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THIBAUT DREGE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU FOUR SEASONS GEORGE V : « NOUS VOULONS CONTINUER L'HISTOIRE TOUT EN Y ÉCRIVANT UN NOUVEAU CHAPITRE » (France)

Thibaut Drege fait son grand retour dans le palace parisien, après l'avoir quitté en 2023, en tant que directeur général cette fois. Il revient avec le Journal de Palaces sur sa quête perpétuelle de l'excellence et sa vision du futur de l'hôtellerie de luxe.

THIBAUT DREGE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU FOUR SEASONS GEORGE V : « NOUS VOULONS CONTINUER L'HISTOIRE TOUT EN Y ÉCRIVANT UN NOUVEAU CHAPITRE » (France)

Thibaut Drege fait son grand retour dans le palace parisien, après l'avoir quitté en 2023, en tant que directeur général cette fois. Il revient avec le Journal de Palaces sur sa quête perpétuelle de l'excellence et sa vision du futur de l'hôtellerie de luxe.

Category: Europe - France - Careers - Interviews and portraits - Appointments - Interviews - Industry leaders
Interview made by Romane Le Royer on 2024-12-04


Thibaut Drege DG Four Seasons George V

Thibaut Drege est le nouveau directeur général du Four Seasons George V
Photo credit © Ilya Kagan / Four Seasons Hotel George V

Né à Paris, Thibaut Drege a toujours cultivé un lien intime avec sa ville natale, qui a forgé les premières étapes de sa carrière hôtelière. Diplômé de l’École hôtelière de Lausanne en Suisse, il entame son ascension chez Hyatt, où il se distingue dans divers établissements parisiens, comme le Park Hyatt Paris-Vendôme ou le Hyatt Regency Paris-Madeleine, avant de poursuivre sa carrière à l’international. En 2009, il s’envole pour la Chine comme assistant directeur de la restauration, puis revient en Europe pour prendre la direction de la restauration de l’Intercontinental Genève, où il reste deux ans. Son expertise gastronomique chinoise et française le conduit en 2014 au Shangri-La Paris, où il supervise l’ensemble de l’activité de restauration de l’hôtel qui vient alors d’acquérir la distinction Palace.

Mais, Thibaut Drege nourrit une ambition : intégrer le groupe Four Seasons. Ce rêve devient réalité lorsqu’il rejoint pour la première fois, en 2018, le Four Seasons Hotel George V, Paris comme directeur de l’hôtel, où il supervise les opérations, sous l’égide de Jean-Claude Wietzel. Régulièrement rénové, l’hôtel dévoile à cette époque de nouvelles suites de prestige, un tout nouveau spa et centre de fitness de 720m2 et embellis ses salons de réception. Il occupe ce poste d’hotel manager pendant quatre ans, avant de se voir proposer par Four Seasons un poste de directeur général en Hongrie, au Gresham Palace Budapest. Une première expérience à ce poste, dans « l’un des plus beaux hôtels du groupe ».

Cependant, son attachement au George V le ramène à Paris, où il devient directeur général à la suite de celui qui l’avait accueilli en 2018, puisque Jean-Claude Wietzel est désormais aux commandes de l’ensemble des hôtels Four Seasons de la zone Europe. Thibaut Drege prend ainsi les rênes d’un palace qu’il considère comme un véritable écrin d’excellence et souhaite incarner une vision raffinée de l’hospitalité, alliant tradition, innovation et un amour inaltérable pour la ville lumière.

Quelques semaines après l’officialisation de sa nomination à la tête du palace parisien, le Journal des Palaces est parti à sa rencontre, dans les dorures du salon de L’Horloge.

Journal des Palaces: Comment est née votre passion pour l’hôtellerie de luxe ?

Thibaut Drege: J'ai toujours eu la volonté d’évoluer dans l’univers de l’hôtellerie de luxe. C'est une envie que j’ai développée très tôt, motivé par cette passion que j'avais de la gastronomie et de la restauration, et par une envie de travailler avec des artisans qui soient toujours dans la recherche d'excellence.

Pour moi, cette quête d'excellence est un véritable moteur : chaque jour, je me lève en me disant combien ce que nous faisons tous au quotidien est extraordinaire, mais que l’on peut également continuer à tendre vers toujours plus haut.

Selon moi, travailler dans une maison telle que le George V est une chance absolument incroyable. Au-delà de l'aura et de la réputation de l’hôtel en tant que tel, c'est surtout l'opportunité de pouvoir travailler avec des professionnels qui, chacun dans leur domaine, ont une expertise inégalée, et dont le savoir-faire nous permet d’apporter cette maison vers l'excellence, à tous les niveaux. C'est cette quête permanente d'excellence qui me passionne.

Une excellence à tous les niveaux, donc?

Effectivement, ce n'est pas exclusif à la restauration. Vous avez au George V une décoration absolument extraordinaire, qui est en plus l'ADN de la maison, et qui est l’œuvre de Jeff Leatham, notre directeur artistique qui est mondialement connu.
Bien sûr, il y a également le volet gastronomie, porté chez nous par des professionnels extraordinaires, en cuisine comme en salle. Nous avons également l’une des plus belles caves qui existe à Paris, et une équipe de sommeliers formidable qui continue de se challenger, d'aller faire des concours pour devenir meilleur sommelier de France, d'Italie, d'Europe, peut-être du monde, un jour!

Il y a, enfin, le volet hébergement, et l’excellence de notre savoir-faire en matière d’accueil de nos clients, de préparation de la chambre, de services proposés et de qualité de leur séjour.

À tous les niveaux, il y a le même souci d'excellence dans le travail que l’on fait au quotidien.

Comment votre carrière a-t-elle été inspirée par vos postes à l’étranger?


C’est toujours bien d'aller se confronter, d’aller se challenger dans des expériences qui sont diverses et internationales. Que ce soit la Chine, ou plus récemment à Budapest, ces moments de ma carrière ont été fondateurs dans la vision que je porte aujourd’hui. Il est passionnantde se confronter à des marchés différents, alors même qu’ils sont situés sur un même continent ! Par exemple, à Budapest, promouvoir la destination était un enjeu très fort pour nous, hôteliers, afin d’attirer nos clients et de les encourager à séjourner en Hongrie. À Paris au contraire, nous sommes portés par le dynamisme de la destination: la démarche est très différente.

Après un premier passage au George V, vous êtes donc parti un an et demi à Budapest, pour revenir en septembre dernier. Qu'est-ce qui a le plus changé, pour vous comme pour l’hôtel?


Je pense que, personnellement, cette expérience m’a fait beaucoup évoluer. Une première expérience, notamment de direction générale, c'est toujours extrêmement intense et extrêmement positif. J’ai d’ailleurs nourri un lien affectif très fort avec le Four Seasons Hotel Gresham Palace, qui reste gravé dans mon cœur comme le tout premier hôtel que j'aurai eu l’honneur de diriger dans ma carrière.

Concernant l’hôtel, et Paris, je pense qu’en deux ans, ceux-ci n’ont pas changé fondamentalement, mais ont évolué, et sont à l’aube d’un nouveau chapitre, que ce soit pour la destination Paris, après cet événement absolument extraordinaire qu'ont été les Jeux olympiques, ou pour le George V, qui continue sa transformation.

Nous avons fait des choses formidables cette dernière décennie et qui s’inscrivent parfaitement dans l'héritage laissé par mon prédécesseur, Jean-Claude Wietzel, mais je suis convaincu que l’hôtel a encore beaucoup de choses à écrire. C’est d’ailleurs ce à quoi je vais m’atteler avec nos équipesdans les prochains mois, dans les prochaines années: continuer cette histoire tout en écrivant un nouveau chapitre.

Pour cela, nous avons une chance extraordinaire: celle d’être accompagnée par des propriétaires qui nous soutiennent dans nos projets, et nous poussent à nous réinventer en permanence. Inspirer des choses nouvelles, se remettre en question, cela est naturellement dans l'ADN de cette maison qui est toujours désireuse d’aller de l’avant et de proposer une offre différente, inédite sur le marché, dans une quête permanente de l’excellence. C’est dans cette continuité de remise en question et de quête de l’excellence que je m’inscris.

Quelles sont les prochaines échéances pour le George V ?


Notre hôtel se réinvente en permanence. En 2018, à mon arrivée en tant que directeur d’hôtel, nous avons rénové l'ensemble des salons de réception, rouvert le spa, ouvert de nouvelles suites. Nous menons également très régulièrement des travaux d’embellissement de nos chambres et de nos suites, pour continuer à soutenir cette quête d'excellence pour nos clients.

Nous avons également accéléré ces dernières années notre démarche écoresponsable. Il faut mettre un bâtiment qui date de 1928 aux normes environnementales, ce que nous faisons à chaque fois que l’on embellit nos espaces. Nous développons par ailleurs de nombreuses initiatives solidaires, si bien que nous avons obtenu la double certification BREEAM, avec un niveau excellent sur le bâti et sur la manière dont on opère l'hôtel et qui fait de nous un leader mondial dans l’hôtellerie de luxe 5 étoiles.

Comment s’est opéré concrètement cette évolution en termes d’écoresponsabilité?


En motivant à tous les niveaux les équipes, en se posant la question de savoir comment on peut faire pour avoir un impact qui soit bénéfique, en termes de sourcing, par exemple, et qui est quelque chose de clé. Nous avons une économie extrêmement circulaire. Le restaurant Le George utilise en grande partie des légumes produits dans notre potager à Versailles, et qui est entretenu par des personnes qui sont en réinsertion professionnelle. Tous nos déchets organiques sont également récoltés pour être transformés en compost.

Nous avons aussi un comité qui s'appelle Four Seasons For Good et qui réunit un représentant par département. L’objectif est de réfléchir au plan d'action que l'on peut mettre en place pour travailler sur la dimension environnementale, mais aussi sociale. L'année dernière, par exemple, nous avons pu nouer beaucoup de partenariats grâce à ce comité. Nous travaillons, par exemple, avec une association, les Hôtels Solidaires, avec laquelle nous distribuons des uniformes, des lits, des draps que l’on n'utilise plus.

Comment ces changements ont-ils été acceptés par vos équipes?


Nos équipes, et notamment la nouvelle génération, sont énormément portées par ces démarches. Si nous avons structuré et cadré la dynamique générale, la motivation et l’engagement sont venus très facilement parmi nos équipes, qui ont été - et continuent - à être force de propositions sur ces sujets. Très vite, chacun dans son domaine d'expertise a commencé à réfléchir à l’empreinte écologique, à la démarche responsable que nous portons partout dans l'hôtel. À partir de ce moment, les équipes sont devenues force de propositions, avec des idées extrêmement innovantes et créatives, et surtout, des idées justes, concrètes, car issues de leur vie quotidienne, et qu’ils pourront mettre en place.

Aujourd'hui, les jeunes générations se posent de plus en plus la question de savoir quel est l'engagement que nous portons. Cette question, elle est également fondamentale et est le point central de notre motivation et du travail que nous menons à tous les niveaux.

Le George V compte aujourd’hui six étoiles, réparties sur l’ensemble de vos restaurants. Comment comptez-vous développer et maintenir la qualité de votre offre de restauration?


Nous voulons continuer à faire briller cette maison et continuer d’être une destination gastronomique internationale. Aujourd'hui, nous avons la grande fierté de pouvoir faire sous un même toit briller six étoiles Michelin et de pouvoir donner à nos chefs, mais aussi nos équipes de salles, les moyens nécessaires pour atteindre un tel niveau d’excellence. C’est important pour nous de soutenir et d’accompagner nos équipes pour qu’elles puissent exprimer tous leurs talents. C’est également important de leur faire les retours, positifs ou négatifs, parce que cette quête d'excellence que nous portons doit aussi s’accompagner de remise en question et de challenge.

Maintenir la qualité de notre offre, cela passe également par cette volonté de porter une identité forte pour chacun de nos restaurants: une identité qu’ils ont la liberté d’exprimer aussi bien à travers leur savoir-faire que celui des artisans avec lesquels ils travaillent, qu’ils soient producteurs, céramistes, vignerons ou maraichers.

Si l’époque où les palaces étaient en permanence à la recherche d’une étoile Michelin est relativement révolue, au George V, nous continuons à nous inscrire dans cette démarche, qui fait partie de notre ADN et qui, nous le pensons, répond également à la recherche que nos clients ont lorsqu'ils viennent à Paris, qui est l’un des berceaux de la gastronomie mondiale. Nous souhaitons être un acteur majeur à cet égard en ayant des expériences gastronomiques qui soient variées.

Tout peut être mis en œuvre pour faire du George V une destination dans la destination qu’est Paris?


Absolument! Au-delà de la gastronomie, pour laquelle nous sommes connus et reconnus, il y a également une expertise absolument extraordinaire en termes de sommellerie, une démarche au niveau du bar, au niveau de la mixologie qui est également quelque chose de très important. Nous avons cette volonté de pouvoir, de façon extrêmement régulière, proposer des nouvelles choses à nos clients. Nous avons cet été, à l’occasion des JO, implanté un terrain de basket au cœur de l’hôtel. Cela va au-delà de l’hôtellerie et de la gastronomie, nous voulons offrir une expérience. Je crois énormément à cette idée d'expérience: qu'elle soit gastronomique, qu'elle soit liée à la destination, nous devons donner l'opportunité à nos clients de pouvoir vivre ces expériences inédites.

Selon vous, quels sont les principaux défis et opportunités auxquels fait face le secteur de l'hôtellerie de luxe ?


Je reste extrêmement optimiste par rapport à l'avenir de l'hôtellerie de luxe. Nous sommes des experts dans le fait de pouvoir délivrer et proposer à nos clients quelque chose qui est intangible, qui est une expérience, qui est un souvenir de leur passage à Paris.

Ce côté intangible est quelque chose qui, dans le monde du luxe, est de plus en plus recherché. Nos clients ont envie de construire des souvenirs, et il est donc de notre devoir de les aider à créer des émotions. C’est une logique qui, je pense, anime l’hôtellerie de luxe dans son ensemble, ce qui nous permet de regarder l'avenir avec beaucoup d'optimisme.

Les défis auxquels nous faisons face sont évidemment liés aux dynamiques géopolitiques, qui ont forcément un impact sur les flux, sur le tourisme et sur la propension d’un marché à se déplacer ou à avoir envie de voyager.

Pourriez-vous citer quelques rencontres professionnelles qui ont marqué votre carrière ?


Dans un établissement comme le Four Seasons George V, qui a rouvert il y a 25 ans, les personnes qui m'inspirent le plus sont l’ensemble de nos équipes, qui portent un engagement total au Georges V. Il est immensément inspirant de voir que nous avons des équipes qui, pour nombre d'entre elles, sont là depuis le premier jour et cherchent au quotidien à se dépasser, à aller au-delà des attentes de nos clients. Les personnes qui m'inspirent le plus sont les personnes qui font la magie de l’hôtel. Qu’ils soient ou non en contact avec nos clients, ce sont ces artisans qui font fonctionner l’hôtel et qui créent cette émotion que nos visiteurs recherchent précieusement.

Également, à mon arrivée dans le groupe Four Seasons, j’y ai découvert une philosophie absolument unique portée par un homme que j’ai eu la chance de rencontrer, le fondateur du groupe, Isadore Sharp. Encore aujourd’hui, à 93 ans, il porte cette idée d'innovation, cette énergie et cette motivation à réinventer, comme il l'a fait depuis le premier jour, l'hôtellerie au niveau mondial.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut faire carrière dans le secteur de l’hôtellerie de luxe ?


Mon conseil serait de ne se donner aucune limite et de véritablement se fixer des objectifs, qu'ils soient de carrière ou qu'ils soient d'excellence. Je pense que tous ceux qui sont arrivés au sommet ne se sont pas donnés de limite, quelle qu'elle soit: géographique, de carrière, d’ascension. Mon premier directeur général a commencé sa carrière en tant que portier et avec le temps, est devenu directeur général d'un des plus grands hôtels de Chine. Il faut chercher cette excellence, quel que soit le métier, peu importe la tâche, quel que soit le moment dans votre carrière et donner le meilleur de soi-même pour pouvoir apprendre. C'est croire en soi qui est essentiel.

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Jeune journaliste, Romane s'épanouit dans le secteur de l'hôtellerie de luxe et ultra-luxe et ses lieux exclusifs, mais aussi ses acteurs dont elle apprécie l'excellence, le sens du service et le sourire quotidien.

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