : On s’est rendu compte rapidement que ce qui rendait unique Les Sources de Caudalie, c’était cette connexion directe au vignoble, de voir cet art de vivre au cœur des vignes que le monde entier nous envie. Le vin est le fil conducteur de nos maisons, cette culture vinicole est imprégnée, même sans parler de la boisson. Nous développons ce lien à table, bien sûr, mais aussi la vue que l’on a sur les vignes. Nous souhaitons être au cœur des vignes, pour organiser des visites et des dégustations. Les Sources de Cheverny disposent notamment de cinq hectares de vignes de Romorantin.

Nos deux établissements ont le privilège d’avoir des chefs sommeliers, qui peuvent, par exemple, proposer des initiations à la dégustation. Et, évidemment, le Spa by Caudalie, qui utilise les brevets de la marque aux extraits de vignes et de raisins, toujours au cœur de cette culture viticole.

Comment votre expérience à Martillac a-t-elle nourri le lancement des Sources de Cheverny ?

Alice Tourbier : Nous avons d’abord ouvert un autre hôtel, en 2008, Les Étangs de Corot, à Ville-d’Avray. Nous proposions déjà une expérience inspirée des Sources de Caudalie, mais sous la forme d’un quatre étoiles, ce que nous avons souhaité changer dans les projets qui allaient suivre. L’hôtel disposait de deux restaurants, dont un étoilé au guide Michelin, et un spa. Ce qui nous manquait, c’était justement cette destination vignes, avoir des viticulteurs comme voisins et comme partenaires.

C’était aussi une destination orientée séminaires, du fait de sa proximité avec Paris et Versailles. En semaine, nous avions une très grande majorité d’entreprises, et une population de Parisiens le week-end. Nous nous sommes donc séparés de cet hôtel juste avant le Covid, ce qui a probablement été salvateur, vis-à-vis des conséquences sur le secteur.

Nous nous sommes donc concentrés sur notre nouvelle destination ligérienne, à Cheverny, en revoyant notre copie. C’était plus simple de créer des loisirs, et c’est une destination très stratégique : l’hôtel se situe au cœur du triangle d’or entre Chenonceaux, Chambord et Blois, et à cinq minutes du château de Cheverny. C’est cet emplacement qui permet à nos clients de passer un plus long séjour, parce qu’ils peuvent visiter les quatre châteaux sur le même déplacement. En parallèle, nous avons développé des activités propres à notre maison, des vélos en location, du yoga, des cours avec des coachs sportifs. Chacun peut trouver son bonheur.

Quels ont été les principaux défis que vous avez pu rencontrer ?

Alice Tourbier : Notre plus grand défi est toujours de réussir à faire parler de nos destinations. Aujourd’hui, les Français nous connaissent mais les Américains nous découvrent. Et c’est pour cela que nous travaillons avec les agences de voyages de luxe, pour construire cette confiance.

Les étrangers ne connaissent pas forcément les châteaux plus petits de France, en dehors de Versailles et de Chambord. Les agences sont très heureuses de recommander à leurs clients d'aller dans une région à laquelle ils ne pensaient pas. Ils cherchent à la fois la déconnexion, et le tourisme vinicole. Quand ils viennent dans un hôtel des Sources, ils savent qu’ils retrouveront une destination gastronomique, que le vin fera partie de l’expérience. Mais, par exemple, le Val de Loire est moins développé en tant que destination œnologique, comme Bordeaux ou la Bourgogne. C’est avant tout un tourisme d’histoire, qui attire le visiteur. Donc nous avons noué le contact avec les viticulteurs présents aux alentours pour organiser des visites, pour favoriser ce partenariat : nous proposons les différentes maisons, et ces maisons attirent aussi une clientèle vers nous.

Quelle évolution avez-vous observée depuis la création du groupe, tant dans les attentes de vos équipes que de vos clients ?

Jérôme Tourbier : Nos équipes attendent beaucoup de leur entreprise, peut-être plus qu’avant. Par exemple, l’éco-labélisation, c’était très important pour nous en termes de valeurs et de convictions, mais aussi pour nos équipes. Une évolution aussi, c’est le regard porté sur les efforts en matière d’environnement.

Dans tous nos établissements, notre luxe, c’est l’environnement dans lequel on évolue. C’était important pour nous de faire passer cet engagement par un label : réduction des énergies utilisées, élimination des plastiques à usage unique. Nos collaborateurs se sont très largement mobilisés autour de cette cause noble, nous avons été le premier palace à obtenir cette labélisation. On a très souvent opposé luxe et écoresponsable. Je pense qu’au contraire, les palaces doivent montrer l’exemple.

En tant que propriétaires, le lien avec les directeurs de vos maisons est crucial. Comment parvenez-vous à partager vos valeurs au quotidien ?

Jérôme Tourbier : Aujourd’hui, ce sont nos équipes qui portent le mieux notre message. Même si nous nous rendons sur place un maximum, ce sont nos meilleurs ambassadeurs. Nous leur transmettons nos valeurs, et ensuite eux font ce travail de transmission.

Dans notre recrutement, même si nous cherchons à apporter de la jeunesse, il nous faut aussi des personnes expérimentées, qui ont des kilomètres au compteur et qui savent comment nous fonctionnons. Il y aussi ce passage de témoin quand nous ouvrons un nouvel hôtel : nous avons fait grandir les Sources de Caudalie pendant une vingtaine d’années.

À l’ouverture des Sources de Cheverny, l’hôtel avait la capacité de se passer de nous pendant des périodes plus prolongées, le temps de faire grandir ce nouvel établissement. Il faut toujours accompagner ses adresses, même en ayant deux, cinq ou dix hôtels. À Bordeaux, nos managers apportent de la qualité, mais également nos équipes opérationnelles, qui sont là depuis longtemps et qui ont la possibilité de prendre des initiatives.

Vous allez ouvrir, en 2025, deux nouvelles Sources, à Gilly-lès-Cîteaux et à Isenbourg, le début d’une réelle collection des Sources. Quelles sont les prochaines étapes de développement du groupe des Sources ?

Jérôme Tourbier : Nos maisons vont rester au cœur de leur environnement : quatre maisons pour quatre grandes régions viticoles : Bordeaux, Loire, Alsace et Bourgogne. Comme à Caudalie et à Cheverny, cette culture du vin passe par le verre, mais aussi par la visite de sa région, de sa géographie et de ses vignobles.

Au-delà de ces régions, nous aimerions compléter notre collection des hôtels du vignoble avec la région Provence et la région Champagne. En France, il y a un manque d’offre mêlant tourisme et œnologie, qu’il n’y a pas dans les pays voisins, comme en Espagne et en Italie. Nous souhaitons avant tout nous concentrer sur la France, mais nous ne fermons pas la porte à un développement international. Il ne faut pas vouloir acquérir pour acquérir.

Avec Alice, nous sommes impliqués jusqu’au choix de la petite cuillère donc il y a un temps incompressible à accorder à chaque établissement. Les maisons atteignent un niveau qui nous va de plus en plus rapidement, mais pour la Bourgogne qui ouvre dans un an, on sait que les deux premières années de vie de la maison, c'est comme un bébé, il faut bien s’en occuper.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut faire carrière dans le secteur de l’hôtellerie de luxe ?

Jérôme Tourbier : Il faut savoir oser dans le luxe, ne pas en avoir peur. Il faut aussi savoir prendre le temps de se former, ne pas être impatient et profiter lorsque l’on maitrise un poste. J’aime à penser qu’il faut rester trois ans dans un poste pour le maitriser. La première année, on découvre, la deuxième, on commence à s’imposer et la troisième, on maitrise parfaitement. Si on croit en une maison, il ne faut pas avoir peur de lui être fidèle.

Souvent, les jeunes qui sortent d’études font jusqu’à 30 ans ce qu’il « faut faire » dans une carrière et se posent la question ensuite de ce qu’ils veulent faire. Je pense que c’est une question à se poser dès le début, trouver quelque chose qui nous fasse vibrer. Donc il faut se laisser le temps de comprendre ce que l’on veut, en n’ayant pas peur de l’échec.

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Jeune journaliste, Romane s'épanouit dans le secteur de l'hôtellerie de luxe et ultra-luxe et ses lieux exclusifs, mais aussi ses acteurs dont elle apprécie l'excellence, le sens du service et le sourire quotidien.

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