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CARRIÈRE – THOMAS MATRAT, DIRECTEUR DES VENTES EN EUROPE, HILTON SEYCHELLES : « QUAND ON COMMENCE À TRAVAILLER À L'ÉTRANGER, C'EST COMPLIQUÉ DE REVENIR EN FRANCE »

Dans une interview dédiée à son expérience globale, le Français nous guide entre conseils et retours d'expérience, pour tirer profit de chaque moment de sa carrière.

CARRIÈRE – THOMAS MATRAT, DIRECTEUR DES VENTES EN EUROPE, HILTON SEYCHELLES : « QUAND ON COMMENCE À TRAVAILLER À L'ÉTRANGER, C'EST COMPLIQUÉ DE REVENIR EN FRANCE »

Dans une interview dédiée à son expérience globale, le Français nous guide entre conseils et retours d'expérience, pour tirer profit de chaque moment de sa carrière.

Category: Africa Indian Ocean - Seychelles - Careers - Interviews and portraits - Career - Interviews
Interview made by Vanessa Guerrier-Buisine on 2024-08-08


Thomas Matrat, Cluster Sales Director Europe, Hilton Seychelles

Thomas Matrat, Cluster Sales Director Europe, Hilton Seychelles
Photo credit © Hilton Worldwide

Nous avons pu saisir un des rares instants de calme dans la vie professionnelle de Thomas Matrat pour nous entretenir avec lui sur son parcours et sa vision d’une carrière internationale. L’occasion de découvrir l’attachement de cet esprit libre à une hôtellerie qui lui offre une richesse relationnelle, culturelle et professionnelle.

Avec son sourire contagieux, sa gentillesse naturelle et sa spontanéité rafraîchissante, Thomas Matrat incarne la quintessence de l’hospitalité. Il n’est alors pas étonnant que ce soit au contact, sur le terrain, que le directeur des ventes s'épanouit le plus. Là, il excelle à nouer des relations solides et durables, sur des salons professionnels, lors de workshops ou lors de visites clients.

Ce Bourguignon de 32 ans commence sa carrière après un BTS Responsable Hébergement au Lycée François Rabelais de Dardilly. Ses premières expériences le mènent en Corse et dans les Alpes, avant qu’il ne s’installe à Paris, au Pullman Montparnasse. Ambitieux et déterminé, il poursuit ses études au CMH de Paris, obtenant une licence en Management International de l’Hôtellerie, puis profite d’un stage au Portugal pour intégrer le groupe Hilton. Le Conrad Algarve sera son tremplin. Il s’envole alors pour les Maldives en 2017. Là, il évolue rapidement dans les ventes, consolidant son expertise et son penchant assumé pour les resorts de luxe.

De retour au Portugal, il s’essaie à d’autres groupes d’hôtellerie de luxe, mais se retrouve tant dans les valeurs de Hilton qu’une opportunité l’incite à prendre un nouvel envol vers les Seychelles. Aujourd'hui directeur des ventes pour les six hôtels Hilton du pays, Thomas Matrat navigue entre l’Europe et les îles tropicales. Séduit par les valeurs et la modernité d’Hilton, il a trouvé dans l’entreprise américaine un terreau propice à son épanouissement personnel et professionnel.

Thomas Matrat a partagé avec le Journal des Palaces son enthousiasme et son expérience de Français de l’étranger. Découvrez comment l’homme allie professionnalisme et humanité pour déployer une carrière internationale dans l’hôtellerie de luxe.

En quoi consiste votre mission actuelle au sein du groupe Hilton aux Seychelles ?

Je suis en charge des ventes des hôtels Waldorf Astoria Seychelles Platte Island, Mango House Seychelles LXR Hotels & Resort, Canopy by Hilton Seychelles Resort, Hilton Seychelles Northolme Resort & Spa, Hilton Seychelles Labriz Resort & Spa et DoubleTree by Hilton Seychelles Allamanda Resort & Spa, sur le marché européen.

Je voyage beaucoup pour trouver de nouveaux clients et également maintenir les relations avec nos partenaires actuels. Ma principale mission est d’atteindre les objectifs demandés pour les six hôtels, en appliquant de nouvelles stratégies, guider mon équipe repartie sur toute l’Europe dans ce cadre.

À travers mes voyages professionnels conséquents en Europe, je m’efforce de séjourner aux Seychelles chaque trimestre. Je passe alors deux à trois semaines sur place, pour découvrir les nouveautés des hôtels, rencontrer les équipes, m’immerger dans la vie locale. C’est le meilleur moyen de bien promouvoir les hôtels lors des salons, workshops, et visites clients que j’effectue en Europe.

À quel moment avez-vous ambitionné une carrière dans l’hôtellerie de luxe et à l’international, et quelles étaient vos motivations ?

J’ai commencé mes études en hôtellerie, car mon rêve était de travailler pour le Ritz à Paris, cet hôtel m’a toujours fasciné. Si je n’ai pas rejoint le Ritz, de nouvelles opportunités se sont présentées, notamment aux Maldives.

Les stages à l’étranger étaient obligatoires dans ma formation. Je suis donc parti en Écosse et au Portugal très jeune. Le fait de rencontrer de nouvelles personnes et de nouvelles cultures m’a enchanté. Le monde est magnifique et il y a tellement à découvrir. Dans mon esprit, envisager une carrière dans l’hôtellerie de luxe en France m’aurait contraint à choisir Paris principalement. J’étais plus attiré par les resorts, les îles tropicales. J’aime vendre du rêve.

Lorsque le directeur général de l’hôtel Conrad Algarve dans lequel je travaillais m’a parlé d’un poste qui s’ouvrait aux Maldives, j’ai saisi immédiatement l’opportunité. J’avais besoin d’un changement radical, et je fais rarement dans la demi-mesure. Je souhaitais rester et évoluer au sein de la marque Conrad, les Maldives répondaient donc à toutes mes attentes. Pour moi, c’était à la fois un moyen de sortir de ma zone de confort en quittant mon mode de vie actuel, et de garder un équilibre de travail en restant au sein du groupe Hilton.

Pourquoi cette volonté de rester au sein du groupe Hilton ? Quelles sont les valeurs du groupe qui vous séduisent tant ?

Le groupe est vraiment dans l’air du temps, contrairement à certains groupes qui font figure de vieux dinosaures. Hilton se modernise, évolue. C’est surtout un groupe qui met le salarié au cœur de tout, de ses programmes de tarifs préférentiels pour le personnel, aux perspectives d’évolution, en passant par les programmes de formations pour se développer, comme pour devenir GM. Hilton nous donne toutes les clefs pour grandir et réussir.

La reconnaissance est une vraie valeur au sein du groupe. Le prix du CEO, The CEO Light & Warmth Award, valorise des salariés qui se sont illustrés. Nous nous sentons reconnus et importants, dans tout le groupe Hilton, pas uniquement au sein de chaque marque.
Par ailleurs, il existe un programme très enthousiasmant, une task force permettant d’aller prêter main forte à un autre hôtel du groupe, lors d’une ouverture, par exemple, un autre moyen de valoriser la force des salariés et d’encourager la solidarité dans tout le groupe. Cette initiative s’intègre pleinement dans les objectifs ambitieux en matière de RSE que s’est fixé le groupe, une stratégie qui prend d’autant plus de sens aux Seychelles, à tout un territoire et tout un écosystème sont à préserver.

À quoi n’étiez-vous pas préparé ? Y a-t-il, dans ce cadre, une astuce que vous auriez souhaité connaître avant votre départ pour l’étranger ?

Hormis l’aspect administratif, je pense que la plus grande difficulté que j’ai rencontrée était le choc des cultures. Aux Maldives, je n’étais pas préparé, j’ai dû m’adapter aux différentes cultures, religions et perspectives différentes entre immigrants et population locale. Le Ramadan, largement célébré aux Maldives, incluant les temps de prière dans le cadre du travail, a été un des temps forts de cette adaptation. Cette immersion dans les coutumes locales m’a offert une plus grande ouverture aux différentes religions et cultures, à la diversité du monde.

Il en est de même depuis que je travaille aux Seychelles. Bien que le français soit l’une des langues officielles du pays, c’est une culture bien créole, au rythme de la vie des îles. Il est important de comprendre que, même si je travaille et que j’ai mon permis de travail aux Seychelles, je ne suis pas Seychellois.

Un point sur lequel j’ai dû m’adapter est la différence de traitement et de protection d’un pays à l’autre. La protection de l’emploi, les conditions salariales, le confort européen, la Sécurité sociale, la retraite, ne sont pas les mêmes, voire n’existent pas ailleurs, il faut donc prévoir.

Quels sont selon vous les bienfaits, et éventuellement les défis d’une expérience à l’international ?

On se retrouve facilement isolé, loin de nos proches et amis, mais très vite, de nouvelles personnes rejoignent notre cercle de connaissances. J’ai pu considérablement améliorer mon anglais, puisque, dans mon cas, l’immersion est plus bénéfique dans mon apprentissage que le système scolaire.

C’est un luxe de partir travailler à l’étranger, de découvrir de nouvelles méthodes, des stratégies différentes d’une destination à l’autre et d’un établissement à l’autre. Cela nous donne l’opportunité de voyager tellement également, car, lorsqu’on travaille dans un pays loin de France, on peut visiter des pays proches de notre lieu de travail, mais qui sont aussi éloignés de la France.

La communauté française de votre destination est-elle importante ? L’intégration locale se fait-elle aisément ?

L’intégration se fait très simplement. En règle générale, si vous travaillez dans l’hôtellerie, vous êtes de nature sociable et amicale, ce qui facilite les choses. Je n’étais pas entouré de Français aux Maldives, mais aux Seychelles, la communauté française est plus importante. J’ai tendance à préférer me mêler aux locaux pour être pleinement en immersion dans le pays.

C’est toujours agréable d’échanger avec d’autres Français sur nos expériences, mais je préfère connaitre des gens du monde entier qui enrichissent mon savoir sur les différences culturelles et religieuses. Pour cela, je me montre toujours curieux et pose de nombreuses questions aux locaux, qui voient alors que je m’intéresse sincèrement à eux, et m’intègrent naturellement.

Vous vivez entre l’Europe et les Seychelles. Qu’appréciez-vous le plus dans la vie aux Seychelles sur les plans professionnel et personnel ?

En comparaison avec les Maldives, qui est une île hôtel dont on sort rarement, aux Seychelles, il y a une pléiade de possibilités. On peut se mêler à la vie locale, sortir au cinéma, aller faire du shopping, cuisiner, faire de la randonnée, etc. J’adore, par exemple, nager le matin au lever du soleil pour un début de journée positif. J’apprécie également beaucoup d’aller dans des restaurants locaux ou encore d’échanger avec mes collègues sur des plats typiques, pour pouvoir les reproduire ensuite.

Du point de vue professionnel, j’apprécie le fait que l’équipe soit très soudée. Nous gérons six hôtels, pour un contingent de 408 chambres. Cela nécessite d’être organisés et minutieux. Il y a quelques mois, toute l’équipe commerciale et de direction a été remaniée, et nous sommes repartis de zéro. Le chef des ventes joue un rôle capital dans notre cohésion d’équipe. Et même si je suis le seul Français au sein d’une équipe multiculturelle, unissant des personnes d’Afrique du Sud, des Seychelles, d’Allemagne, de Maurice, etc., nous sommes tous soudés par le défi que nous relevons depuis notre arrivée.

Quels conseils donneriez-vous aux professionnels de l’hôtellerie de luxe qui souhaitent travailler à l’étranger ? Et aux jeunes qui débutent leur carrière ?

Je leur dis de foncer ! Il ne faut pas avoir peur, car c’est une expérience inoubliable et tellement enrichissante.
Je leur conseille également de penser à leur retraite, de cotiser. Il faut pour cela se rapprocher de la caisse de retraite des Français de l’étranger pour ne pas perdre ses droits. Une personne de mon entourage est partie aux États-Unis pour quelques années, et, à l’âge de la retraite, doit travailler plus longtemps pour récupérer leurs années perdues. Cela peut sembler ne pas être une priorité au début de notre carrière, mais c’est pourtant un choix important à anticiper. C’est dommage de ne pas le faire et de regretter plus tard, car on travaille alors intensément toute notre vie, pour ne pas pouvoir en profiter quand il est temps de terminer sa carrière.

Quand on commence à travailler à l’étranger, c’est compliqué de revenir en France, car on y prend vite goût, et des opportunités s’ouvrent très vite.

Plus largement, quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut faire carrière dans l’hôtellerie de luxe ?

Je recommande de ne jamais hésiter, d’accepter de sortir de sa zone de confort et d’être ouvert à la critique. Nous commettons tous des erreurs, mais nous apprenons de ces erreurs, comme lors de l’apprentissage d’une nouvelle langue.

L’hôtellerie de luxe est un monde à part, qui nous ouvre tellement de portes et nous permet de nous épanouir. Pour entrer dans l’hôtellerie de luxe, il faut être passionné et désireux de nouvelles aventures.

Comme l’hôtellerie de luxe est une industrie onéreuse, les budgets pour réaliser les rêves ou désirs des clients sont conséquents. De ce fait, on prend un réel plaisir à organiser ce que l’on promet, et c’est satisfaisant.

Il faut cependant être fort d’esprit et courageux pour le faire. Il faut saisir la première opportunité, car elle sera un tremplin. C’est un prestige de travailler dans le luxe et c’est un monde merveilleux pour les passionnés.

Vue aérienne de Platte Island

Vue aérienne de Platte Island
Photo credit © Waldorf Astoria Seychelles Platte Island




Pavillon d'arrivée du Waldorf Astoria Seychelles Platte Island
Photo credit © Waldorf Astoria Seychelles Platte Island



Le restaurant Moulin du Waldorf Astoria Seychelles Platte Island
Photo credit © Waldorf Astoria Seychelles Platte Island



Coucher de soleil au Waldorf Astoria Seychelles Platte Island
Photo credit © Waldorf Astoria Seychelles Platte Island



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Journaliste experte de l’hôtellerie de luxe et inspirée par les femmes et les hommes qui l'incarnent, Vanessa aspire à valoriser et sublimer la beauté et l’élégance des palaces à travers ses écrits. “Dans un palace, la simplicité sert la quête de l’excellence” admire-t-elle.

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