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CARRIÈRE - GUILLAUME-ALEXANDRE FERRAUD, DIRECTEUR GÉNÉRAL À DUBAÏ : « J'AI DÛ M'HABITUER AU MULTICULTURALISME » (United Arab Emirates)

Il y a presque un an, le Parisien Tropézien a posé ses valises à Dubaï, et ne compte pas la quitter. Retour sur le parcours atypique et plein de surprises du directeur général.

CARRIÈRE - GUILLAUME-ALEXANDRE FERRAUD, DIRECTEUR GÉNÉRAL À DUBAÏ : « J'AI DÛ M'HABITUER AU MULTICULTURALISME » (United Arab Emirates)

Il y a presque un an, le Parisien Tropézien a posé ses valises à Dubaï, et ne compte pas la quitter. Retour sur le parcours atypique et plein de surprises du directeur général.

Category: Middle East - United Arab Emirates - Careers - Interviews and portraits - Career - Interviews
Interview made by Sonia Taourghi on 2024-07-31


Guillaume-Alexandre Ferraud sur une terrasse face à la Dubaï Creek

Guillaume-Alexandre Ferraud sur une terrasse face à la Dubaï Creek
Photo credit © Sonia Taourghi / Journal des Palaces

Dans la chaleur d'une terrasse de Dubaï, Guillaume-Alexandre Ferraud me reçoit pour un déjeuner et une discussion ouverte sur son parcours. Arrivé dans la ville en 2023 pour diriger l'Arabian Boutique Hotel, le français est aujourd'hui prêt à relever de nouveaux défis dans la ville dont il est tombé sous le charme.

Une ville idéale pour qui veut tenter sa chance avec quelques contacts, de l'ambition et une force de travail à toute épreuve. Un portrait qui résume bien le professionnel avec 25 ans d'expérience… dans la publicité et l'évènementiel. « Je n’ai pas fait d'école hôtelière, j'ai étudié le droit pendant deux ans, et j’ai travaillé très tôt : cinq ans dans la publicité, 20 ans chef d’entreprise, puis salarié en hôtellerie pour la première fois passé mes 40 ans à Saint-Tropez. »

Pour la jeune génération qui vise une carrière dans l'hôtellerie, il est catégorique sur la nécessité de faire une école hôtelière pour la formation et « surtout pour le réseau". Une vérité que les membres d'association d'anciens élèves confirment, et dont il a lui-même bénéficié via son réseau personnel.

Au travers de notre discussion, se dessine l'itinéraire d'un enfant loin d'être gâté, qui s'est construit une carrière faite d'envies, de divers talents, de rencontres. Un profil aventureux comme Dubaï en nourrissait par milliers il y a 15 ans, et qui désormais doit composer avec une ville plus mature, et un marché hôtelier concurrentiel qui ne cesse de croître. Entre désillusions et belles opportunités, Guillaume-Alexandre Ferraud offre un regard réaliste sur son parcours de reconverti et ses conseils d'expatrié.

Journal des Palaces : Pouvez-vous résumer votre parcours ?

Guillaume-Alexandre Ferraud : Dans les années 90, j’ai travaillé dans la publicité, sans faire d'études, et en 2002 j’ai monté mon agence de tourisme d'affaires que j’ai dirigée pendant plus de 10 ans. Nous organisions des séminaires, congrès, voyage de presse, etc. Je pense que c’est de là qu'est venu le virus de l'hospitalité.
Quand j'ai vendu mon agence en 2012, j’ai réfléchi à ce que je voulais faire, et décidé de réaliser mon rêve de 20 ans : j’ai ouvert un restaurant à Paris, dans le 16ᵉ, tout près de l’arc de triomphe. C'était en 2013.
Malheureusement, ce qui m’avait plu dans l'idée d’avoir un restaurant quand j’avais 20 ans n'était plus les mêmes : la société et le métier a évolué. Les attentes et les habitudes des clients ne sont plus les mêmes. Et les troubles politiques, avec des actes de vandalisme, ont fini par avoir raison de moi. En 2020, j'ai fermé l'établissement. Deux jours après la signature de l'acte de vente, l'État annonçait le confinement…

Qu'est-ce qui vous a attiré vers l'étranger ?

J’ai eu la chance d'avoir des parents qui m’ont mis dans des écoles dans lesquelles on faisait des voyages très jeunes. Mon activité de tourisme d'affaires qui me faisait voyager énormément. J'étais presque tous les weekends en voyage et je pense que ces échappatoires vers l’étranger m'ont permis de trouver un équilibre personnel.

De par mes origines libanaises, mon idée initiale était de m'expatrier au Liban. Donc j’ai d'abord beaucoup voyagé au Liban pour un projet d'où m'avait parlé un ami, mais à cause de la révolution de 2019, ce n'était plus le moment de s’installer et d’y investir.
Les perspectives d’aller au Liban étant fermées, j’ai décidé de m’installer dans la maison de vacances familiale dans le sud de la France près de Saint-Tropez pour une meilleure qualité de vie qu'à Paris. J’ai trouvé un poste de Sales Manager dans le sud à l'hôtel Kube, un établissement 5 étoiles. Au bout de deux ans, j'en suis devenu le Deputy General Manager.

Le plus gros changement était de redevenir employé après avoir été 20 ans chef d’entreprise. C’est quelque chose que j'appréhendais beaucoup et qui finalement s’est plutôt bien passé. Cela dit, la région a une saisonnalité compliquée et j'avais toujours ces envies d'ailleurs.

Comment a commencé l'aventure à Dubaï ?

Suite à la déception libanaise, c'est un ami d'enfance libanais que j'ai revu à Saint-Tropez qui me dit qu'il faut que j’aille à Dubaï. Au début, ça ne me tentait pas du tout, car je pensais que c'était une sorte de Disneyland pour influenceurs.
En décembre 2022, je décide quand même d’aller voir à quoi ressemble Dubaï, et ces huit jours m’ont donné l’occasion de casser mes préjugés. Je suis rentré en France conquis, et de là, j’ai commencé à me renseigner et de construire le projet d'émigrer vers Dubaï. Je me suis dit qu'à presque 50 ans, c'était maintenant ou jamais que je pourrais radicalement changer de vie !
Au début, j’ai fait quelques interviews à distance, mais c'était compliqué, et donc j'ai finalement décidé de venir passer un mois ici, en envoyant mes CV en amont, et en précisant mes dates sur place.

La difficulté à laquelle j’ai fait fasse pour ce niveau de poste, c'est d’avoir déjà une première expérience sur le territoire ou au moins la région. L'Arabian Boutique Hotel était le plus joli projet et permettait de participer à l'ouverture. J'ai donc accepté d'en être le Directeur Général fin 2023.

Comment vous êtes-vous adapté à votre nouvel environnement ?

La chose à laquelle j’ai eu le plus de mal à m'habituer, c’est le multiculturalisme. C’est pour ça que dans toutes les offres d’emploi, une des compétences demandées est de savoir travailler dans un environnement multiculturel. Beaucoup viennent de différents pays ou ont des mentalités très différentes. Même si certaines choses vont plus vite, il y a parfois des lenteurs auxquelles il faut s'habituer. J'ai dû m'adapter, car la réactivité est quelque chose de très important, notamment vis-à-vis des clients. C'est une des clés du succès.
Il faut donc s’avoir s’adapter et comprendre la façon de travailler de chacun, le niveau de compréhension des exigences, les susceptibilités, les nuances de langages. Il y a la frontière de la langue et la frontière culturelle. Lorsque que tous les collaborateurs ne maîtrisent pas très bien l’anglais et il faut s’assurer que l'information passe correctement.

Vous évoquiez un manque de diplôme. Comment avez-vous pu développer votre parcours en quelques années ?

Effectivement. Aujourd’hui, un directeur général dans un grand groupe international a forcément fait une école hôtelière réputée et toute sa carrière dans l'hôtellerie.

C'est la raison pour laquelle, il était important pour moi d'être sur place pour montrer ma détermination et pouvoir faire les interviews, expliquer mon histoire et être compétitif malgré tout.
Heureusement pour moi, j'ai quelques contacts et donc une forme de réseau. Pour être honnête, beaucoup d'entretiens que j’ai eu ont été par recommandations. Ces intermédiaires ont permis à mon CV de passer certains filtres, comme celui d'une école. Compte tenu de mon parcours atypique et de mon âge, il m’a fallu un petit coup de main.

À Dubaï, 10% de la population est locale, 90 % sont des expatriés, donc il y a la chance pour des talents de partout. Certes, peut-être plus pour une population plus jeune, spécialement dans les ventes ou le marketing. Par contre, il y a une concurrence très forte. Les employeurs des hôtels ont beaucoup de candidatures.

Quels seraient vos conseils pour toute personne qui souhaite venir travailler à Dubaï ?

À l'époque, je pensais que ce n'était pas essentiel, mais aujourd’hui, je pense que des études sont nécessaires pour faire une carrière dans l'hôtellerie de luxe. Au-delà des compétences, c'est surtout le réseau que cela apporte qui va offrir de nombreuses opportunités.
Pour ceux qui souhaiteraient tenter l'aventure, avec une phase d'observation, il faut aussi débloquer un budget pour pouvoir passer un à trois mois physiquement sur place, quitte à aller déposer son CV directement dans les établissements.
Aujourd’hui, il y a des algorithmes pour analyser les CV et cela peut écarter une candidature e mettant l’humain de côté. C’est très regrettable, notamment dans un secteur dans lequel l'attitude est primordiale.

Qu'est-ce qui vus a séduit à Dubaï et vous motive aujourd'hui à y chercher un nouveau défi ?

L'avantage de Dubaï, ce sont tous les services disponibles qui rendent la vie plus commode. Avoir un plombier, c'est simple, de l'aide pour déménager, c'est facile, un chauffeur pour conduire sa voiture après une soirée arrosée, c'est possible ! On peut même se faire livrer de l'essence chez soi. Qu’il soit plus ou moins bon, il y a du service.
Aujourd’hui, en France, pour avoir une vie à peu près confortable, il faut gagner énormément d’argent. Mais même avec beaucoup d'argent, les infrastructures ne sont pas forcément adaptées.
Pour moi, Dubaï, jusqu'à maintenant, a été une aventure très positive. J’ai beaucoup d’amis qui ont d’ailleurs quitté le Liban pour venir ici, donc j’ai un réseau d’amis. J’ai d’ailleurs plus d’amis ici que j’en avais à Saint-Tropez. Il y a une douceur de vivre en Orient qu’on ne trouve pas partout.


About the author

Amoureuse des rencontres humaines, Sonia a d’abord développé une carrière dans les médias, avant de s'installer à Londres et de se réorienter dans l’envers du décor digital. Comme une vocation, elle a repris sa plume pour partager la passion et les ambitions de l’hôtellerie de luxe.

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